UNE ENFANT ETRANGE

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Berlin Est, deux jours plus tard.

Sandy avait fait parvenir les données à la base Incognito Française, en demandant à Melvin, au préalable, de sécuriser au maximum tous les réseaux. Si cette précaution pouvait être épiée, le contenu de la réunion, lui resterait en tout point secret. C'était le meilleur des compromis.

Deux jours plus tard, la piste des squatteurs avait donné lieu à une enquête un peu plus approfondie. Marie avait pu retourner au camp et faire parler une jeune enfant, alors tout juste rentrée de l'école. La petite fille qui ne parlait pas leur langue avait reconnu les clichés et c'est dans un coin, qu'elle avait dessiné sur le sol et à l'aide d'un bâton, un couple uni et se tenant la main. Une grande femme aux cheveux bouclés avec un homme plus petit et musclé. L'enfant avait ensuite tracé quelques caractères dans sa langue natale et encadré les inscriptions dans un très large rectangle. Probablement le nom d'une place, avait pensé Marie en prenant l'ensemble des représentations en photo. Il s'avéra qu'elle avait vu juste car, quelques jours plus tard seulement, la petite team se trouvait en lieu et place, de cet endroit, dans une ville perdue de Pologne, tout près d'un centre de recherche biomédicale relativement connu dans le pays. Marie marchait à vive allure, en solo dans la ville et ne pouvait s'empêcher de penser qu'un expert en traîtrise tel que Max, n'avait pu manquer de prudence à ce point-là. Elle se frotta le crâne et replaça son bonnet en laine sur ses longs cheveux bruns. Deux photos de lui et un casse ? C'était improbables. Presque trop beau pour être vrai ! Avait-il voulu attirer l'attention ? Dans ce cas, le piège était tout proche et peut-être même déjà, en train de se refermer sur eux. Fidèle à elle-même, Marie se contenta d'élaborer en silence ses futures plans d'actions. Ailleurs dans la petite ville, Sydney fouillait les vieux quartiers. Quant à l'instructrice, elle s'occupait des centres commerciaux à sa manière. En bonne espionne, elle avait emporté avec elle, une vingtaine de micro-caméra, capable de filmer en géothermique. Ils s'étaient tout de même relativement bien équipés et le tiers des moyens réservés à l'ensemble des missions de terrain, leur avait été réservé. Marie se demandait encore pourquoi un tel budget. D'après elle, un membre en fuite du mouvement de hackers Noirs, Webpowers, était aussi dangereux qu'un probable coup d'état mené sur le sol russe, par ce même groupe. L'agent ne se posa pas davantage de questions et se contenta de suivre les ordres. Elle avait pour objectif aujourd'hui, de visiter et d'analyser en détails, tous les clubs et lieux d'entraînement sportif. L'enfant qu'ils avait rencontré quelques jours plus tôt avait également dessiné une sorte de tigre sur le sol et insisté lourdement sur la musculature du suspect numéro 1, Max. Evidemment, pour le tigre, ce n'était que quelques courbes dans une terre ramollie par la pluie et les tracés aussi, d'un jeune prodige, peut-être ? Elle avait été plutôt douée. Mais les informations d'une enfant de son âge ne pouvaient pas toujours être prises en compte. L'équipe avait fait le choix de s'engager tête basse dans cette unique piste et espérait sincèrement ne pas le regretter. Marie envoya un court message à sa responsable : « Alyzée n'a pas été interrogée. Peut-être que la base française devrait faire cet effort. » C'était une idée, comme cela, qui lui venait. Une idée de génie sûrement et qui venait de traverser son esprit. Alyzée avait très bien connu Max, son entraîneur personnel au sein de la base Incognito allemande, avant que la jeune fille soit transférée en France, par arrangements. Pourtant, Sandy n'avait pas de temps à perdre avec un tel message. Elle se contenta de transféra la suggestion à la base Française, directement sur le réseau de Melvin et releva rapidement la tête sur l'horizon. Là, elle venait de repérer un homme dans un supermarché, magasin tout proche d'un complexe hôtelier de renom. Sandy tourna la tête, releva le nom de l'hôtel et effectua quelques recherches internet rapides. De renom d'ailleurs et surtout, pour les étrangers ! C'était ce qu'elle venait de trouver. Ici, en Pologne, les habitants n'auraient pu se payer le luxe d'une seule nuit dans les locaux du somptueux hôtel. Dans le rayon destiné aux sauces en tout genre, Sandy tourna la tête et se pencha à travers l'étagère. Au loin, elle surveillait l'individu. Il était à quelques allées d'elle, seulement et, elle en était presque certaine, il s'agissait bien de Max. La stature, le look, tout y était. Ou presque. Il ne manquait plus que les contours nets de son visage mais l'homme en caisse déjà, ne tourna pas la tête une seule fois. Sandy posa deux petites caméras de vidéos surveillance dans les allées les plus fréquentées et sortit rapidement par la voie « sans achats ». Dehors, le froid l'a fit frissonner et sans tarder, elle sortit son cellulaire de sa poche pour contacter directement Alec. « Ici Sandy pour Alec. Max en vue, Pologne, repères GPS donnés dans l'appel. Prends en filature. Attends instructions. Terminé. » L'instructrice fourra ses deux mains dans ses poches et posa sa capuche sur sa tête, tout en feignant lire un vieux prospectus trouvé sur un banc, aux alentours. Au loin, elle voyait que Max se dirigeait vers l'entrée du grand hôtel. Elle était déjà à cinquante mètres. Elle ne pouvait risquer de s'approcher davantage. Elle enclencha de nouveau son cellulaire et parla, sans quitter le suspect des yeux. « Ici Sandy. Marie et Sydney, veuillez me rejoindre au plus vite. Coordonnées GPS via satellites, envoyées à l'instant sur vos cellulaires. Terminé. » La base française ne tarda pas à se manifester également. « La base pour Sandy, Alec est actuellement indisposé. Mettez tout en œuvre pour neutraliser Max. Ce sont les ordres. » L'instructrice hocha la tête, un peu vexée. Elle n'aimait pas tuer. Ce n'était pas sa passion première, contrairement à d'autres. Mais les ordres étaient sans équivoques et il ne s'agissait pas là d'une mission de négociation mais d'exécution, publique ou non, d'ailleurs. Il valait mieux rester discret, tout de même. Elle gloussa nerveusement en repensant à la base : tous leurs appels étaient sur écoute et ce, depuis le début des interventions, des missions, voir même, du système Incognito. Ça l'agaçait un peu. Sandy sorti ses petites jumelles, en s'éloignant de quelques pas du magasin. Max, après avoir fumé sa longue clope, entra enfin dans le hall de l'hôtel et consulta sa montre en or, figé à son poignet.

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant