Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée

Chapitre 42

Point de vue Eliana

Depuis que je suis sortie de l'hôpital, Keir me colle sans me laisser respirer, et quand il n'est pas là, c'est Spencer ou Oliver qui me suit à la trace. Pour être honnête, je pourrais faire semblant d'être agacée ou même crier pour ma liberté, mais ça serait mentir. J'ai bien besoin qu'on fasse attention à moi ces derniers temps et puis, Keir m'a manqué et je suis heureuse de le retrouver. Même si je ne lui dis pas forcément.

Depuis que nous nous sommes avoué nos sentiments, quelque chose semble avoir changé dans notre relation. J'ai souvent l'impression que c'est devenu plus simple, comme si les batailles de notre vie étaient passées et qu'il s'agissait de vivre maintenant l'instant présent.

Ou alors c'est mon agression qui me donne cette impression, je ne sais pas encore. J'ai encore du mal à faire la part des choses entre l'avant et le maintenant, d'autant plus avec le réel et l'imaginaire. Mes cauchemars se mélangent à la réalité et je ne sais plus trop à quoi ou à qui je peux faire confiance.

Mais je sais que je peux faire confiance à Keir, sans aucun doute. Il ne m'en parle pas forcément, mais je sais qu'il continue de se renseigner sur le club de l'arbre et je lui fais confiance pour ça. Quand il n'est pas là, je le sais en train d'effectuer des recherches avec Alex et tous mes amis.

Quand il est avec moi, je ne lui pose jamais vraiment de question sur ça. Je ne veux pas savoir, ou bien, j'ai peur d'en savoir trop justement. Je ne veux pas vraiment y repenser.

Mais aujourd'hui, alors que je suis allongée dans le lit en train de fixer le plafond, une musique en fond, je n'arrête pas de me poser des questions. Alors quand j'entends la porte de la chambre s'ouvrir et que le visage de Keir se positionne au-dessus du mien, je reviens à la réalité et sens mon esprit se gonfler de point d'interrogation.

— Salut.

J'esquisse un sourire alors que ma playlist de piano continue de jouer autour de moi et je finis par lever mes mains pour attraper son visage et le guider vers le mien pour l'embrasser.

— Salut.

Quand je le lâche, il arque un sourcil et le voir avec le visage à l'envers m'amuse, alors je laisse un petit rire m'échapper.

— Ça va ?

Il semble véritablement concerné quand il se place face à moi et qu'il m'observe. Je hausse les épaules et me redresse pour poser mon menton sur son torse et le regarder.

— Et toi ? Tu as passé une bonne journée ? Raconte-la-moi !

Je sors si peu de la maison, voire jamais, que j'en deviens folle. À cause de ma jambe, je suis clouée au lit et j'ai du mal à rester debout trop longtemps, alors je suis inutile pour la librairie. D'autant plus que lorsque Noémie a appris pour mon « cambriolage », elle m'a expressément demandé de ne pas ramener mon cul avant d'être rétabli autant physiquement que psychologiquement. Et ça serait mentir que de dire que je n'en ai pas besoin.

Mais ça ne veut pas dire que je me sente forcément heureuse en restant autant enfermé. J'adore la maison de Keir, parce qu'elle est grande et qu'il y a de quoi m'occuper avec une bibliothèque énorme et pleine, une piscine, une énorme cuisine qui m'a permis de me mettre à la pâtisserie pour m'occuper, pour le plus grand plaisir de Keir et encore pleins d'autre chose qui m'occupent. Mais ça ne m'offre pas une vie normale.

— Tu es sûre que ça va ?

Je grogne en le serrant dans mes bras. J'ai tellement besoin de contact que j'ai envie de glisser ma tête sous son tee-shirt pour qu'il m'emporte avec lui partout où il va. Je me déteste d'être aussi fragile et en demande d'attention.