DERNIERE DETENTE

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La nuit tombait lentement sur le bunker. Après notre repas en tablées, tous réunis dans le petit réfectoire séparé en cloisons diverses, j'avais décidé de regagner mes quartiers, sans pour autant aider au rangement. La vaisselle ne manquait pas et elle avait notamment été sortie de notre fameux « musé d'après-guerre » puis lavée massivement par Lucas ainsi qu'un jeune associé. Marin quant à lui était parti se coucher tôt et moi, j'étais restée plantée quelques instants dans le long couloir sombre qui reliait les dortoirs aux parties communes. Pensive, je fixai les murs vides, froids, et secs d'apparence. Aucune décoration. Evidemment, l'esthétique n'était pas de mise ! Et cela me contrariait grandement. A pas de loups, pour ne pas réveiller mon coéquipier, j'entrais dans la chambre, verre d'eau à la main. Je l'avais conservé depuis le réfectoire car ma gorge manquait d'air frais et était cruellement asséchée. La chambre était vide, Marin n'était pas là et je ne m'attardai pas sur le sujet. J'avais aussi, avant le repas, chiner quelques affaires à droite et à gauche : un vieux pinceau trouvé en vrac dans un coin, à côté d'un pot de peinture blanche intact, mais largement périmé. Je sortis de ma poche quelques craies. Alec m'avait indiqué quelques heures plus tôt qu'il avait trouvé quelques bâtons pour d'éventuels et temporaires marquages au sol et que ces dernières craies, trop humides parce que trop vieilles, n'étaient plus assez compactes pour pouvoir servir. Je les avais donc prises. Je m'assis sur mon lit et pensai : j'avais dans l'idée de me confectionner quelques peintures. J'avais récolté un peu de tout, au final. Dans la cuisine, des épices périmées, des craies colorées en décomposition, des restes de bougies. J'arriverai sûrement à confectionner quelques objets d'art, encore manquait-t-il le support. Je me frottai le crâne. Une planche en bois aurait pu faire l'affaire. Un tabouret aussi, m'aurait aidé, pour barbouiller directement les couloirs de mes courbes colorées. Le pot de peinture blanche à mes pieds, je fixais mes mains, puis le pinceau, puis les potentiels pigments. Je me baissai pour l'ouvrir et m'aperçus alors qu'un colis m'attendait au pied du lit, légèrement dissimulé par l'ombre du cadre en métal. Intriguée et à genou, je scrutai d'abord la poussière monstrueuse qui en gros moutons gris, s'était logée sous le mobilier. J'éternuai à deux reprises.

- Aïe. Le ménage, ici...dis-je soudain en m'emparant du colis.

Un carton portant les logos Incognitos et FBS était maintenant entre mes doigts. Il y en avait deux de plus sous les deux lits voisins. Chacun d'entre nous avait eu droit à son petit cadeau. J'esquissai un sourire timide et léger à la vue du paquet et sentis mon cœur vibrer d'impatience. J'avais envie de rire car étrangement, ma fibre artistique ne pouvait pas attendre ! Pour vue qu'il s'agisse de matériaux d'art ! Je défie le carton avec un peu d'acharnement. C'était un paquet assez haut, relativement large et bien fermé sur les côtés. Le colis révéla ses mystères et j'ouvris de grands yeux pleins d'extase à la vue de toutes ces jolies choses entassées en vrac. Des pastels sèches, que je pourrais associer à mes craies. De la peinture acrylique, à raison de cinq tubes, dont les couleurs primaires et du blanc cassé magnifique. Un carnet à dessin, aux feuilles épaisses. Et pour couronner le tout, une toute petite trousse contenant trois crayons à papiers de différentes épaisseurs, avec un taille crayon et une gomme. Aux Anges, j'essuyai pudiquement la petite larme qui perlait sur ma joue droite. Un mot, dans une enveloppe, était glissé à l'intérieur. « La commande a été passée par Alec, emballée avec soin par votre Commandant de base et distribuée par le FBS dans leur tout premier trajet. Bon courage, Adams. » Le papier était signé de la main du Capitaine et de celle du Commandant en personne et je ne pus m'empêcher de sourire, une nouvelle fois. Soudain, on toqua à la porte. Je m'attendais à voir Marin et esquissai alors charmeuse, mon plus beau sourire. Déçue, je vis alors la stature imposante d'Alec, postée dans l'entrebâillement de la porte.

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant