Chapitre dix.

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Mon corps ne bouge plus, il est complètement figé. Mon esprit n'arrive pas non plus à réfléchir correctement. En presque un an, c'est la première fois qu'Hinata ne vient pas à un entraînement. C'est la première fois qu'il loupe une occasion de jouer au volley, de pratiquer ce sport qu'il adore tant. Ce comportement ne lui ressemble pas, absolument pas. N'est-il pas venu à cause de ce que nous avions fait hier ? A-t-il été écœuré par les choses obscènes que nous avons faites ? Lui qui était si innocent. Cela a dû lui faire un énorme choque de faire des choses sexuelles qui plus est avec un garçon, une personne du même sexe que lui. Tout cela est de ma faute. J'ai laissé mon désir personnel prendre le dessus. J'ai laissé mes fantasmes prendre le contrôle de mon corps et de mon esprit impur. Hinata doit énormément m'en vouloir, il doit m'en vouloir au point de ne pas venir à l'entraînement de volley. Je n'ose même pas imaginer comment il doit se sentir en ce moment. Bon sang... Je ne suis qu'un idiot qui ne sait pas comment s'y prendre avec la personne que j'aime. Je veux seulement qu'Hinata se sente bien. C'est la seule chose que je souhaite.

Les regards de mes coéquipier sont toujours posés sur moi. La pression est à son apogée. Une goutte de sueur froide perle le long de ma tempe droite. Je me sens tellement coupable.

— Hinata n'est pas rentré chez lui hier soir.

La voix du capitaine est grave et ferme. Il emploie un ton très sévère.

Hinata n'est pas retourné à la maison lorsqu'il a quitté la mienne... Où est-il allé ? Où a-t-il erré toute la nuit, seul, dans le froid glacial de l'hiver ? Mes regrets ne font qu'augmenter après ce qu'a dit Sawamura.

Jamais je n'aurais dû lui faire ces choses salaces.

Jamais je n'aurais dû lui hurler de s'en aller.

Jamais je n'aurais dû le traiter aussi méchamment.

— Où êtes-vous allés quand vous avez quitté les sources chaudes ?

— Chez moi. réponds-je froidement.

— Dans ce cas, ça ne m'étonne pas qu'il ait fui. se moque Tsukishima.

— Ce n'est pas une blague. Toute sa famille est très inquiète, nous y compris.

— Il faut le signaler à la police ! Mon petit Shôyô n'est pas du genre à fuguer ! s'exclame Nishinoya.

— C'est vrai mais... Kageyama, tu lui as fait quelque chose ? demande Sugawara, hésitant.

Mes yeux s'écarquillent tandis que tous les regards de mes coéquipier sont rivés sur moi.

C'est de ma faute s'il est parti aussi précipitamment, je le sais bien, mais je ne peux pas dire pour quel raison il s'en est allé. C'est vraiment embarrassant.

— C'est à cause de moi. Ne me demandez pas pourquoi, je ne répondrai pas. déclaré-je, les sourcils froncés.

Tanaka boue de colère. Tous ses muscles sont contractés, ses sourcils sont tellement froncés qu'ils se touchent.

Merde.

Il s'approche de moi et agrippe violemment le col de ma chemise d'uniforme. Son poing tremble de rage. Je ne l'avais jamais vu aussi énervé auparavant.

— Et si quelque chose lui est arrivé ! Il est resté dehors toute la nuit ! Bordel, Kageyama... Dis-nous ce que tu lui as fait !

Il hurle tout en me secouant dans tous les sens, hors de lui.

Je ne peux que subir les actions violentes de Tanaka. Je suis totalement fautif dans l'histoire. Il est juste de me réprimander.

Alors que Tanaka déchaînait sa colère sur moi, le capitaine reçoit un message. Il saisit son téléphone afin de le lire tandis que ses yeux s'écarquillent petit à petit.

— Hinata est avec Kuroo et Kozume. Ils arrivent à la gare dans une demi-heure et ils souhaitent que ce soit Kageyama qui vienne les voir. dit le capitaine, déboussolé.

Le jeune volleyeur au crâne rasé me relâche, l'air toujours aussi énervé.

Suite aux paroles du capitaine, je pose mes affaires sur le sol avant de quitter le gymnase en courant, sans prendre la peine de prévenir mes coéquipiers. Je n'ai pas besoin de réfléchir pour savoir où je vais aller. Le vent souffle et s'écrase contre mon visage. Le bout de mon nez est rougi par le froid matinal. Mais je cours, je cours à en perdre les poumons.

Hinata... Pourquoi es-tu allé voir Kenma ? Le préfères-tu à moi ? Ce que nous avons fait t'a déplu au point de vouloir fuir ? Je suis tellement désolé ! Je ne voulais pas que tu te sentes mal, je voulais simplement te faire du bien, te donner du plaisir. Et puis la distance qui sépare notre ville de celle de Tokyo est immense. Tu as pris la peine d'y aller en bus nocturne, dans le froid glacial de la nuit. Tout seul.

Bon sang, je m'en veux tellement !

Je continue de courir, esquivant quelques passants et commerçants dans la rue. La ville n'est pas très grande, il y a beaucoup de champs, alors la gare n'est plus très loin à présent. Mes enjambées sont longues, tellement longues que je suis déjà arrivé à la gare.

Vingt minutes qui m'ont paru durer une éternité s'écoulent enfin. Mon pied tapote nerveusement contre le sol du quai tandis que le train s'arrête juste en face de moi. Plusieurs personnes descendent, pas beaucoup puisqu'il n'y a pas grand monde dans cette ville. Mes yeux glissent sur chaque personne descendant d'un wagon jusqu'à tomber sur Kuroo, Kozume et Hinata. Plus ces trois garçons s'approchent de moi plus mon ventre se tord d'anxiété. Je culpabilise tellement que ce sentiment s'est transformé en douleur.

— Hey, Kageyama ! s'exclame le plus grand en faisant un geste de main.

Ils sont tout proches de moi et la douleur ne fait que s'intensifier.

— Ton petit chat s'est perdu à Tokyo. Je l'ai croisé alors que je sortais d'un night-club, il cherchait Kenma.

Je ne sais pas quoi dire. En fait, je ne peux rien dire alors que Kuroo et Kozume sont présent.

Les trois garçons sont juste en face de moi. Le passeur de Nekoma affiche toujours un air blasé et indifférent, tout l'inverse de son ami, Kuroo, qui affiche constamment ce rictus provocateur. Hinata, quant à lui, se tient juste derrière Kozume, la tête dirigée vers le bas. Je peux voir qu'il agrippe la main du passeur.

Bordel. Cela m'agace tellement.

— Allons-y, Hinata. dis-je simplement en leur tournant le dos.

— Je veux rester avec Kenma !

Mes yeux s'écarquillent de suite aux dires du rouquin. J'entends même Kuroo glousser dans mon dos. Il l'appelle même par son prénom...

— Désolé, Hinata, mais tu dois rentrer chez toi. Kenma et moi sommes très occupés, aujourd'hui. s'élance le capitaine, une pointe de malice dans la voix.

— Tais-toi... soupire le passeur.

Kuroo rit pendant que je me retourne, leur faisant face à nouveau.

— Shôyô, tu dois parler avec Kageyama. Ce n'est pas en le fuyant que tout va s'arranger. D'après ce que tu m'as dit, tu n'as pas totalement détesté. Alors, vas-y. ajoute Kenma avec neutralité tout en jouant à un jeu mobile.

C'est la première fois qu'il parle autant. Kuroo semble également partager ma surprise puisqu'il félicite son ami d'avoir beaucoup parler.

— Je suppose que tu as raison... souffle Hinata.

Il se détache de la main du passeur tout en sortant de sa cachette. Je peux enfin l'apercevoir. Ses yeux sont un peu gonflés et rougis, montrant qu'il a pleuré. Il semble fatigué au vue de ses cernes apparentes.

— J'y vais. Merci pour tout, Kuroo, Kenma. dit-il en souriant sincèrement avant de s'approcher de moi.

Je me contente d'un simple hochement de tête en guise d'au revoir.

Le rouquin et moi marchons calmement jusqu'à la sortie de la gare, sans nous adresser la parole. Le voir aussi calme me perturbe, lui qui habituellement est si joyeux et excité.

— Hinata, je... Allons parler dans un coin plus tranquille.

Je voulais m'excuser maintenant mais ce n'est pas le bon moment.

— D'accord.

MY EROTIC DREAM. [Kageyama x Hinata]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant