PRESENT MALGRE TOUT

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En France, à 19h30, à l'hôtel du bord de mer, sur la terrasse.

Loana contemplait son frère en silence et pour la première fois depuis bien longtemps, elle osait le trouver beau. Plus beau que d'ordinaire, plus gentil qu'auparavant, plus disponible que jamais. Elle n'en croyait pas ses yeux comme elle n'en avait pas cru ses oreilles lorsqu'il lui avait annoncé qu'ils partaient enfin libres, de la base Incognito. C'était d'une grande satisfaction pour elle et d'un intense soulagement. Melvin esquissa un large sourire et prit sa petite main dans la sienne pour lui indiquer qu'elle pouvait manger le repas qu'elle avait sous son nez. La petite blonde sourit et se régala de sa salade aux œufs et frissonna en raison du vent sec qui s'était levé. Elle tourna la tête vers l'horizon et vit la mer, toute proche, soulevée par des rafales de vents, soudaines. Loana se leva d'un bond, espiègle comme jamais et quitta son siège en entraînant Melvin avec elle.

- Viens voir les vagues ! Je veux me baigner ! Je veux jouer avec toi !

Son frère l'a suivi en courant alors, amusé.

- D'accord. Mais prends garde... je vais te jeter à l'eau !

- C'est ce qu'on va voit ! Parce que c'est toi, qui dois tomber malade ! Ricana Loana.

Melvin lui courut après pendant dix bonnes minutes avant de poser ses mains sur ses rotules, essoufflé. Elle courait vite, mine de rien ! Songea-t-il en finissant par l'attraper de surprise dans ses deux larges bras. Immobilisée et guère coopérative, Loana reprit son souffle et administra un coup de pied par derrière dans le tibia gauche de son frère aîné. Elle s'échappa alors de nouveau, en courant librement sur la plage. Melvin s'était assis dans le sable et attendait calmement. Lorsqu'elle revint vers lui, une bonne demi-heure plus tard, ses joues étaient roses, sa respiration rapide et son regard tout aussi espiègle qu'auparavant. Chipie, elle ouvrit doucement ses deux mains et lui fit entrevoir une belle petite boule de sable humide, formée entre ses doigts.

- Non ! cria -t-il. Sorcière !

Il eut juste assez de temps pour se baisser et esquiver la frappe, tant bien même le vent avait déporté quelques grains humides de sables dans ses cheveux et au coin de ses yeux. Loana ricana de nouveau et tomba dans les bras de son frère. Calmement, il l'a pris contre lui et demanda :

- Est-ce que tu as l'intention de finir ta salade verte, Loana ?

- Non. Parce que je suis une tornade ! Souffla la petite en levant ses deux bras vers le ciel. Je fais tout ce que je veux et tu dois me suivre, parce que c'est moi qui décide de tout !

- C'est nouveau, ça, marmonna le rouquin, en levant les yeux au ciel.

Loana éclata de rire et pris la main de Melvin pour remonter sur la terrasse et finir docilement son repas. Le rouquin tourna la tête, scruta les environs et le ciel bleu, dégagé, où quelques rares oiseaux parfois, volaient bien bas. Il sortit son téléphone de sa poche et le mis hors ligne. Ils avaient pris un taxi pour fuir, après avoir marché une bonne heure. Loana devait être fatiguée et il veillerait à ce qu'elle se couche suffisamment tôt. Lui, il avait encore quelques paperasses à régler afin que cette transition se passe dans les meilleures conditions. Puis, il devait aussi contacter Tal et il était même primordial qu'il y parvienne. Les deux cousines, très liées, devaient se parler, avoir même, un contact visuel. Loana se sentirait alors rassurée et sans doute calmée, au plus profond d'elle-même. Car depuis la mort de leur père et l'assassinat de leur mère, la petite avait besoin d'être entourée, soutenue et portée par de grandes personnes. C'était humain et certes compréhensible. Mais Melvin savait que cela, ne pourrait durer qu'un temps. Qu'un jour, sa petite sœur grandirait et ferait alors face au monde entier. Ce monde qu'elle ne connaissait peut-être pas encore bien, capable des pires cruautés. Melvin redoutait ce moment. Il cessa d'y penser, bu un grand verre d'eau et ordonna à sa sœur d'en faire autant, après quoi, ils montèrent se coucher à l'étage, dans leur petite chambre d'hôtel.

- Est-ce qu'on est en cavale comme les héros des bandes dessinées ? Somma-t-elle soudain.

- Mets-toi en pyjama et viens voir la mer, après. C'est un très beau couché de soleil.

La petite accourue immédiatement et se colla contre lui.

- C'est magnifique mais tu ne m'as pas répondu... Melvin.

- Et toi, tu ne m'as pas obéis, non plus. Pas vrai ? C'est ça ton pyjama ?

La blondinette râla un instant, ouvrit sa valise et trouva son pyjama plié entre ses chaussettes et ses sous-vêtements de petite jeune fille. Elle soupira gênée, haussa les épaules et se tourna vers son frère, inquiète :

- Tu sais que je suis capable de faire ma valise toute seule, maintenant ! Ce sont mes affaires. En plus, tu as mis mon pyjama préféré au milieu de mes chaussettes. C'est complètement désorganisé ton affaire !

Melvin esquissa un sourire, tandis que le soleil éclairait son visage puis il remarqua simplement :

- Au moins, c'est propre et rangé.

- Ce n'est pas rangé, ça ! Rectifia sa sœur, dépitée. Je ne comprends rien à ton organisation.

- Refais ta valise et ne perds pas de temps, sinon tu vas rater le spectacle...

Loana se dépêcha. Elle enfila son pyjama en demandant expressément à son frère de se tourner et, lorsqu'elle fut prête, elle vint admirer le soleil descendre doucement sur l'étendue calme et bleue de flotte, à l'horizon. Ce moment-là, Melvin ne l'aurait échangé pour rien au monde. Il porta Loana et l'embrassa sur la joue avant de jouer calmement avec ses cheveux. Il pensait quelque part qu'il avait été bête d'attendre. Ne pas avoir réagi avant, avoir placer ses priorités aux mauvais endroits... tout cela pour aider un mouvement de résistance ! C'était louable venant de sa part, certes. Mais peut-être qu'en tant que frère désormais, il avait bien mieux à faire. Il colla sa joue à celle de sa sœur et se jura de consacrer les dix prochaines années à l'éducation de Loana. Il se chargerait, oui. De leur assurer un avenir stable. Melvin se sentait maintenant d'attaque pour une telle mission et ne regrettait finalement rien de ce passé, aussi tragique fût-t-il. Car là, en fixant la nature et la simplicité de la vie, ils étaient tous les deux ensembles, réunis et forts.

- Nous sommes les héros de tes bandes dessinés, souffla-t-il à sa sœur. Tu as raison.

Il croisa le regard océan de sa petite et tomba sous le charme, une nouvelle fois.

- Jamais, Loana. Jamais... je ne laisserai quelqu'un te faire du mal. Tu m'entends ?

La blondinette ne releva pas, les yeux perdus sur l'immensité que lui offrait à voir le paysage. Elle pencha la tête et la déposa sur le torse de Melvin et bailla longuement, en fermant les yeux. Melvin se dirigea en silence vers le lit double et alla l'a couché. Elle n'avait ni brosser ses dents, ni même pris sa douche. Il hésita à la réveiller. Il se frotta le crâne. Non, elle dormait paisiblement et comme un bébé. Il ne dit plus un mot et s'installa à son tour sur le côté gauche du lit double. Puis, en silence, il observa la situation. Cela faisait près de cinq ans qu'ils n'avaient pas dormi dans le même lit. Il se tourna doucement, lui, encore tout vêtu de ses habits de ville et passa son bras autour de Loana. Il chantonna quelques airs anciens, des musiques que leur mère avait connu par cœur, avant les drames multiples. Puis, lorsque Loana dormait paisiblement et qu'il s'était fait à cette nouvelle image, il se releva et fouilla dans ses affaires. Il en sorti un livre qu'il avait dérobé à l'infirmerie. Un ouvrage intéressant sur le comment s'occuper d'un enfant lorsque l'on est parent. Et Melvin se trouvait malheureusement, dans cette posture délicate. Il ferma ses yeux après une bonne lecture, sa main déposée sur le dos de sa sœur. Les heures de sommeil lui avaient beaucoup manqué et il comptait bien se rattraper. 

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant