Rebelles - Les INCOGNITOS - HORS SERIE -Tome 2

KAZAN

Quentin, Camille, Mathias et Jérémy étaient arrivés à bon port depuis dix minutes et se plaisaient à contempler la vue sur l'extérieur, depuis leur petite chambre commune, du minuscule hôtel où ils allaient loger les trois prochains jours. Camille, déposa son sac dans l'entrée et l'adossa à la porte.

- Ce n'est pas ton sac qui dissuadera quelqu'un de rentrer, lui fit savoir Quentin.

La brune esquissa un sourire et, passant une main dans ses cheveux, désigna la salle de bain.

- J'ai à faire, sauf si tu m'en empêches, bien entendu.

Quentin opina du chef, forcé de constater que Camille avait déjà forgée son caractère depuis bien longtemps et qu'à l'avenir, leur relation risquerait d'être tendues, voir explosives. Quentin replaça son costume noire et sombre sur ses épaules et fixa ses deux autres agents : deux jeunes garçons fort sympathiques mais aux allures de débutants, au teint juvénile et à l'haleine fétide, ou presque. Il pouvait le deviner de là. Propre sur lui, le jeune homme ne permettait pas ce genre de laisser aller et s'empressa de faire remarquer :

- La dernière fois que vous vous êtes brossé les dents tous les deux ? Au juste, c'était quand ?

Jérémy, un petit brun à lunette fit la grimace et tiqua ensuite, sans grands tact :

- Tu sais, on ne se brosse pas les dents, tous les deux, avoua-t-il en insistant. On n'est pas...

- Ah, oh, hé. Ce n'est pas ce que je sous-tendais.

- Bien nous, si, reprit Mathias. Jérémy a raison.

Forcé de constater que son pic n'avait pas trouvé victime, Quentin se lassa bien vite et s'installer en tailleur sur le petit lit de la chambre, celui qui devrait accueillir quatre dormeurs pour la nuit. Il grimaça. Ça risquerait d'être compliqué. Au dehors, le vent s'était levé et la pluie ne cessait de tomber depuis près de trois heures, si bien qu'ils avaient tous été trempés, dans ce long trajet qu'ils avaient, du bus, jusqu'à l'hôtel, à pied. Mathias vint s'asseoir rapidement aux côtés de Quentin et sortit un paquet de cigarette de sa poche. L'instructeur s'en empara d'un geste froid.

- Vous êtes sous mes ordres, je vous le rappelle. Juste comme ça. Si tu veux fumer, tu attends.

- J'attends quoi, sourit le petit jeune.

- Que je te rende ton paquet, trancha Quentin en posant les cigarettes sur la table de chevet. Au fait, dis-moi toi. Nous n'avons pas eu le temps de parler. Tu as quel âge ? Alec a fait les équipes, donné les ordres et les directives mais je n'ai pas beaucoup d'informations, sur vous. A l'exception de Camille.

Le concerné étendit ses jambes sur le lit et mordilla ses doigts dans un stress palpable.

- Voyez-vous ça. L'instructeur qui ne sait rien de ses agents et qui en plus, est en froid avec son responsable hiérarchique. Jérémy, je sens que tout va bien se passer, ici. Vraiment. Ça va être d'enfer !

Le jeune homme, tordu de rire, hocha la tête en s'approchant du mobilier, dans l'idée de récupérer le paquet de cigarette. Quentin, dépassé et sans grande autorité aussi, se leva dans un soupir profond de lassitude et s'approcha de la fenêtre.

- Faites ce que vous voulez, lâcha-t-il en matant l'horizon. Je ne suis pas là pour vous bottez les fesses. Mais prenez garde, je ne serais pas non plus là pour vous les sauver. Alors clairement, réfléchissez un peu à vos actions, si vous ne voulez pas que tout cela se termine effectivement de façon désastreuse.