Point de vue Eliana.
Quand je me pointe à la librairie, le lundi matin, je suis fatiguée et déjà épuisée d'une semaine qui n'a pas encore commencé. Peut-être que ce week-end fort en émotion m'a aspiré toute mon énergie, je ne sais pas, mais quand j'arrive dans la boutique et que je suis seule, je n'ai absolument pas envie de travailler.
Je m'assois dans le fauteuil moelleux et ferme les yeux. Je reste bien consciente des bruits autour de moi pour ne pas risquer de m'endormir, mais j'ai besoin d'un peu de tranquillité. Et j'aime l'odeur des livres autour de moi.
Quand je reviens à moi, le temps a filé et c'est bientôt l'heure de l'ouverture. Je décide enfin de me lever, traînant des pieds, mais dès que je relève la tête vers la porte, un poids s'installe sur mes épaules.
Il y a un autocollant sur la vitre de la librairie. Pas n'importe lequel, mais celui des Black Bikers. J'accélère le pas et me poste devant pour voir qu'il n'y en a pas seulement un, mais cinq. Un à chaque angle et le cinquième en son centre.
Je cligne plusieurs fois des cils et les fixe. Voir ces traces sombres sur un fond coloré et vivant comme l'est la librairie me rend perplexe. Et m'agace.
Je me dépêche de vouloir les décoller, sans même comprendre comment ils ont pu être mis là. Il n'était pas là à mon arrivée et je n'étais pas assez loin pour ne pas entendre quelqu'un les coller.
Mais je n'y fais pas vraiment attention plus longtemps, parce que l'heure de l'ouverture approche et quelque visage se tourne déjà vers ma devanture.
Je ne veux pas qu'on assimile ma petite librairie de village à un club de biker. Tous mes clients vont forcément paniquer et je ne peux pas me permettre de perdre d'argent.
Mais la colle est puissante et je n'arrive pas à les retirer entièrement. Je finis par jeter l'éponge et courir vers l'épicerie pour acheter d'autre autocollant que je pourrais mettre dessus.
Il n'y a rien d'autre que des licornes, des bonbons rose fuchsia et du maquillage avec des paillettes. Je trouve ça limite sexiste et plutôt agressif pour les yeux, mais je n'ai plus le choix. Je retourne à la librairie et colle ces affreux autocollants sur les gros cercles sombres aux initiales « BB ».
Quand c'est fait, le résultat n'est pas si terrible que ça. Ça me donne même envie de mettre en avant une toute nouvelle sélection de livre pour enfants qui irait parfaitement avec les dessins enfantins des autocollants. Je ne perds donc pas plus de temps et me remets au travail tout en ouvrant la librairie.
Noémie n'arrive qu'à treize heures et éclate de rire quand elle entre dans la boutique. Je tourne la tête vers elle en arquant un sourcil alors qu'elle pointe la vitrine.
— C'est quoi tout ce vomis de licorne ?
— Ne fais pas attention, je ne sais pas qui a voulu me jouer un tour mais c'était soit ça, soit l'autocollant des Black Bikers. J'ai dû faire un choix rapide.
Malgré l'incompréhension que je vois dans son regard à la mention du club, elle hoche la tête en affichant un reste de sourire sur le coin des lèvres.
— Mais au moins ça t'a permis de sortir les nouveautés jeunesses, c'est une bonne chose.
Je hoche la tête alors qu'elle me rejoint pour m'aider à organiser tout mon petit bordel. Depuis que Noémie est là, j'ai plus de temps pour moi parce que nous nous partageons les tâches. Je ne veux pas la traiter comme une employée, mais comme une collègue alors nous travaillons d'égale à égale, sans se prendre la tête pour des détails administratifs.
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Black Bikers, Tome 1 : La louve indomptée
RomanceÀ Whitesboro, les Black Bikers font la loi. Eliana est connue à Whitesboro comme la libraire de la ville. Elle n'a jamais voulu ou cherché à interférer avec les bikers, mais quand son cousin en fait partie, elle est bien obligée de se rendre à l'év...