Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée

Chapitre 23

Point de vue Eliana

La journée se termine lentement et quand je ferme la librairie, je suis soulagée de pouvoir enfin rentrer chez moi. Je n'ai pas pu me reposer ce week-end et je le ressens dans chacun de mes muscles depuis le réveil. Il faut que je dorme.

En arrivant chez moi, je sors un repas déjà préparé du congélateur et l'envoie dans mon micro-ondes avant de me servir un grand verre d'eau et partir m'affaler dans mon canapé.

Je ferme les yeux et pousse un long soupir en étirant mes membres un par un, profitant des craquements et déliement de mes os et de mes muscles. Puis, je reste allongée dans le silence jusqu'à ce que j'entende mon micro-ondes sonner.

Ce genre de soirée est assez récurrent chez moi. Je termine souvent mes soirées seule, avec mon plat tout fait au micro-ondes et une série à la télé. Mais contrairement à d'habitude où j'en ressors encore plus détendu, ce soir, quelque chose me manque.

Je déteste l'idée qui me traverse le crâne et finis par me lever du canapé pour rejoindre la cuisine et m'occuper l'esprit. Parce que je ne peux définitivement pas avoir envie de contacter Keir comme si on entretenait ce genre de relation. C'est stupide.

Il n'est pas mon plan cul, ni mon copain, ni rien de tout ça. Je ne devrais pas avoir envie qu'il vienne tout simplement pour que je ne me sente pas seule ce soir ou même parce que j'ai... envie de le voir.

J'ai toujours été solitaire et très bien avec moi-même, alors je ne dois pas commencer à flancher pour un mec aussi détestable et arrogant que ce connard.

Quand je pousse un cri après m'être brûlé avec le plat, je le jette sur un plateau en suçant mon doigt et me dirige vers le canapé pour m'y laisser tomber. Puis, je commence à manger tranquillement devant la série en omettant Keir de mon esprit.

Ce qui est plutôt difficile, parce que lorsque j'entends un coup contre ma porte, je sursaute et sens mon cœur se mettre à battre follement dans ma poitrine.

Je ne devrais pas me réjouir, ni du fait qu'il soit venu, ni du fait qu'il soit celui à avoir craqué, mais je le ressens au fond de mon estomac : je suis contente, excitée et fière. Alors je me lève sans réfléchir et ne regarde même pas par la fenêtre pour voir le perron et m'assurer qu'il s'agit bien de lui.

Ça ne peut être que lui et ça ne doit être que lui.

Sauf que, lorsque j'ouvre la porte, je finis devant un homme que je ne connais pas du tout. Le fait qu'il ait un cuir me fait alors penser qu'il est envoyé par Keir et j'arque un sourcil. Je m'accoude contre le chambranle de la porte et croise les bras sur ma poitrine.

— Bonsoir ?

— Eliana Wolf ?

Je fronce les sourcils. La dernière fois que quelqu'un a commencé une discussion comme ça, je me suis retrouvée avec deux flingues pointés dans ma direction et une blessure à la lèvre. Il est donc plutôt compréhensible que je sente la peur s'infiltrer dans mon sang.

Et d'autant plus quand je baisse le regard sur son épaule et y découvre une couleur verte au centre d'un arbre. Le temps s'arrête et je tente de mettre mes idées au clair avant de réagir. Je pense à toutes les possibilités autour de moi, mais finis par réagir par instinct. En moins de temps qu'il n'en faut, je referme la porte. Avant qu'elle ne claque, il glisse son pied dans l'entrebâillement et finit par donner un grand coup dedans.

Je cris et saute en arrière, les mains en l'air, comme si ça pouvait l'arrêter puis le fixe dans les yeux. On m'a toujours dit que si une bête sauvage attaquait, il fallait la fixer droit dans les yeux sans jamais détourner le regard.