Lys et Vagabond

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Lys

Lys s'écrasa derrière le buisson. A cet instant, s'il avait eu le choix, il aurait souhaité être une souris. Ce petit rongeur, ou tout autre animal assez petit pour ne pas être vu. Avec sa tête, ses cheveux blonds qui ne passaient pas inaperçus, il était trop facilement reconnaissable. Dans un pays où tout le monde avait déjà vu au moins une fois le prince, que ce soit en vrai ou en dessin, se déplacer sans être reconnu, cela relevait de l'impossible.

Depuis des jours, le voleur et lui se déplaçaient à l'ombre des arbres, n'empruntant aucun sentier conventionnel. Lys se fiait à ses souvenirs pour aller vers la ville. Vagabond, quant à lui, avait plus confiance au flair de Louve. Tous deux n'avaient jamais quitter la capitale, mais une odeur humaine ne changeait pas d'un lieu à l'autre. Plus ils s'approchaient d'une ville, plus cette odeur était forte. Lys avait bon espoir que la ville en question était Bawzo.

De manière presque trop détendue, au vu de la situation, Vagabond s'allongea à côté de lui derrière ce buisson.

- Alors, les gardes qu'on vient de voir passer sont à qui ? L'Empire ? La ville qu'on cherche à atteindre ? Les envahisseurs ?

Lys baissa les yeux et lâcha un soupir. Ils avaient échappé une énième fois à une patrouille. Même en avançant en pleine forêt, ils en croisaient. A chaque nouvelle rencontre, son compagnon de voyage lui posait la question. A chaque fois, Lys avait la même réponse. Il n'en savait rien. Aucun blason, aucun signe distinct. Même s'il se retrouvait face à des soldats de l'Empire, il ignorait s'ils étaient alliés, ou ennemis. Les choses avançaient vite, elles changeaient vite. En quelques jours, suite aux événements de la capitale, tout était possible.

- Je ne sais pas. Ils n'ont pas le blason du Premier Gouverneur. Ni celui de la capitale.

- Restons bien sagement derrière ce buisson alors. Autant être sûr qu'ils soient bien loin avant de bouger.

Un mouvement, juste à côté d'eux. Lys sursauta, certain qu'ils avaient été repérés. Vagabond ne sourcilla pas. Le voleur n'avait pas besoin de le voir pour savoir de qui il s'agissait. Pour avoir grandit avec cette présence, il pouvait dire qu'il en avait l'habitude. Il savait la reconnaître, la sentir, la ressentir. Elle ne pouvait plus le surprendre. Alors l'attitude tendue, presque effrayée, du prince, l'amusa presque.

- Détends-toi, ce n'est que Louve qui revient.

Le prince posa son regard clair sur l'animal venu s'allonger à côté d'eux. Au fil des jours, il s'était habitué à la louve. Il avait fini par se dire qu'elle n'était pas un danger pour lui, entre autres. La taille de l'animal, en revanche, le rendait toujours autant mal à l'aise. Louve était impressionnante, c'était indéniable.

- Si tu étais un prince fuyant son propre royaume, avec certainement du monde après toi, je pense que toi aussi le moindre bruit t'inquiéterait. A chaque croisement, derrière chaque arbre, j'ai peur de tomber sur un garde, un soldat, quelqu'un qui en veut à ma tête, seulement parce que je suis né dans la famille royale.

Vagabond posa un vague regard sur le jeune homme, juste avant de se tourner vers le ciel, au-delà des feuilles d'arbre.

- Tu sais, je suis né du mauvais côté de la Rive et j'ai grandi dans les rues. Le simple fait d'aller de l'autre côté faisait de moi un hors-la-loi. Puis je suis devenu un voleur. Certains appréciaient mon talent et faisaient appel à moi. D'autres en revanche, voulaient ma tête. Tout ça pour dire que fuir, regarder constamment derrière mon épaule pour voir si je ne suis pas suivi, je connais. J'ai appris à vivre avec, je m'y suis habitué.