Chapitre 12 : Benson

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J'enfilais mon cuir et sorti de mon appartement pour me retrouver dans le bar. Quelqu'un de mes hommes buvait tranquillement, discutant de tout et de rien avec discrétion. Je m'avançais doucement dans leur dos, de plus en plus soupçonneux. Je n'aimais franchement pas me méfier de ces hommes qui avaient toujours été fidèles au club mais la situation m'y contraignait.

- Je ne comprends pas pourquoi il ne va pas droit au but avec ces connards. Marlon aurait été plus efficace. Il aurait su ce que nous voulons savoir en peu de temps et on aurait pu passer à autre chose.

- Il a ses raisons, Graam. Tu n'as aucun droit de douter de notre prés'. Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Rien du tout. C'est juste qu'on a les coupables sous la main et que je veux qu'ils payent pour ce qu'ils ont fait, maugréa le doc du club.

- Benson veut être sûr d'avoir les bons coupables. En tant que président, il ne peut pas agir sans réfléchir. Vous le savez aussi bien que moi, alors arrêtez de vous monter la tête et laissez-le faire son boulot, comprit, grogna Preston.

J'en avais assez entendu. Graam avait raison. Marlon aurait déjà agi et en temps normal, je l'aurais aussi fait. Seulement, je savais qu'ils n'y étaient pour rien dans cette histoire. J'en étais pratiquement convaincu. La véhémence de Graam, à mon égard, cependant le rendait suspect. Pourquoi voulait-il que je me débarrasse aussi rapidement de mes prisonniers ?

Cela était une piste à creuser. J'avais dans le viseur Jeff, qui semblait être moins en moins présent au QG, et Dan, qui tenait des propos de moins en moins cohérent avec le temps. Graam, que je n'aurais jamais soupçonné avant cela, venait d'être intégré à cette liste. Je fusillais son dos, dégoûter de devoir l'y ajouter et me raclais la gorge. Les hommes pivotèrent tous sur leur tabouret, les yeux écarquillés. Discrètement, je zieutais le doc afin de voir sa réaction. Celui-ci semblait décontenancer et paniquer.

- Boss ? qu'est-ce que tu fais là ? rigola-t-il nerveusement, attirant les regards sur lui.

Les sourcils froncés, je penchais la tête de son côté.

- Mêlez-vous de vos affaires, c'est clair ? grondais-je.

Le silence me répondit.

- Mes décisions ne concernent que moi. Si vous avez un problème avec ça, vous venez me voir au lieu de faire vos putains de commères, m'énervais-je en englobant le groupe mais restant fixé sur Graam.

Preston se leva de son siège et tapota mon épaule en s'éloignant. Les autres, moins tranquille par leur propos, restèrent figés sur leur chaise.

- Un autre commentaire à me soumettre ? demandais-je.

- Désolé, Boss.

Je hochais la tête en la direction de Peter. Il n'était pas la personne visée par mes reproches. Inutile de l'accabler.

- Je sors, parlais-je plus fort pour être entendu par Preston qui s'était attablée plus loin. Ne me dérangez pas pour rien.

- Compris, Benson.

- Keler est parti voir Sandy. Il ne va pas tarder. S'il y a un problème allez le voir. C'est lui qui gère jusqu'à mon retour.

- Tu as besoin qu'un homme t'accompagne ? demanda Preston.

Je secouais la tête. Je ne partais pas en affaires. Cette sortie était d'ordre privé.

- Non, répondis-je en empruntant la porte conduisant au parking du club.

Je grimpais à moto, direction l'université. J'étais déjà en retard. Je ne m'étais pas attendu à rencontrer une meuf aussi excitante que Leah en me forçant à aller à ce festival. Je ne comprenais toujours pas ce qui pouvait autant m'attirer en elle. Elle était, certes, très belle mais j'avais l'habitude des belles meufs. Il y avait quelque chose en elle qui m'appelait. Elle n'avait pas quitté mon esprit depuis la veille. En une nanoseconde, elle avait su me captiver et cela m'emmerdait profondément. J'avais l'espoir d'avoir les idées un peu plus claires après cette soirée en sa compagnie. Il me fallait des réponses. La seule personne, en dehors de ma famille, qui m'avait procuré ce même effet avait été Azalea. Attirer comme un papillon par une flamme, je ne voyais, à l'époque, que par elle. Les doutes qui m'assaillaient, la concernant, me rendaient méfiant envers Leah. Je ne pouvais me tromper une nouvelle fois.

Arriver devant Jefferson Hall, je coupais le contact, descendait de ma selle et m'appuyait sur celle-ci. Je consultais mon téléphone portable, afin de m'assurer qu'il n'y avait pas de problème au club avant d'éteindre l'appareil. Je ne voulais pas être dérangé. Il allait que je règle cette affaire-ci. J'avais bien trop à penser pour me lancer dans quelque chose qui m'en détournerait. Le club avant tout. Cela était la règle numéro un.

Des fines jambes entrèrent dans mon champ de vision et je rangeais mon téléphone dans la poche de mon jean avant de lever les yeux sur le visage souriant de Leah.

- Je t'observe depuis cinq bonnes minutes. Comme tu ne réagissais pas, j'ai décidé de prendre les devants, s'amusa-t-elle de ma distraction.

- J'avais un truc à régler avant d'être tout à toi, poupée.

La jeune femme leva un sourcil, un sourire en coin.

- Vraiment ? Poupée ? Si tu t'attends au genre de nana que tu fréquentes habituellement, je te conseille de retourner d'où tu viens, Benson, me remit-elle à ma place.

Cette femme me plaisait de plus en plus. Je passais mon bras autour de son cou et la ramenais plus près en m'écartant de la moto.

- Grimpe au lieu de dire des conneries.

Leah éclata de rire face à mon ton bourrin, voyant, vraisemblablement, en cela, quelque chose qui prêtait au rire. Elle monta en selle et je la suivis.

- Accroches-toi bien à moi, lui conseillais-je.

- Ce n'est pas la première fois que je monte à moto, tu sais.

Je vis son bras se tendre sur ma droite, en direction de l'autre bout du parking étudiant.

- Tu vois la moto noire là-bas ?

Je hochais la tête.

- C'est la mienne, mon grand. Je ne suis pas une novice en la matière, ricana-t-elle à mon oreille.

D'accord, cette nana est la femme de ma vie, ne pus-je que penser en zieutant une Kawasaki H2R au loin.

- J'adore la vitesse. Passion qui m'a été transmise par mon père, se vanta-t-elle.

Je pivotais jusqu'à pouvoir lui faire face, difficilement, intrigué par cette femme. Elle avait un sourire en coin, sachant parfaitement de l'effet qu'elle avait eu sur moi. Sans arrogance, elle semblait être une jeune femme possédant une confiance en elle qui la rendait sexy.

En cette soirée, je cherchais des réponses à cette attirance instantanée. Nous venions de nous retrouver et j'en avais un semblant. Elle aimait ce qui me faisait le plus vibrer. La route. La vitesse. La liberté. Sans même venir de mon monde, elle possédait un des critères essentiels à mon monde.

Cette soirée était, de toute évidence, pleine de promesse.

Deviation of the ritualOù les histoires vivent. Découvrez maintenant