Lys et Vagabond

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Vagabond

Des gardes patrouillaient de l'autre côté de la Rive. Ils allaient rarement dans cette partie-là de la ville. Il n'y avait rien à surveiller ici. Le vol, la violence, la pauvreté, la saleté, ils faisaient partie de Zownorha autant que la richesse, la beauté, l'aisance. Ils préféraient les empêcher de traverser la Rive, plutôt que d'aller directement dans les rues sombres et humides régler directement les problèmes. Ils faisaient parties de la ville, tout en restant le plus loin possible du château. Cette différence semblait être une norme que chaque ville dans chaque pays devait avoir.

Pourtant, aujourd'hui, ils étaient là. Par groupe de quatre, arme à la main, ils regardaient dans chaque recoin, cherchant quelque chose en particulier... Quelqu'un en particulier.

Ils ne donnaient aucun nom, parce qu'ils n'en avaient aucun à fournir. Ils avaient à peine une description. Mais il se murmurait partout de ce côté-là que les gardes recherchaient un enfant pouilleux, peut-être encore avec un animal. Des enfants il y en avait beaucoup qui traînaient dans les rues. Avec un animal, beaucoup moins.

Ils cherchaient Vagabond.

L'enfant, autant caché derrière ses cheveux longs emmêlés que derrière cette caisse en bois, baissa les yeux vers le louveteau tremblant à ses côtés. Il l'avait libéré des mains de jeunes riches prétentieux quelques heures plus tôt. La Vieille, après l'avoir caché, l'avait ramené là, pensant qu'il n'aurait plus de problème. Elle avait eu tort. Ils le cherchaient toujours. Il avait commis plusieurs fautes. Il avait franchi un pont, c'était ballade de l'autre côté, avait volé du pain et surtout, il avait frappé un enfant de bonne famille. Pour quelqu'un de sa stature, c'était une faute condamnable. Il n'était qu'un enfant sans nom, sans rien, mais il devait être puni. La loi et la fierté de cet adolescent l'obligeaient.

Qu'allait-il faire ? Parviendrait-il à échapper aux gardes éternellement ? Il en doutait. Une personne, une inconnue, un « fantôme » d'après elle, lui était venue en aide. Un coup de chance, le seul qu'il aurait. De ce côté-ci, c'était chacun pour soi, Vagabond le savait. Personne ne l'aiderait. Au mieux, ça ferait un enfant de moins qui traînerait dans les rues. Un vaurien en moins qui fouillerait dans les poubelles. Sa disparition signifierait plus de nourriture potentielle pour les autres qui traînaient comme lui dans ces rues sales et sans nom.

Le loup poussa un petit jappement à ses côtés.

- Shut, on va se faire repérer !

Vagabond – fraîchement nommé ainsi – se recroquevilla un peu plus derrière sa caisse en bois. En repassant de l'autre côté de la Rive, il s'était donné comme objectif d'aller encore plus loin, dans la forêt. Il voulait rendre sa liberté à ce jeune animal qu'il avait sorti des griffes des riches prétentieux. A bien y réfléchir le lâcher dans la nature n'était peut-être pas la meilleure des idées. L'animal n'avait plus sa mère. Aussi jeune, parviendrait-il à se débrouiller seul en milieu hostile ? Savait-il chasser ? Se protéger ? Le jeune loup pencha la tête sur le côté. En d'autre circonstance l'enfant aurait trouvé cet air adorable. Là, cela confirmait simplement ses craintes. Seul dans la forêt, cet animal ne vivrait pas longtemps. Il était trop jeune et innocent.

Lui pouvait-il l'aider ? Il en doutait. Il était à peine capable de s'occuper de lui-même, alors un animal en plus, c'étaient les condamnés tous les deux. Que pouvait-il bien faire ? Il se sentait perdu. En se réveillant, dans le froid et l'humidité le matin même, la seule certitude qu'il avait eu était sa faim. Une fois le pain volé pour calmer les grondements de son ventre, tout ce qu'il avait fait avait été spontané, voir irréfléchi. À présent, il était dans une mauvaise situation, pire que d'habitude.