Chapitre 11

100 12 5
                                    

C'était sous une nuit étoilée que les deux jeunes femmes marchaient pour retrouver leur chaumine. Anastasy avait décidé de passer quelques semaines dans le coin, du coup Ysalis lui avait proposé de l'héberger chez ses grands-parents.

Une fois arrivés, Alberta et Arthur étaient très heureux de revoir sa meilleure amie. Sa grand-mère avait concocté un agneau braisé aux épices douces accompagnées de riz persan à la pomme de terre, tout ceci avec un bon vin du marché.

— Miam ! Ça a l'air délectable, madame Alberta, s'extasia Anastasy.

— Bon sang ! Tu ne me rajeunis pas, hein, avec tes « madames... »

— Désolé, c'est l'habitude, dit-elle gênée.

— D'accord, je te pardonne, allez les enfants à table.

— Ma femme est une vraie chef, s'exclama Arthur.

— Bon appétit à tous, souffla Ysalis.

Les conversations portaient dans tous les sens. Elles étaient anxieuses à propos des press-books envoyés. Il fallait au moins retenir l'attention de deux agences.

— Je suis sure que ce que vous avez fait est extraordinaire, n'oubliez pas que la vie ne vous a pas souri très souvent ces derniers jours. Avec la persévérance, un travail constant, vous finirez par obtenir le succès désiré. notifie Alberta sereine.

— Oui grand-mère, tu as raison nous sommes contraints de garder espoir. Dis Ysalis, rassurée.

— Au fait, Ysa, comment se passe ce fameux boulot ? demanda Anastasy

— Ça va bien, je fais un peu de ménage, de la cuisine et du repassage dit-elle en haussant les épaules.

— Comment est-il hein ton patron ? Gras et obèse avec une tête ovoïde, déclara Anastasy hilare.

— Monsieur Boskov est d'une beauté saisissante et dangereuse, sa froideur semblable au temps d'hiver ajoute un soupçon de chaleur. Du haut de ses 1m90, il a un regard dont la couleur grise est envoûtante. Toujours un rictus carnassier sur le bord des lèvres. Des muscles saillants, une bouche à rendre folle, même les plus lucides. En somme, le péché réuni en une seule personne clôtura Ysalis, le regard lointain.

Plus personne ne bougeait, elle n'avait même pas vu qu'Arthur était allé chercher son fusil.

— Je l'attends de pied ferme, ce petit chenapan, il n'a pas intérêt à poser ses sales pattes sur ma petite fille, maugréa le vieux imminant.

La jeune femme sortit de son moment d'absence et sa meilleure amie avait un sourire enjôleur sur le visage quant à sa grand-mère, nul doute qu'elle avait déjà compris.

— Ma chérie, ce dernier t'a toute retournée, avoue qu'aucun homme ne t'a fait cet effet depuis bien longtemps.

— Mais non, c'est un homme comme un autre murmura Ysalis en triant dans son assiette.

— Ma cocotte, s'il était n'importe quel homme, celui-ci n'aurait pas attiré ton attention. N'oublie pas une chose, l'amour est magnifique et le désir dévastateur quand les deux se rencontrent c'est un désordre sentimental qui naît pour mieux nous supplicier. Toutefois, chaque individu a sa part d'ombre à toi de trouver laquelle affirma Alberta.

— Wow ! J'espère vivre quelque chose de similaire, déclara Anastasy.

— Mais enfin ! Vous avez perdu la raison, je ne vis rien du tout c'est mon patron, il ne se passera rien entre nous, de toute évidence, il aime les dames mûres plutôt expérimentées.

— Foutaise ! cria Alberta en tapant du poing sur la table.

Arthur et les deux jeunes femmes sursautèrent.

— Cet homme, s'il n'est pas en pleine cécité découvrira que l'éthique et la différence d'âge ne sont que des graines de poussière venues comme des mouches qui bourdonnent, alors s'il est un homme un vrai, il te prendra dans tous les sens du terme. Continua-t-elle, sur le même ton.

— Alberta a raison, un homme qui veut une femme à tout prix, suit toujours son instinct. Confirma Anastasy.

— Bon ! ça suffit ! Nous ne sommes pas dans un film, je vous le répète, il ne va rien se passer, nous sommes trop singuliers, ajouta-t-elle confiante.

— Je pensais que c'était ton grand-père qui avait l'habitude de consommer des âneries, alors là ma petite tu me déçois, souffla-t-elle en récupérant les assiettes.

Ysalis la dévisagea sous le choc ainsi qu'Arthur.

C'était peu dire, sa grand-mère avait vécu un amour incommensurable et un coup de foudre troublant pour défendre une histoire qui n'avait même pas encore vu le jour.

Son téléphone sonna, elle le prit, son interlocuteur n'était autre que Diego :

— Je ne vais pas passer par quatre chemins, le local a été mise en vente, sois tu me paies deux mille dollars, sois je t'expulse.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— C'est le marché et la concurrence.

— Je n'ai pas une telle somme, pouvez-vous y remédier ?

— Bien sûr que oui, pour cela, je veux une nuit avec toi.

— Quoi ?
— Tu as bien entendu petite idiote. Réfléchis bien ma beauté et tous tes problèmes seront résolus.

Il raccrocha.

Ysalis se dirigea vers la salle de bain et vomit tout ce qu'elle venait d'ingurgiter.
Elle n'aurait jamais dû acheter ce local entre les mains de ce vicieux.

Oh mon Dieu! Que faire!

— Ysa, ça va, demanda Anastasy inquiète.

— Diego a vendu la salle, si je veux le récupérer je dois coucher avec lui. Sanglota celle-ci.

— L'espèce de rat d'égout, le salaud, énergumène vénéneux. Vociféra Anastasy, folle de rage.

— Que vais-je faire ? Je n'ai pas deux mille dollars et le pire si je le paie, il m'appellera sans arrêt pour une autre somme. Cingla-t-elle avec tristesse.

— Ça va aller, ma chérie ne t'inquiète pas, il doit y avoir une solution, on va finir par le trouver. En outre ce pouilleux n'a pas le droit, c'est illégal étant donné qu'on occupe le local. Affirma son amie.

Ysalis connaissait le moyen, néanmoins, elle risquait gros. Quoi au juste ? Aucune idée. D'ailleurs, pourquoi accepterait-il de l'aider ?

C'était un homme important, allait-il l'écouter.

Le téléphone en main, elle composa le numéro de la villa du diable à plusieurs reprises, mais n'osa pas passer l'appel.

Oh! La lâcheté n'était pas une forme de défense.

Elle réessaya et c'est en inspirant profondément qu'elle fit l'appel.

Après deux sonneries, une voix sépulcrale se fit entendre à l'autre bout.

— Bonsoir Monsieur Boskov...

— Mademoiselle Michaelson, comment puis-je vous être utile ?

— J'ai de graves ennuis, monsieur...

— Je t'envoie mon chauffeur, nous en discuterons face à face.

— Monsieur...

— Sans débat moya ovtsa (ma brebis).

Il raccrocha.

Il était plus de minuit, il fallait prévenir Alberta et Arthur, mais elle comptait sur Anastasy pour le faire.

Ysalis n'était pas tranquillisée pour autant, mais au moins quelqu'un de haut placé serait témoin au cas où il lui arriverait un pépin.

Le secret de mon patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant