Malheureuse, dramatique, la vie ne pouvait pas être que cela. Certaines situations ressemblaient à des mises à l'épreuve. Il n'y avait que l'auteur pour changer le cours de son destin. L'affliction, le rejet et l'oubli étaient les compagnons d'Ysalis qui vivait dans une ville animée et bondée de gens. San Francisco était ensoleillé, le ciel resplendissait par sa couleur bleutée. Venteux avec une fraîcheur douce, pour certains passants, c'étaient l'idéale pour une promenade. Hélas, la beauté dépourvue de laideur semblait cohabiter. Ses parents étaient l'un des facteurs de sa morosité devant ce paysage spectaculaire. Sa mère Veronica ne revêtait que la froideur comme visage et l'hypocrisie, son allié le plus loyalement maitrisé. Quant à son père Jacob Michaelson, il se noyait dans son entreprise, celui-ci était devenu compétitif et plein d'avarices. Laissant la mélancolie s'emparer d'elle, Ysalis regagna sa chambre. Esseulée dans cette maison à quoi bon ! pensa -t-elle. Son téléphone sonna, l'extirpant de ses songes.
– Allo, ma pépite d'amour, comment te portes-tu ?
– Grand-mère, je vais bien et grand-père ?
– Oh ! ma chérie, tu nous manques.
— Vous aussi. La jeune femme soupira ce qui alerta Alberta.
– Qu'y a-t-il, ma poupée ?
— Grand-mère, je déteste cette résidence, je me retrouve désemparée, inexistante.
–Viens habiter avec nous.
– Je ne veux pas troubler votre quotidien. Vous...
— Peu importe ce que tu traverses, compte sur nous.
– Merci pour tout.
– À bientôt ma chérie.Ysalis trouvait que c'était la bonne décision. Ce confort bien que luxueux ne lui donnait que des maux de tête. De plus, elle avait vingt-trois ans et ne se voyait pas rester éternellement ici, tôt au tard, partir serait imminent, mais cette dernière ne pensait pas que ce serait si prestement. Ses grands-parents résidaient à quelques heures de chez eux et se défendaient courageusement pour survivre. Profiter des personnes n'était pas dans son habitude. En vendant des vêtements, elle pourrait participer au loyer. S'en aller pour mieux se perdre ou se retrouver?
Le lendemain, Ysalis s'était réveillée à l'aube pour ne pas confronter Véronica. Sa valise jonchait sur le sol à ses pieds n'emportant que le strict minimum. Évidemment, sa mère serait en désaccord avec elle. À son ordinaire de ces années antérieures, sa mère a plus essayé de la transformer que de la comprendre. Celle-ci voulait à tout prix qu'elle devienne mannequin. Sous prétexte qu'elle avait un épiderme de porcelaine, des cheveux roux flamboyant et des formes à damner ainsi que des yeux bleus. Sa meilleure amie Anastasy n'avait cessé de lui répéter qu'elle demeurait divinement séduisante, mais elle ne la croyait pas, car, celle-ci était très élancée, ses cheveux blonds comme du blé, une peau magnifiquement dorée et des yeux verts. C'est elle qui devrait être modèle. D'ailleurs, Anastasy ne laissait pas les hommes indifférents.Elle enchaînait les coups d'un soir comme des cocktails. Par contre, Ysalis se tenait éloignée de la gent masculine. Elle referma la porte de sa chambre et continua son chemin sans un regard en arrière. Bien qu'il soit très tôt, Ysalis cherchait un taxi, mais n'en vit pas. Du coup, elle avait décidé de se rendre dans un café pour patienter avant d'entamer son voyage.Sauf qu'Angel, l'un de ses connaissances et pervers à ses heures perdues, l'attendait avec un grand sourire. Celle-ci fit mine de ne pas le voir et continua son chemin. Mais, Angel restait tenace.
— Ysalis, combien de fois, vais-je m'excuser pour ce qu'il s'est passé ? Tu comptes beaucoup pour moi. Je ne voudrais pas que notre complicité soit gâchée.
La jeune femme s'arrêta pour le foudroyer du regard.
— Tu as failli me violer et tu oses prétendre que je suis ton amie. Drôle de façon de le montrer. Écoute, Angel, va te faire voir.
— Je reconnais que j'ai merdé et j'ai tellement honte. J'accomplirai l'impossible pour me racheter.
Au même moment, un taxi arriva, Ysalis le héla et s'engouffra dedans, laissant Angel dans ses soupirs. Non, mais pour qui se prenait-il ?
— Où allez-vous, mademoiselle ? demanda le conducteur.
-1525, Rue des missions.
Celui-ci hocha la tête et continua sa route. Ysalis appela Anastasy pour l'informer de la situation et comme à l'accoutumée, elle la soutenait et promit de venir lui rendre visite. Admirant le paysage, la jeune femme s'endormit et laissa ses problèmes dans un coin de son crâne. Après quelques heures, elle se réveilla et vit que le chauffeur était en train de se garer. Aussitôt, elle reconnut la maisonnette et un rictus grandit sur ses lèvres. Elle prit son bagage et paya le chauffeur. Connaissant l'endroit comme sa poche, celle-ci passa par-derrière au milieu du jardin afin de les surprendre.Ysalis atterrit devant la porte du balcon, bizarrement elle n'était pas fermée. Elle souriait sachant que son grand-père avait sans doute oublié.
— Y a-t-il quelqu'un ? Alberta eut un sursaut, la main sur le cœur.
— En aucun cas, tu ne te conduis ainsi, ma chérie.
— Je ne voulais pas t'effrayer ma grand-mère chérie, dit-elle l'air mutin.
— Mais oui, c'est cela, espèce de sauvageonne. Alberta vint prendre sa petite fille dans ses bras pour la couvrir de tendresse.
— Où est grand-père ?
— Il ne doit pas être bien loin. Je suis heureuse que tu viennes vivre ici.
— Je n'avais pas le choix, je me sentais trop misérable. Dit-elle tristement ?
— Oublie cette maison. Plusieurs femmes donnent naissance cependant, beaucoup d'entre elles sont rebutées à l'idée de consacrer leur temps à cette minuscule créature qui ne demande qu'à être aimée. Quand Veronica a appris pour sa grossesse, ce fut comme si on lui avait dit qu'elle n'avait plus d'argent dans son compte. Quant à sa réaction pour le sexe du bébé, une rage folle l'a envahie. Honnêtement, j'ai du mal à croire que Veronica soit ma fille.Ysalis, je t'ai chéri dès ta venue au monde, je suis fière de la jeune femme que tu es et un jour ta mère regrettera de ne pas avoir su t'apprécier à ta juste valeur.
Les larmes ont coulé sans difficulté. Elle savait qu'un avenir radieux et des gens pleins de compassion suffisaient à son cheminement. Arthur rentra dans la cuisine avec un sourire aux lèvres en la voyant.
— Si ce n'est pas la prunelle de mes yeux...
— Je croyais que c'était moi répliqua Alberta les sourcils froncés.
— Toi, tu es l'amour de ma vie dit-il heureux. Alberta maugréa dans son coin tout en la fixant, elle luit dit : — S'il y a bien un truc que les hommes préfèrent plus que quiconque, c'est discourir pour mieux nous faire perdre la tête. Je t'aurais prévenu, ma chère.
Ysalis éclata de rire pendant que son grand-père repartait en levant les yeux au ciel. La jeune femme se dirigea vers la chambre d'ami afin de se reposer. Peut-être que ses parents ne voulaient pas d'elle, mais au moins ici, elle était choyée et respectée. Regretteront-ils une fois son absence remarquée ? Espérer était la dernière tige encore solide dans son cœur.Tourmentée, elle se berça vers un monde plus paisible.
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Le secret de mon patron
RomanceDouce, réservée, laborieuse, Ysalis comporte diverses qualités. La vie étant difficile, cette dernière décide de vivre avec insouciance. La rencontre avec Andrei ne va pas être reposante. Cet homme froid, autoritaire, est synonyme d'impureté.Ysalis...