Chapitre 31 : Benson

454 71 3
                                    


Je la regardais s'éloigner avec l'inextricable envie de la suivre mais je n'en fis, tout d'abord, rien. J'étais trop abasourdi par ce qu'elle venait de nous révéler. Tiraillé entre la croyance en la jeune femme et les doutes, je ne savais comment réagir. J'avais cette femme dans la peau, cela était indéniable, mais elle pouvait être dangereuse. Les informations qu'elle avait énumérées auraient pu lui être transmise par n'importe quel ennemi du club. Elle aurait pu en avoir connaissance lors d'un briefing mais n'était-ce pas moi qui lui avais couru après ? N'avait-elle pas douté du bienfondé d'une relation avec moi, au point d'être résolue à m'écarter de sa vie ? Ne l'avais-je pas vu lutter lorsque son cœur l'avait fait flancher ? N'avais-je pas du user de stratagème pour la faire céder ?

Toutes ces questions me permettaient de retrouver la tête froide et occulter le visage de Graam. Elle était innocente, j'en étais persuadé. Elle n'était pas une traitresse. Quant à cette mystérieuse télépathie, je n'avais toujours pas statué car elle aurait pu, tout de même, avoir connaissance de tout cela dans les journaux régionaux, par le bouche-à-oreille. Ce qui me perturbait, était l'évocation d'Azalea. Cette amie qui me suivait partout lorsque j'étais enfant. Une amie qui avait été invisible pour tous, sauf moi. Cette amie qui avait été une constante agréable et protectrice par le passé, avant qu'elle ne disparaisse de ma vie à jamais. J'avais encore des souvenirs vivaces de celle-ci. Son visage délicat me rappelait celui de Leah, bien que différent. Les vibrassions de sa voix mélodieuse. Cela faisait si longtemps que je n'avais plus repensé à elle que la nostalgie de l'enfance me prit de cours. En bien des points, Leah me rappelait Azalea. Toutes deux étaient parvenu à obtenir mon attention en si peu de temps. Elles semblaient avoir un caractère similaire l'une de l'autre. Plus j'y réfléchissais, plus j'avais l'impression que la femme qui s'éloignait de moi avait tout de la réminiscence d'Azalea. Je pouvais faire le lien entre l'attachement que j'avais pu ressentir pour Azalea être le même que je ressentais pour Leah. Leur prénom faisait corrélation, également. Seul leur physique se dissocier. Azalea était brune, aux doux yeux vert émeraude. Leah était blonde, aux pétillants yeux bleu nuit. Comment avait-elle pu savoir pour cette amie imaginaire ? Personne n'avait connaissance de cet aspect-là de mon enfance. Cela avait été garder secret. Les anciens étaient bien évidemment au courant, m'ayant vu discuter avec elle, tout en se questionnant sur ma santé mentale, mais lorsque j'avais cessé, ils avaient tout décidé de ne plus en faire référence et cette période était tombé dans l'oubli collectif.

- Tu ne peux pas y croire, Benson, s'en mêla Keler.

Je relevais les yeux sur le dos de la jeune femme, qui disparaissait peu à peu de ma vision, avec la tyrannique impression que je venais de commettre une énorme erreur. Je m'étais laissé distraire par le doute. Embrigader par les récents évènements, au point de l'accuser de la pire faute possible au sein de mon monde. Je venais de l'insulter, de la bafouer, et même si elle n'appartenait pas au club, elle restait un être humain qui venait de subir une humiliation publique. Sa colère serait légitime. Cependant, je refuserais toute fuite car même si elle avait été une traitresse, elle serait restée à moi. J'aurais trouvé un moyen pour la détourner de ses machinations pour servir notre cause. Cela n'était, toutefois, pas d'actualité. Il s'agissait à présent d'apaiser cette colère et de restaurer son honneur auprès de tous pour l'erreur que nous avions commise. En particulier, moi.

- Benson, insista-t-il.

- Elle est innocente.

- Elle dit lire dans nos pensées, Boss. Elle est tarée !

Je me tournais vers lui et le choppais par le col pour coller son visage contre le mien, enrager.

- Tu parles de ma régulière alors fait gaffe à ce qui sort de ta bouche, compris ?

- Tu comptes toujours la garder ?

- Qu'est-ce qui t'emmerde autant dans le fait que je me suis choisi une femme ? plissais-je les yeux pour scruter ses réactions.

- Rien. Je veux juste m'assurer que tu donnes ce statut à la bonne personne, fronça-t-il les sourcils devant mes soupçons.

Je le relâchais brutalement, toujours sur les nerfs et prit la direction de la jeune femme pour la rattraper.

- Je n'ai pas besoin d'une deuxième mère, mon frère.

Sans courir, je me précipitais vers le chemin de sentier emprunter par la jeune femme. Elle ne pourrait pas aller bien loin. Nous étions trop éloignés de la ville. Elle en aurait pour la nuit à rentrer au dortoir du campus. Je lui donnais la chasse et la retrouvais à près d'un kilomètre du lac. Elle était visiblement rapidement lorsqu'elle était énervée. Ses pas étaient lourd et sa colère tendait tout son corps. Cela me fit doucement sourire. Je ne l'avais jamais vu autant en colère et je devais avouer que cela était amusant. Néanmoins, je masquais mon amusement lorsque j'arrivais près d'elle et attrapais son bras pour l'arrêter dans sa marche. Les traits de son visage ne prêtaient guère à la tromperie. Elle ne cherchait pas à cacher son énervement. Elle jeta un coup d'œil derrière moi avant de secouer le bras pour que je la relâche et croisa les bras sur sa poitrine. Je fis un pas en avant et elle fit un pas en arrière. Elle souhaitait garder ses distances envers moi. Je ne pouvais que l'accepter après la façon dont je l'avais traité, même si cela me coutait.

- Tu comptes rentrer chez toi à pied ?

- J'attends d'avoir suffisamment de réseau pour appeler Brad. Il viendra me chercher. Maintenant, barres-toi !

Je n'avais pas mesuré sa hargne. Visiblement, elle n'avait plus envie de me voir. Si j'avais été un homme patient, je me serais contenté de la suivre jusqu'à ce que son ami vienne la chercher et la mette en sécurité mais voilà, je ne l'étais pas et je n'avais aucune envie de ce rigolo tienne ma place dans sa vie.

- Je vais te ramener.

- Écoute-moi bien, Benson. Je t'ai laissé ta chance et tu m'as traité comme une pestiférer devant tous tes amis alors c'est fini. Tu m'as humiliée, ce soir. C'était censé être un commencement mais tu as décidé de mettre un point final à cette relation qui n'a même pas eu le temps de voir le jour. Je ne me laisserai jamais traiter de cette manière, c'est bien compris ? gueula-t-elle dans l'obscurité.

- Tu tiens à moi, lui rappelais-je, sans arrogance.

Il fallait qu'elle l'admette car je sentais que j'étais réellement en train de la perdre et cela me faisait bien chier. C'était elle, et personne d'autre, bordel ! N'en avait-elle pas conscience ? Je m'étais laissé aller aux doutes mais en aucun cas, je n'avais imaginé à la perdre.

- Je ne vais pas mentir parce que je me dois bien ça. Oui, je tiens à toi mais je refuse être malmené par qui que ce soit. Je ne me suis jamais senti aussi blesser que je le suis en ce moment même. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Tes amis étaient prêts à me mettre au pilori. Je ne veux plus que tu m'approches. Je ne veux plus entendre parler de toi. Je veux que tu disparaisses de ma vie, est-ce que c'est clair ?

Elle était déterminée et chacun de ses mots étaient parfaitement pensés. Du moins, dans son état de colère. Je ne savais pas comment m'y prendre. Je n'avais jamais eu à retenir une femme. Je ne donnais pas dans les paroles touchantes, empreinte de niaiseries. Aussi, certainement maladroitement, je fis un pas en avant, sentant la colère, due à mon ego, agrémenter d'une pointe de panique, et la fixais profondément dans les yeux.

- N'espère pas te débarrasser de moi comme ça. Tu es à moi et je ne te laisserais pas m'échapper...

Deviation of the ritualOù les histoires vivent. Découvrez maintenant