LA TRAQUE

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Berlin, dans le petit hôtel sympathique, en bordure de ville, 20h45.

Marie ferma la porte de la chambre, s'avança dans la piaule bien coquette avant de sortir ses trouvailles. Elle, elle en était très fière ! L'instructrice, un peu moins, quant à ce manque de responsabilités et de tact, dont avait fait preuve son agent. Deux téléphones dérobés et un vieil appareil photo de collection furent disposés avec une grande douceur, presque en exposition sur le lit central de la chambrée. Sandy fit la grimace. Elle tenait à entretenir de bon rapport avec Mike afin d'avancer au mieux dans la mission et, ce n'étaient guère des actions comme telles, presque coup de poings, qui leur permettraient de garder toute discrétion.

- J'ai fauté ? Interrogea alors Marie, sans grande remise en question.

- Je n'enverrai aucun colis à la base, sauf si un élément s'avère utile à l'avancée de notre enquête.

Elle sortit son cellulaire de sa poche et prit un cliché des possibles pièces à convictions avant de mettre de passer sur ses mains un gel surpuissant, qui agirait alors, telle une couverture invisible, une couche épaisse et neutre, sur sa peau. Ça permettait de garder son ADN secrète et surtout, de ne pas salir plus que de raisons, les pièces rapportées. Marie comprit ses multiples erreurs en regardant Sandy opérer, avec précision.

- Désolée, lâcha-t-elle stupéfaite. On ne m'a jamais enseigné de telles méthodes.

- Oh, pouffa l'instructrice d'un ton blasé. Au point où nous en sommes, tu sais...ce n'est rien.

Après quelques secondes, lorsque tout fut mis en place correctement dans la chambre et que la scène se rapprochait des films d'enquêtes diffusés aux heures de grandes écoutes sur les antennes diverses, Sandy opina du chef et fit s'approcher Marie.

- Viens. On va peut-être en savoir plus sur Max et ses projets.

Elle avait branché son Mac24, nouvelle version, sur les divers appareils et récoltait simultanément les données renfermées dans les trois engins. Sur le téléphone cible, c'est-à-dire, l'indice supposé le plus parlant, elles trouvèrent une liste de contacts qui s'enregistra automatiquement dans la base de données du Mac24. Melvin et le système informatique de la base française aurait la charge de l'analyse du fichier, au pôle scientifique, technique et informatique. Dans le second cellulaire, des mises à jour avaient été faites et elles ne purent remonter le fil de l'histoire, de la naissance du petit engin à son arrivée entre leurs mains. Marie tiqua, surprise et calmement, elle fit remarquer :

- On n'efface pas la mémoire d'un portable sans intérêt.

L'objet en question était simpliste, d'ailleurs. Pas de caméra, un audio complètement bloqué, une identité faussée. Tout portait à confusion et tout portait aussi à croire que le traquenard était bien caché, dissimulé dans ces quelques assemblages de pièces, soudées à la main : un objet curieux, d'époque, sans grande prestance ni esthétique, qui devait renfermer bien des secrets.

- Nous ne pourrons pourtant rien en tirer. Je doute que nos collègues fassent mieux.

- Intraçable mais pas bien fin d'esprit. L'acte est signé Max, je pense. C'est tout lui.

- Attendons de voir ce que l'appareil photo nous réserve, compéta Sandy.

Elle pensait Max trop peu qualifié pour finaliser un tel objet de communication, qui, s'il était inactif aujourd'hui, avait dû fonctionner à plein régime par le passé. C'était l'œuvre du mouvement de hippies novateurs, à son sens. Des jeunes, dans les études pour certains. Peut-être que Max s'en était servi, de toute cette intelligence...mais si oui, pour quelles finalités ? Ils n'étaient pas près de le découvrir. Sandy s'activa et saisit l'appareil photo dans ses mains, au creux de ses paumes.

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant