California Love

Chapitre 8

Je n'avais pas aussi bien dormi depuis la découverte de la trahison d'Andrew. Ma mère s'est occupée de Gabriel cette nuit, pour que je sois en forme pour mon audience ce matin. Après m'être préparé, je vais embrasser Gabriel avant de prendre la route pour le boulot. Je me sens mieux ce matin que ces derniers jours.

Je croise Grayson à l'entrée du tribunal, qui me salue. Nous montons les marches ensemble, tandis qu'il me demande comment je sens le procès ce matin. Mais au lieu de lui répondre, je me fige instantanément. Il est là. Andrew. Je ne l'ai pas revu depuis ce jour où je l'ai trouvé au lit avec sa collègue. Et il est là, dans sa robe de magistrat. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds lorsqu'il me dit bonjour. Je ne saurais décrire ce que je ressens en ce moment même. Et je déteste le fait qu'il puisse remarquer que ça ne va pas, que sa présence me fait du mal. J'ai mal jusqu'au plus profond de mon âme.

Et je ne sais par quel miracle, Grayson comprend la situation, il adresse un mot à Andrew que je ne capte pas, avant de me prendre par la taille et de me traîner à l'intérieur du tribunal.

— Ellyn ?

Il me secoue le bras et je reviens à l'instant présent. Ses yeux bleus me happent et me font redescendre sur terre. Je balbutie quelques mots.

— Je... reviens.

Je me dirige vers les toilettes, peu assurée sur mes escarpins et m'appuie sur la vasque en inspirant profondément. J'ai l'impression d'étouffer, je dois me reprendre. Dans quelques minutes, je suis attendue, et je n'ai pas le droit à l'erreur. Je ne dois pas pleurer, je dois me retenir. Je croise mon reflet dans le miroir et me concentre pour contenir ma tristesse. Tu es plus forte que ça, Ellyn. Il ne doit pas gagner. Quelqu'un toque à la porte et l'entrouvre en prononçant mon prénom. C'est Grayson.

— Nous sommes attendus.

— J'arrive tout de suite.

Je vérifie mon maquillage, inspire un bon coup et le rejoins pour aller à la rencontre de notre client qui nous attend déjà.

***

Je range mes papiers, une fois la séance levée. Nous avons obtenu un accord plus que généreux et mon client est parti fêter ça avec sa femme. Je me sens si bien lorsque je gagne une affaire, même si elle est petite. Les affaires d'escroqueries où l'on arrive à prouver l'innocence du client et lui trouver un arrangement conséquent, ça me réjouit. Ils peuvent repartir de zéro dans leur vie.

Un bruit de pas me fait me retourner, et c'est mon assistant juridique qui revient. Il me tend la décision du juge signé en plusieurs exemplaires, que j'archive dans le dossier. Il met ses mains dans ses poches et me regarde. Je hausse un sourcil.

— Un soucis, Grayson ?

— Bravo pour avoir gagné cette affaire.

— Merci.

— Vous voulez aller boire un verre pour fêter ça ?

Je le regarde, surprise par sa question. Boire un verre ? Avec lui ? C'est vrai qu'avec mon assistante nous le faisions toujours. Mais j'ai mon bébé à retrouver. Il reprend avant de me laisser répondre.

— J'oubliais que les grands avocats ne prenaient pas de verre avec les petits assistants.

— Qu'est-ce que vous me raconter, Grayson ?

J'ai déjà entendu ces mots-là. Et en effet, ils sont de moi, mais j'ignore où il m'a entendu le dire.

— Rien du tout. Vous allez mieux ?

— Cela ne vous regarde pas, Grayson. Bonne fin de journée.

Je lui affiche mon sourire le plus professionnel avant d'aller vers la sortie. Je m'arrête un instant. La moindre des choses est de le remercier. Je ne me retourne pas.