Lys et Vagabond

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Vagabond

Plus il s'en approchait, plus les tours de l'immense bâtiment étaient hautes et imposantes. Comment l'homme pouvait créer de telles bâtisses ? Sa hauteur semblait vouloir rivaliser avec le ciel. Caché dans l'ombre de la rue, l'enfant posa son regard sombre sur les imposantes portes de bois qui empêchaient quiconque de rentrer.

De l'autre côté de la Rive, ils étaient moins informés, ils n'en restaient pas moins habitant de cette ville. Après tout, Zownorha était connu pour cela. Elle tenait sa puissance de cela : les Dragons de métal.

De son côté de la Rive, l'enfant avait entendu murmures et rumeurs. Il avait même vu, quelques fois, survolant la ville. Guerriers, boucliers, armes de guerre, gardiens, ils étaient tout cela à la fois. Comment ils fonctionnaient ? D'où ils venaient ? Depuis quand le royaume les avaient ? Pourquoi personne d'autre n'en avaient ? Ces questions n'avaient pas de réponses. Ou du moins, lui du haut de ses quelques années, ne les avait jamais entendus dans la rue. Même s'ils se montraient au grand jour, même s'ils étaient terrifiants et dissuadaient quiconque de s'en prendre au pays du Roi, les Dragons représentaient le secret le mieux gardait de l'empire.

Ce qu'il savait en revanche, ce qu'il avait cru comprendre, c'était que ce bâtiment, aussi important que l'était le palais royal, était lié aux Dragons et ceux qui les chevauchaient. Ecuries ? Lieu de réunion ? Diverses salles d'entraînement ? Lieu de création ? Seuls ceux pouvant y entrer savaient ce qu'il y avait à l'intérieur.

Lui, il aurait bien aimé savoir. Les récits qu'il avait pu entendre lui avaient mis des étoiles dans les yeux l'espace d'un instant. Les voir dans le ciel encore plus.

Il baissa les yeux sur ses pieds nus, le tissu qui lui servait de pantalon, déchiré et salle, le haut, exactement dans le même état. Ses mèches, aussi sombres que l'était son regard, étaient longues et emmêlées. Il aurait fallu raser tout cela pour y mettre un peu de sens. Son apparence même l'empêcherait de d'entrer dans ce grand bâtiment qui en faisait rêver plus d'un. Le fait qu'il se retrouve de ce côté-là était déjà une honte et une entrave à la règle. Il ne pouvait espérer aller plus loin.

- C'est mon père qui l'a trouvé dans la forêt. Il a abattu sa mère !

Le son des voix arriva jusqu'à ses oreilles. L'enfant détourna le regard du bâtiment des Dragons qu'il fixait. Il ne voyait pas qui parlait, il l'entendait seulement. Il n'en resta pas moins intrigué, sans aucune réponse apparente.

- Il m'a dit que c'était un loup géant des forêts. On en croise rarement. Mon père l'a trouvé, toute tremblante. Elle est pitoyable, vous ne trouvez pas ? Elle a peur de nous.

La curiosité l'emmena à bouger et à se rapprocher de ceux qui parlaient. Il les trouva sans peine, ils n'étaient qu'à quelques mètres. Sortir de la rue lui permit de les voir. Trois personnes, à peine plus vieilles que lui. Ils étaient propres bien habillés, bien coiffés. Tout chez eux trahissait leurs origines. Ils étaient nés du bon côté de la Rive, dans de bonnes familles.

- Pourquoi ton père te l'a ramené ? Elle fait peur, je trouve...

- Il m'a dit que si j'arrivais à l'éduquer et à en faire un bon petit chien obéissant, je serais apte à entrer à l'académie. J'aurais même mon propre dragon !

De là où il était, l'enfant des rues vit le sujet de conversation : un animal au pelage gris et blanc, au museau sombre et humide, aux oreilles pointues et au regard vide.

Il avait déjà vu des animaux qui lui ressenblaient un peu. Les habitants de son côté appelaient cela des « chiens ». Cet animal-là, même ressemblant, semblait différent, plus « sauvage ». Celui qui le tenait au bout d'une corde avait appelé cela un loup géant des forêts, non ? « Géant » ? Cet animal était petit, même pas aussi grand que les chiens errants de ses rues.