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Vagabond


L'Académie ne semblait pas plus compliquée à infiltrer que le palais royal. Une immense porte en bois, toujours surveillée. Des gardes circulant tout autour de l'immense bâtiment, à chaque instant. Des fenêtres trop hautes pour être atteintes depuis le sol. Des grilles avaient été posées aux différentes bouches d'aérations qu'il y avait au ras du sol. Pourtant, malgré tout cela, Vagabond se sentait capable de rentrer dans le bâtiment. Il y avait toujours une issue, un passage, invisible aux yeux des autres, que lui était capable de voir. Il ne craignait pas les gardes qui circulaient, il savait se rendre invisible.

La fête animant la ville depuis deux jours lui donnait une distraction parfaite pour rentrer dans l'immense bâtiment. Tous étaient occupés à écouter les musiciens, manger et se balader entre les stands installés dans les rues pour l'occasion. Il y avait cet air paisible, joyeux, détendu, qui s'élever dans l'air. C'était comme si tout danger, tout problème, avait disparu avec la venue de la belle saison. Même de l'autre côté de la Rive l'ambiance était plus joyeuse, chassant l'obscurité ambiante. C'était la même chose chaque année, pendant une semaine tout n'était que musique, joie, couleurs et festivités. Vagabond suivait toujours cet événement de loin, se posant le plus souvent sur un toit assez haut. Il ne voulait pas se mêler à la foule, préférant garder ses distances. Il ne comprenait pas forcément comment même un clochard des rues pouvait oublier tous ses problèmes le temps de quelques jours. Les musiques, jouées en continuent, avait-elle ce pouvoir-là ? Après tout, c'était sans doute quelque chose dont ils avaient tous besoin : mettre les problèmes de côté pendant une semaine. Cela expliquait pourquoi cette fête avait autant de succès et était autant attendue.

Même s'il n'y prêtait pas autant d'attention que les autres, Vagabond était ravie qu'elle ait lieu en même temps qu'un travail qui lui demanderait plus de précaution que les autres. Tous distraient, ils ne feraient pas attention à lui. Même les gardes étaient moins tendus, il le voyait. Ils surveillaient mais avaient une oreille focalisée sur le son des instruments. Avec la foule qu'il y avait, tous ces nouveaux arrivants à la capitale, ils auraient dû être deux fois plus attentifs, surveiller de pieds fermes sans rien laisser passer. Personne ne semblait pouvoir échapper à l'attraction des festivités.

En soit, toutes les conditions étaient réunies pour qu'il parvienne à pénétrer l'Académie.

Après trois jours d'observation et d'analyse, il avait déjà prévu tout son plan. Il savait quelle trajectoire suivre, quel chemin emprunter, quelle faille utiliser pour réussir à aller à l'intérieur.

À côté de lui, Louve lui poussa gentiment la main de son museau humide. Il tourna le regard vers elle et plongea une main dans son pelage. C'était doux, agréable, rassurant. Il aimait avoir la présence de l'animal à côté de lui. Sentir sa présence, pouvoir la caresser, cela le rassurait à chacun de ses contrats, à chaque minute...

Cette fois elle le regardait avec un air inquiet. Il n'y avait pas le même air sauvage et rassurant que d'habitude. Louve ne vivait pas les festivités comme tout le monde, elle sentait tout, ressentait tout. Son museau humait l'air, ses moustaches s'agitaient, ses yeux s'ouvraient et se fermaient.

Elle n'était pas rassurée.

- Tout va bien se passer Louve, ne t'inquiète pas. C'est un travail comme un autre !

Elle poussa un petit jappement. Il ne parlait pas son langage mais il comprenait qu'elle voulait qu'il reste ici. Elle n'allait pas pouvoir l'accompagner à l'intérieur. Le chemin qu'il avait trouvé l'empêchait de le suivre.

- Va m'attendre en forêt, ça sera plus sûr qu'en ville pour toi.

Elle s'assit et ne bougea pas. Elle ne le ferait pas tant qu'il ne serait pas revenu.

Lys et VagabondOù les histoires vivent. Découvrez maintenant