POUVOIR ET PARTAGE ?

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Cela faisait une journée pleine que nous arpentions le bunker, Alec et moi, dans l'idée de rendre le site le plus accueillant possible pour la « nouvelle résistance ». L'instructeur l'avait baptisée comme telle et je trouvai cela relativement approprié, même si, comme il me l'avait longuement expliqué, tous types d'âges et de postes étaient attendus. Alec s'arrêta net devant un mur blanc. C'était la salle de repas, articulé en plusieurs salons séparés par des cloisons épaisses.

- Du métal recouvert de ciment, peint en blanc ! dis-je en passant mes mains sur le mur.

- J'imagine. Comme c'est un équipement militaire conçu par le FBS de l'époque, toute la sécurité doit être là. En théorie, ce site est capable de résister à un bombardement. Pourtant, il n'est pas beaucoup enfoui.

Alec esquissa un sourire en allumant la lumière de la pièce voisine. C'était une large salle, entièrement vide, avec des carreaux blancs apposés au sol et un unique tableau accroché au mur, celui d'une forêt vierge, anciennement peinte par un dénommé Kochlav, un homme qui devait avoir fait don de ses œuvres à la résistance de 1940.

- Il faudrait que quelqu'un comme toi prenne les pinceaux et refasse le design !

Cette remarque me fit instantanément rire.

- Demande à nos futures ôtes d'amener le nécessaire et je te promets de gérer l'affaire.

- Un plan particulier ? Questionna Alec en se frottant les mains. Ça, je n'en doute pas.

J'hochai la tête et désignai la salle d'un geste large. Des idées, j'en avais pleins et ce n'était pas ce qui me manquait lorsqu'il s'agissait de concevoir, de créer, de modeler un projet. C'était, dans ma tête, une jungle colorée d'idéologies et de concepts à développer, si bien que tantôt, parfois, j'arrivai bien à me perdre. J'haussai les épaules, me rapprochai de mon frère et posai ma tête contre son torse, tout en réfléchissant. Alec sourit et m'entoura de ses larges bras.

- Ça bouillonne là-dedans ? Fit-il en déposant ses mains sur ma tête.

C'étaient effectivement les bons termes et je soupirai amusée. Il commençait à bien me connaître, maintenant. Je passai mes bras autour de lui et me blotti un instant là, sans daigner bouger une seule seconde. Il était chaud, rassurant, apaisant même et à dire vrai, ça me faisait le plus grand bien. L'instructeur proposa alors :

- Je boirai bien une boisson chaude. J'ai emporté du thé depuis la France. Si vous n'avez pas dévalisés toutes mes affaires, logiquement, il devrait en rester un peu. Ça nous permettrait de préparer l'arrivée de tous ces gens, au calme.

J'hochai platement la tête et suivis mon frère dans la salle principale du bunker, la plus proche de l'entrée verrouillée. Pour être honnête, je n'étais pas une grande adepte de thé, mise à part le véritable thé anglais et, je tordis un peu du nez à la vue de ses sachets en papiers alimentaires, à plonger dans une flotte bouillante. Alec ouvrit l'un des placards et trouva même du sucre. Je fis la grimace.

- Je vais m'en passer, merci.

- Alors, ces idées innovantes...j'attends ? Qu'est-ce que tu préconises de neuf, dis-moi.

- Il me faut de quoi écrire et je pense que ton carnet de note ainsi qu'un stylo feront très bien l'affaire, dis-je calmement. Si l'on accueille cette « nouvelle résistance », pour reprendre tes mots, il va falloir changer certaines règles et certains codes, quitte à durcir un peu le système. Nous sommes en temps de guerre ou presque.

Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant