Chapitre 5

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La nuit ardue qu'elle avait vécu se témoignait dans ses yeux. Heureusement, Anastasy lui avait acheté une trousse de maquillage, elle y fureta et trouva son eye-liner qui allait réparer ses cernes. Nul ne pouvait s'imaginer les combats de cette jeune femme. Hors d'atteinte le jour, ciblé par ses démons dans l'ombre, le duel dans lequel elle gravitait était sans merci.

Ysalis admira son reflet une dernière fois, chassant les ondes négatives. Toutefois, ses angoisses concernant cette entrevue restaient toujours présentes.

Pourvu que tout se passe bien!

Plissant sa jupe nerveusement, celle-ci attendait son taxi. Plus tard , Ysalis remarqua que la route qui donnait accès à l'adresse était quasi déserte comme si la personne avait volontairement pris l'isolement et le calme olympien pour appui.

Mon Dieu!, n'est-ce pas le moment de prendre mes jambes à mon cou?

Le taxi la déposa devant une immense villa perchée en hauteur. De loin, on voyait une muraille gigantesque semblable à une forteresse.

Elle faillit déguerpir, mais redoubla de courage en se persuadant que cet emploi était la solution à son gouffre financier.

Au pire, j'appellerai les secours!

Elle avança vers la grille et appuya sur un bouton.

Finalement, c'est plus ressemblant à un manoir de vampire, pensa-t-elle.

Un homme au teint grisonnant vint à sa rencontre.

— Je me prénomme Joe, que puis-je pour vous ?

— Je suis venue pour l'offre d'emploi.

Surpris, Joe hocha la tête et l'indiqua de le suivre.

Son regard se perdait dans la petite allée bordée de feuillages verdâtres, une roseraie était cachée non loin de là rehaussant la beauté des lieux.

Une fois à l'intérieur, la décoration vola sa voix, ses yeux s'exhorbitèrent face à tant d'opulence.
Le sol marbré rendait son image translucide. Des motifs floraux ornaient le plafond et une partie du parquet. De grandes plantes artificielles étaient aménagées pour se fondre dans la pièce.

Joe s'adressa à une femme de la même tranche que lui et celle-ci regarda en sa direction.

Pendant qu'il s'en allait, la dame en question s'avança vers elle, un sourire aux lèvres.

— Bonjour, je m'appelle Olga. Vous êtes venu pour affaire, j'imagine ! il va vous recevoir.

— Ysalis, enfaite, je viens pour l'annonce qui disait rechercher une femme de ménage.

Olga fit les yeux ronds et partit sans un mot.

Étrange !

Ysalis patientait devant une grande porte en bois avec une inscription métallique

A.A.Boskov

Stressée, elle sortit le CV de son sac en priant silencieusement.

Cette dernière toqua deux fois et une voix forte s'éleva :

— Entrez !

Ysalis la poussa doucement et s'insinua lentement.

C'est à ce moment-là, qu'elle aurait du se sauver, se désintégrer, savoir voler, être magicienne pour mieux disparaître, c'était impossible, car, ses yeux gris l'avaient liquéfié, sa respiration devenait irrégulière, les battements de son cœur disproportionnés. Mise à nue, elle rougissait comme une adolescente.

Cet homme était le dieu de la tentation. Une mâchoire saillante, une prestance des plus majestueuse, des épaules carrées et un costume noir épousant sa musculature puissante. Ils ne se lâchèrent pas du regard, l'ambiance dans la pièce était brulante sans aucun feu de toute évidence.

— Eh bien mademoiselle, prenez place, à moins que vous préfériez rester debout, informa la voix rauque.

— Oui bien sûr, je m'appelle Ysalis Michaelson, votre offre à susciter mon intérêt, dit-elle d'une voix peu assurée.

— Même sans l'absence du salaire, vous êtes venue répliqua-t-il incrédule.

— Je prendrai ce que vous me donnerez monsieur marmonna-t-elle le regard fuyant.

Le regard de l'homme se rembrunit et il s'empara du curriculum. Celui-ci le feuilleta quelques secondes et la questionna :

— Pourquoi vous et pas une autre ?

— Tout d'abord, je suis discrète, bonne cuisinière et je m'adapte facilement à un nouvel environnement.

— Vous m'avez l'air très jeune, quel âge avez-vous ?

— J'ai vingt-trois ans monsieur, cela pose-t-il un problème ?

— Aucun. Dans cette demeure, mademoiselle Michaelson, il y a des règles, si elles sont enfreintes c'est le renvoi immédiat. Alors, prenez note ! Ma chambre vous est interdite, la ponctualité est de mise, surtout abstenez — vous d'aller au sous-sol. Des questions ?

— À quelle heure que mon travail prend fin, car je dois expressément aller ouvrir mon magasin donc il faut que je m'ajuste en fonction de l'horaire.

— Vous finirez vers 15 h. Olga vous fournira un uniforme et sera votre guide. Autre chose ?

— Comment vous vous appelez ? Répliqua-t-elle

L'homme alla se servir un whisky et Ysalis en profita pour le détailler, elle vit une arme de poing de son côté gauche, Bon sang qui était cet homme! enfin il se tourna vers elle et murmura son nom d'une voix grave comme un avertissement.

— Andrei Boskov, sokrovishche (trésor).

— Pourquoi l'autre A monsieur Boskov ?

Andrei s'installa dans son fauteuil et lui sourit d'un air mutin.

— Vous êtes bien curieuse mademoiselle Michaelson.

Rougissante, la jeune femme bredouilla des excuses et s'apprêta à partir.

— Merci de m'avoir reçu monsieur, je ne vous décevrai pas.

— Mais je n'en doute pas, moya ovtsa (ma brebis).

Le secret de mon patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant