Chapitre 33

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Point de vue Eliana

C'est totalement faux. Je n'arrive pas à survivre. Une semaine qu'il est parti et je rêve de lui toutes les nuits, essayant tant bien que mal de ne pas faire de cauchemars qui mêlent à la fois Keir en danger, Alex, et mes agressions. Tout se mélange et je déteste ça.

Heureusement, Niles ne fait aucune remarque. Il ne dit rien quand je me réveille le matin avec des cernes et que je deviens de plus en plus irritable à cause de mon manque de sommeil. Il ne me fait aucune remarque alors que je m'entends hurler à chacun de mes réveils, au cœur de mon lit. Il ne me regarde pas avec pitié ou compassion, comme si ça allait m'aider. Il m'aide en agissant comme si tout allait bien.

Parce que tout est censé aller bien.

Et toutes les nuits, pour me faire tenir, je lis des livres ou regarde des séries.

Pourtant, Noémie semble être mal à l'aise avec moi. Elle ne me le dit pas, mais je suis tellement tendue qu'elle n'ose même plus me parler et j'en viens à me détester à mon tour. Elle est la personne la plus gentille et pure que je connaisse, elle ne mérite clairement pas ça.

Alors j'essaie de parler le moins possible. Déjà que je ne suis pas quelqu'un de très sociable et très bavarde, dernièrement, j'en suis venue à ne plus ouvrir la bouche durant des heures. Je ne réponds que par onomatopée, grognement et hochement de tête.

De toute façon, tout le monde est tellement occupé que personne ne fait attention à moi. Tellement, qu'Alex ne m'a pas appelé aujourd'hui pour me souhaiter bonne chance. Et même si je sais qu'il est préoccupé par la grossesse de Cléa et par la guerre du club, c'est la première année où il ne pense pas à m'appeler.

Je lui en veux... parce que je suis fragile et je me déteste pour ça. Il ne mérite pas que je sois en colère contre lui.

— Ne te fais surtout pas voir, grommelé-je en sortant de la voiture. Je ne rigole pas. Mon oncle pourrait t'embarquer au poste sans raison juste parce qu'il t'a vu dans le coin.

— Franchement, je ne comprends pas pourquoi tu ne me laisses pas entrer pour les rencontrer. Ils ont l'air si charmant.

Je le fusille du regard et grogne pour toute réponse. Niles ne fait qu'esquisser un sourire alors que je pousse un soupir en laissant mes yeux balayer la maison de mes parents.

— S'il te plaît, ne te fais pas remarquer. Je vais essayer d'être rapide, d'accord ? Mais tu sais que tu peux me laisser seule et je n'aurais qu'à t'appeler quand je veux partir.

— Hors de question. Le président Black et Keir pourraient bien me tuer pour avoir ne serait-ce que cligné des yeux.

Je roule des yeux, mais éprouve un petit pincement au cœur à la mention de Keir.

— D'accord, d'accord. Reste ici comme un chien. Je demanderais une part de gâteau en plus.

— Chocolat !

Je lui fais un signe par-dessus mon épaule et me dirige vers la porte d'entrée. Quand je frappe, je me maudis déjà d'être venue et regrette. D'autant plus que tous les ans c'est la même chose : Fred finit rapidement ivre, il se dispute avec Erin, son ex-femme, et mes parents tentent de détendre l'atmosphère en racontant des rumeurs qui mettront tout le monde d'accord : Madame Wilson n'aurait pas dû refaire son nez, ça se voit qu'il est faux ; quelqu'un a vu quatre hommes différents quitter la maison de Francine le mois dernier... Jusqu'à arriver à parler des Black Bikers. Et cette fois, tout le monde se met d'accord pour dire les pires horreurs.

— Tu es en retard, s'exclame ma mère quand elle ouvre la porte.

Elle se penche en avant et dépose un baiser bruyant sur ma joue tout en récupérant le cadeau emballé dans ma main. Si ce n'était pas pour mon grand-père, je ne serais même pas venue, pensé-je.

Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant