ADRENALINE

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Mathias et Jérémy gravirent quelques marches dans l'escalier tortillé et sous les vents froids matinaux puis ils s'installèrent contre une rambarde en métal, protégés du vis-à-vis par un drap suspendu au vent qui pendait depuis une fenêtre, jusqu'au-dessus d'eux. Jérémy fila un coup de coude à Mathias.

- Il y a six caméras sur ce bâtiment et aucune ne semble donner sur l'immeuble d'en face.

- Si ça se trouve, c'est voulu. C'est peut-être un repère de came.

- Ou alors, j'ai mal regardé. Attends. Nouveau check-up...

Mathias lui arracha les jumelles des mains et inspecta les lieux à son tour. Le jour ne s'était pas encore levé, ce qui rendait la tâche d'observation bien plus difficile mais, à vue d'œil, il arrivait au même chiffre que son collègue. Il trancha :

- On va tenter l'expérience. De toute façon, on ne pourrait pas faire ça en plein jour. Si l'on descend par l'escalier, que l'on traverse directement en face et que l'on retraverse ensuite, dix mètres plus loin, on échappe à la première caméra. Il nous faudra ensuite progresser sur le trottoir en face de l'immeuble pour traverser une nouvelle fois, revenir sur nos pas afin d'enfin entrer dans le bâtiment et ce, par derrière. Quelle galère...

- Les caméras sont thermiques. Même l'ombre d'un petit doigt serait fatale, n'est-ce pas ?

- Tout à fait, renseigna Lucas, un peu effrayé à cette simple idée.

- Et...Est-ce que tu sais ce que l'on va trouver derrière le bâtiment ? S'intrigua Jérémy.

- D'après la carte, une cour intérieure. Pour en avoir le cœur net, il faut s'y rendre...Allez ! Go !

Les deux garçons s'engagèrent vite et suivirent leur itinéraire à la lettre avant d'arriver à un petit chemin pavé, étroit et humide. Mathias conserva le silence, leva la tête et désigna le muret à franchir. La cour intérieure était derrière et d'après leurs calculs, ils étaient hors d'atteinte. Mathias franchit le muret et Jérémy le suivi dans cette action. De l'autre côté, ils se retrouvèrent face à face. C'était un petit d'hiver, enneigé et fort sympathique. Mathias tiqua :

- C'est pour ça que je haïs l'hiver !

Il désignait leurs empreintes de pas dans la neige.

- Avec un peu de chance, ça retombera rapidement, soupira Jérémy en fixant le ciel.

Jérémy se saisit d'une pierre et frappa l'une des branches d'arbres de toutes ses forces. Un énorme tas de neige vint s'effondrer au sol et recouvrir leurs premières traces. Ça n'allait pas les aider beaucoup mais c'était sans doute plus rassurant pour Mathias : on ne pouvait plus remonter au muret en suivant leurs traces.

- C'est mieux que de ne rien faire, concéda-t-il.

Les deux garçons progressèrent doucement entre les quelques arbres touffus, presque centenaires, qui dominaient le jardin. Là aussi, il devait y avoir des caméras. Mathias longeait les côtés du jardin et se cachait d'arbre en arbre. Jérémy, bien moins prudent, avait déjà atteint la porte principale de l'entrée secondaire. Sur les trois marches d'escalier, ils se fixèrent avant d'abaisser ensemble la poignée de la porte. Par chance, elle n'était pas verrouillée.

- Voilà qui est fait, sourit Mathias, amusé.

- L'adrénaline, l'adrénaline, murmura Jérémy. C'est ça, qui est fait. Je ne sens plus mes jambes !

Mathias sourit et sans perdre une seule seconde, les deux collègues empruntèrent les escaliers intérieurs. Mathias était pressé et d'ailleurs, c'est au deuxième étage que Jérémy le bloqua net dans son élan, de justesse, contre un mur. Au fond du couloir, une porte donnait sur la fameuse coursive. La coursive qu'ils convoitaient depuis maintenant quelques heures, déjà. Juste devant celle-ci, une lumière verte clignotait.

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant