Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée

Chapitre 7

Point de vue Keir

J'écoute, sans vraiment écouter. Mon esprit est encore loin d'ici, alors que je vois tous ces visages hocher la tête d'approbation. J'ai encore l'impression de ne pas être vraiment ici.

Pourtant, le cuir sur mes épaules pèse assez lourd pour que je le reconnaisse. Bordel, ça fait des années que je le porte, mais ça ne change rien.

Le cuir est lourd à porter.

L'arme dans mon holster aussi.

Tout semble lourd.

La réalité me rattrape toujours, malgré tout. J'entends bientôt la voix de Harry alors qu'il appose lourdement sa main contre la table.

— Keir ?

Il paraît agacé et, bien malgré moi, je le comprends.

À l'inverse, je détesterais un mec comme moi. Je suis tellement loin de tout que rien ne me concerne vraiment, alors que mon esprit est encore bloqué dans le passé.

Un beau jour de mai, un barbecue, des amis et de la famille. Comme souvent. Comme depuis toujours.

Mais rien ne dure jamais toujours.

— Hm ?

Harry soupire en me fusillant du regard alors que je me redresse.

Même si je n'ai aucune envie d'être là, je dois me ressaisir. Ce n'est pas un simple jeu, c'est la vraie vie.

— Je m'en occupe, intervient Alex.

Mon enforcer ne m'adresse aucun regard alors que Harry grogne en fronçant les sourcils.

— Ce n'est pas à toi de gérer ça, Alex. C'est au putain de sergent d'arme.

Cette fois, mon esprit se réveille et j'arque un sourcil en me penchant en avant. Je plante mon regard dans celui de Harry et tapote mes ongles contre la table pour attirer son attention, qu'il finit par me porter. Il a l'air tellement agacé qu'il ne fait plus attention à rien, mais je le regarde malgré tout de longues secondes avant d'esquisser un rictus.

Il est toujours furieux après moi parce que j'étais proche d'Eliana. Pire encore depuis qu'il m'a vu sortir d'une chambre de la Géhenne avec elle, hier soir.

Il y a quelques mois, ce genre de petite histoire m'aurait bien amusé.

— Le putain de sergent d'arme t'écoute, Harry. Vas-y.

Mon arrogance ne lui plaît pas.

Une tension gonfle dans la pièce alors que Harry fronce les sourcils.

— C'est quoi ton problème ? siffle-t-il.

— C'est plutôt à toi de me répondre. C'est ta jalousie qui parle, comme un gamin de quatorze ans ? Ou tu as une vraie raison derrière ces réactions d'enculé ?

Tout le monde retient son souffle.

La confrontation est souvent le meilleur moyen de calmer les tensions. Une fois que ça aura bien pété, on repartira à zéro. Ça marche comme ça, généralement.

Mon esprit est en ce moment assez perturbé par ma vie personnelle pour que je doive gérer la jalousie inutile de Harry. Normalement, je m'en foutrais, mais si ça impacte la relation avec le club, il faut que j'agisse.

— Tu te prends pour qui ?

— Pour le putain de sergent d'arme, évidemment.

Il se lève si vite que sa chaise tombe dans un bruit sourd. Au moment où je vois sa main se rapprocher de son arme, tout mon corps se tend et je le fixe en agrippant la manche de mon pistolet, prêt à me défendre.