Lys et Vagabond

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Vagabond

L'enfant tenait fort son bâton dans ses mains encore trop jeune pour tenir une arme. Depuis trois ans qu'il était avec cette vieille femme, il n'échappait pas à son entraînement quotidien. D'après elle, savoir se défendre, surtout lorsqu'on venait de l'autre côté et qu'on voulait s'imposer, c'était primordial. Se déplacer : correctement, silencieusement, précisément. Tenir son arme : de la bonne manière, toujours adapté à la situation, sortie, prête à servir. Frapper : pour attaquer, pour se défendre, pour feinter, avoir le bon mouvement, toujours s'adapter. Son entraîneur ne laissait rien de côté. Toujours avec un bâton, jamais encore avec une vraie arme, Vagabond aimait de plus en plus cet entraînement. Grâce à lui, il se sentait plus fort... Indéniablement plus fort qu'il ne l'était. Si au début il s'était montré particulièrement maladroit, il prenait à présent un peu plus la confiance. Il ne prétendait pas pouvoir rivaliser avec un combattant de l'armée, ou un maître d'arme royal. Non, loin de là. Il se sentait simplement apte à faire face. La Vieille, comme il aimait l'appeler, était un très bon professeur.

Il ignorait d'où lui venait ce don. Elle ne lui en avait pas parlé. Elle refusait encore de le faire... Raconter son histoire, lui dire qui elle était vraiment, c'était encore son secret. Un véritable mystère. En trois ans, il avait déjà essayé de lui soutirer ces informations. Sa seule réponse était à chaque fois la même : je ne suis qu'un fantôme, une légende de cette ville. Vagabond ne perdait pas espoir. Au même titre qu'elle lui apprenait la voie des armes, ou celui de la guérison par les plantes, elle finirait par lui raconter son histoire.

Il ignorait pourquoi c'était aussi important pour lui. Cela tenait surtout à de la curiosité. Cette femme était la seule à s'être intéressé à lui, à lui avoir offert la possibilité d'aller au-delà de sa condition. Cela lui semblait « légitime » d'en savoir un peu plus sur cette personne-là.

Il reçut un coup sur les mains. Pas fort, juste assez pour le faire réagir.

- Tu n'es pas concentré, ta position est mauvaise. Redresse-toi !

L'enfant suivit les consignes. Il se redressa, droit comme un piquet et prit mieux son arme en main.

- Désolé.

- Reprend le mouvement. Après ça, on ira en forêt.

Comme si elle comprenait parfaitement ce que le mot « forêt » signifiait, Louve redressa la tête. Elle parut plus intéressée par cette nouvelle que par l'entraînement jusque-là.

- Qu'allons-nous faire en forêt ?

- Cueillir des plantes.

Vagabond fit la grimace. Une grimace qui n'échappa pas à la vieille femme. Elle s'appuya un peu plus sur sa canne et fixa le garçon.

- Tu ignores encore beaucoup de chose sur les plantes de la forêt que tu peux manger si tu n'as rien d'autre sous la main. Tu ne connais pas non plus toute celle qui peut soigner une blessure ou apaiser des douleurs de ventre.

- J'en connais déjà beaucoup !

- C'est loin d'être assez.

Il baissa son bâton qui lui servait d'arme et fit une nouvelle grimace, visiblement mécontent du programme prévu pour le reste de la journée. S'il aimait bien apprendre la voie des armes, l'art de marcher dans un silence absolu et même savoir cuisiner, les plantes était loin d'être son sujet favori. Non qu'il doutât de l'utilité de chacun d'entre elle. Il préférait simplement courir les rues, moins affamé et plus librement qu'avant.