FRAICHEUR RUSSE

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Il était trois heures et demie du matin lorsqu'Alec toqua trois coups à la porte de notre chambre pour nous ordonner discrètement de nous lever. Marin fût le premier à réagir, après Lucas, qui se leva d'un bon, persuadé qu'un événement grave se produisait. Quant à moi, je n'étais pas véritablement inquiète. Je commençai à connaître Alec par cœur et j'attendais sa fameuse phrase qui dirait alors « Entraînement de dernière minute, tout le monde se lève, sauf Adams qui est blessée ». Je souriais discrètement dans ma couette et jubilai déjà à cette simple pensée : Marin et Lucas en train de suer sang et os pendant que je me rendormais paisiblement, aux bras de morphée, pour le restant de la nuit.

J'entendis des chuchotements. Une main se posa sur mon dos et on me souffla aux oreilles :

- Entraînement de dernière minute, personne n'est exempté. Lève-toi en silence.

J'ouvris les yeux. Marin et Lucas s'étaient déjà habillés en conséquence et donc, c'était mon frère qui calmement, avait posé sa main large et chaude sur mon dos. A ma grande surprise, ma foi, ça ne me déplaisait pas. C'était même presque agréable. Je grognai quelques peu, me retournait directement contre lui et posai ma tête sur ses genoux, en fixant ma chambre, hagarde. Mes paupières étaient lourdes et je baillai brusquement avant d'articuler enfin :

- Alec, c'est trois heures du matin, il a dit, Lucas.

- Il n'a rien dit du tout, Lucas. Il s'est levé. Fais de même.

Mon frère se leva et ma tête retomba brusquement sur la couchette. Je le vis sortir de la pièce et refermer la porte derrière lui. Ce n'était véritablement pas marrant et je me demandai ce qu'il avait encore bien pu imaginer comme instant de torture. Je me préparai, endormie et silencieuse. Mon attèle avait tendance à se défaire et je resserrai le tout d'un geste las. Il faudrait que je songe à me procurer un attirail plus solide, afin de n'avoir pas l'air de Robin des Bois. J'enfilai difficilement mes habits et avalai le cachet de morphine qu'Alec avait déposé sur mon lit. C'était la moitié d'une dose normale, vraisemblablement. Je me hâtai donc dans les couloirs en boitillant. Mine de rien, je commençai à m'habituer à la douleur. C'était une fracture, certes. Mais tant que l'os ne bougeait pas et Marin avait veillé à cela dès le début, ça pouvait aller. Le pire, c'était quand l'une des tiges en bois s'échappait ou glissait discrètement sur les côtés et que je ne m'en apercevais guère, avant le pas suivant. Là, c'était clairement l'enfer. Je m'activai tant bien que mal et j'eus tôt fait de rejoindre les garçons aux côtés d'Alec, dans la salle de debriefing. L'instructeur avait allumé une lampe torche. Il nous pria de rester discret.

- Marin, tu aideras Tal à avancer jusqu'au gymnase en toute discrétion.

En attendant, il préparait le café. Le FBS avait vraisemblablement fourni quelques produits de luxe, dont celui-là. Je m'assis et baillai encore une énième fois. Lucas s'approcha, s'empara d'une tasse vide, trouvé dans l'un des rangements et la fit glisser sur la table, entre les mains d'Alec, dans le plus grand des silences.

- On n'a pas de gymnase, notai-je soudain.

J'étais un peu longue à la détente, le matin.

- Qui d'autres ? Fit l'instructeur, avec sa vieille cafetière en main.

Personne ne se manifesta.

- Entraînement de deux heures. Vous avez le temps d'émerger. Un café en aiderait certain.

Il insista sur la fin de sa phrase et me lança un regard compatissant. Je pris la tasse de café qu'il me tendait et portai le breuvage bouillant à mes lèvres. C'était fort, presque âpre et décidément, je n'aimais pas ce goût en bouche. Je levai les yeux sur lui et demandai :

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant