Point de vue Eliana
Les néons me font tourner la tête, comme à chaque fois que je viens ici. La boîte me paraît encore plus bondée que d'habitude, ce qui me complique la vie pour la traverser et rejoindre une table.
Du coin de l'œil, je vois Cassie sur les cuisses de Phil, mais les ignore pour continuer à avancer. Louisa me fait un signe quand elle me croise, mais ne perd pas de temps pour repartir servir les clients.
Je continue à avancer en jouant des coudes alors qu'une bonne partie des personnes autour de moi me collent et dansent en me poussant à chaque pas. Tendue à l'extrême, j'arrive enfin à m'extirper de la foule en grognant. C'est à ce moment-là qu'Alex me voit et me fait de grand signe pour me dire de le rejoindre.
La tension dans mon corps s'échappe par vague alors que je me dirige vers sa table. Je finis par me laisser tomber dans une chaise en soupirant sous son petit rire.
— Il y a trop de gens, c'est horrible. Pourquoi il y a tant de monde ?
— Quand c'est ouvert au civil, ça devient une horreur d'être ici, approuve Cléa.
— Je suis une civile, fis-je remarquer.
— Toi, c'est différent, t'es ma famille.
Même si c'est une simple constatation, la remarque d'Alex m'attendrit et je lui envoie un sourire timide.
— Vous voulez pas aller dans la salle de derrière ? demande Yann.
— On finit la bouteille et on va y aller, c'est à peine si on s'entend parler ici.
La bouteille de whisky est déjà bien entamée, ce qui me fait comprendre qu'ils sont déjà un peu tous bourrés. Yann regarde autour de lui à la recherche de sa nouvelle proie, tandis que je vois les autres se hurler dessus pour se faire entendre. Comme tous les vendredis, la boîte est ouverte à tous et c'est bien pour ça que je viens le plus souvent le samedi.
— Ça me fait plaisir que tu sois venue.
Alex pose sa main sur mon genou pour le presser doucement et m'envoie un doux sourire que je lui renvoie. Je finis par hausser les épaules.
— Ça fait deux semaines que je ne suis pas venue, j'imagine qu'il était temps de replonger dans les bas-fonds.
Il éclate de rire et me donne une pichenette sur la tempe qui me fait crier.
— Tu nous prends pour quoi ?
Je souris malgré tout et finis par faire la moue en haussant innocemment les épaules.
— Cette boîte s'appelle la « Géhenne », pour moi, ça me paraît plutôt bien illustrer la chose.
Il roule des yeux avec un petit rictus. D'après Trevis Black, qui a racheté cette boîte et l'a renommé, il voulait représenter l'endroit de tous les péchés. Là où la débauche n'a pas de limite. Et c'est ainsi que la Géhenne est née, représentant dans les religions un lac de feu qui est un symbole de destruction éternelle. Ça lui semblait amusant.
Pour les membres du club, c'est drôle. Dans un État aussi religieux que le Texas, les Black ont l'air d'aimer briser les codes en instaurant leur propre façon de voir les choses. Je n'y ai jamais réellement fait attention, mais je suppose que tout est prévu pour faire parler d'eux.
— Il n'est pas question de bas-fonds avec la Géhenne, Madame. Mais si tu veux nous critiquer, vas-y, ne te prive pas.
— Ce n'est pas mon genre, souris-je.
— Ouais, c'est ça.
Il m'envoie un clin d'œil amusé et finit par me sourire alors que je vois Yann quitter la table. Quand je tourne la tête, il parle avec une fille et en moins de temps qu'il n'en faut, ils disparaissent dans la foule.
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Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée
Roman d'amourÀ Whitesboro, les Black Bikers font la loi. Eliana est connue à Whitesboro comme la libraire de la ville. Elle n'a jamais voulu ou cherché à interférer avec les bikers, mais quand son cousin en fait partie, elle est bien obligée de se rendre à l'év...