Lys et Vagabond

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Vagabond

Il sentait l'air sur son visage, cela avait comme un goût de liberté. Il était assis sur le toit d'une maison à étage, sans craindre ni te tomber, ni d'être vu. Il ne s'était pas senti aussi bien depuis des mois.

D'abord craintif, il avait eu raison de suivre la Vieille. Elle avait tenu sa promesse, une promesse qu'elle continuait de tenir : elle l'aidait à changer sa vie. Il était toujours un gamin des rues, ignorant sur beaucoup de points. Il était un vagabond né du mauvais côté, mal vu de l'autre. Il volait toujours pour se nourrir, parce qu'il n'avait pas une pièce pour s'acheter le moindre morceau de pain. Alors qu'est-ce que la femme appuyée sur son bâton tordu avait bien pu faire pour le changer ?

Vagabond ferma les yeux et goûta avec plaisir le vent qui se posa sur son visage. Depuis cette première fois où il avait pris son courage à demain pour grimper le long d'une gouttière et rejoindre les premières tuiles d'un toit, il y avait pris goût. Depuis, dès qu'il pouvait, il prenait de la hauteur. Il y avait bien des gardes qui l'avaient vu, une fois. Ils l'avaient observé, traversant l'un des ponts, ils avaient voulu l'arrêter, le forcer à retourner de son côté. Il s'était enfui par les toits et personne ne l'avait suivi. Ces dernières années, c'était devenu son refuge. Il s'était donné pour objectif de visiter chaque toit de chaque maison de cette tuile. Il voulait se sentir aussi à l'aise en équilibre à plusieurs mètres du sol, que les deux pieds à terre. Bien sûr, il lui arrivait encore de faire des faux pas. Plus d'une fois il avait manqué de tomber. Il aurait pu finir le cou brisé à de nombreuses reprises : il était toujours là.

Qu'est-ce que la Vieille avait changé ?

Tout, absolument tout. Elle lui avait donné le courage d'aller plus loin, la force d'accepter sa condition et de la dépasser. Tous les jours elle lui donnait des leçons pour apprendre à se défendre. Il en ressortait toujours couvert de bleus mais c'était bénéfique. Le but de ces heures à recevoir des coups et mémoriser chaque action, n'avait pas pour but de faire de lui le parfait soldat. Non, loin de là. Elle l'entraînait pour qu'il ait les capacités de faire face. Elle lui donnait les astuces pour plus qu'il craigne de croiser un garde. Il avait déjà un certain courage en lui, elle ne faisait qu'entretenir ce courage.

Il était un enfant du mauvais côté, cela ne devait pas le condamner. Cette phrase elle lui répétait souvent, pour ne pas dire chaque jour. C'était son adage, sa ligne de conduite.

Un jappement lui fit rouvrir les yeux.

Le voilà l'autre changement dans sa vie de gosse des rues. Au-delà de la Vieille, il n'était plus seul.

- J'arrive ma belle.

Avec la précaution qu'il avait apprise, il descendit de son refuge et rejoignit les pavés de la rue. Un caractère de chien affectueux dissimulant mal crocs et griffes. Louve avait grandi, prenant sa taille adulte. Un animal sauvage qui aurait dû rejoindre la forêt, elle ne l'avait jamais fait. Depuis près de trois ans, elle était restée fidèle au garçon, le suivant partout comme son ombre. C'était le seul problème à aimer rejoindre les toits les plus hauts : Louve ne pouvait pas toujours le suivre.

Il caressa la tête de l'animal, se sentant petit à côté de lui.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as faim ?

Elle poussa un jappement. Sa manière à elle de confirmer. Bien sûr Louve savait chasser. Personne ne le lui avait appris, ce n'était que de l'instinct. Vagabond l'avait déjà suivi en forêt, il l'avait vu attendre, patiemment, juste avant de bondir sur sa proie. Grâce à elle, il avait pu goûter de la viande pour la première fois. Un vrai luxe pour des personnes comme lui. Malgré sa taille, elle avait rarement ramené plus gros qu'un lapin. Ils s'en contentaient, autant l'enfant que l'animal.