Chapitre 1

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Point de vue Keir

Je fixe le plafond depuis plusieurs heures, sans parvenir à revenir à moi. Dès que j'ai le malheur de fermer les yeux, le bruit du coup de feu et l'odeur du sang me brûle et semble se déverser dans ma gorge.

Alors, je fixe l'ampoule qui me brûle la rétine.

— Keir ?

Je ne fais aucun mouvement, aucun bruit, alors que Rachel rentre dans la pièce. Comme une deuxième mère, elle vient s'assurer que je n'ai pas à nouveau tenter de faire une connerie.

Si j'avais encore la moindre émotion dans mon cœur, j'en serais touché.

— Hey. Comment tu vas ?

Question conne, mais je ne lui fais pas la remarque.

Comme une personne qui a tenu le corps mort de sa meilleure amie abattu devant ses yeux.

— Tu n'as pas mangé...

Je n'ai rien avalé depuis trois jours. S'ils ne me forçaient pas à boire, je pense que je ne le ferais pas non plus. Je me laisserais sûrement mourir, comme Olivia.

— Alors, qu'est-ce que tu lis aujourd'hui ?

Pour m'occuper l'esprit, entre deux regards fixes dans le vide, j'ai décidé de lire. Chaque jour, je tente un nouveau livre, mais dans cette foutue maison, il n'y a rien d'autre que des bouquins de vétérinaire.

Lorsque j'ai fui ma maison et ce jardin qui a encore l'odeur du sang, j'ai trouvé refuge dans la maison vide de mon meilleur ami. C'est apaisant d'être dans un lieu connu et pourtant loin des dernières horreurs de ma vie.

En tout cas, grâce à lui, je sais maintenant tout sur la reproduction des loups et l'accouchement des juments. Je suis ravi.

— Tu aimes les loups ?

La voix douce de Rachel, la mère de mon meilleur ami, me parvient dans le bourdonnement de mes pensées et j'ai envie de lui dire de partir. J'en ai marre qu'elle agisse avec cette voix douce et brisée, comme si j'étais un enfant.

Je ne le suis plus depuis au moins quinze ans.

Perdre ma meilleure amie d'une mort aussi brutale ne lui donne pas le droit de me traiter comme un gamin.

— Moses m'a appelé... murmure-t-elle face à mon silence. Il m'a demandé comment tu allais.

Je continue de fixer le plafond, sans parvenir à décrocher le moindre mot. Que mon président cherche à prendre de mes nouvelles ne me touche pas.

Je me sens encore plus seul.

— Il a échangé avec un président d'un autre chapitre... Un certain Trevis Black. Il te propose une place. Ça pourrait être une bonne idée de partir. Non ?

Je ne réponds rien, parce que l'idée de quitter Seguin me donne envie de crever.

Pourtant, c'est le fait d'y rester qui me tue à petit feu.

Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant