Chapitre 28 : Leah

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Il affichait un air si déterminé que je redoutais les paroles qu'il allait prononcer. Nous avions déjà eu une conversation au sujet de Benson, la veille au soir, après être rentré sur le campus. Brad n'était clairement pas ravi du revirement de mes choix. Il s'inquiétait outre mesure. Je savais où je m'étais les pieds. J'avais toutes connaissances sur la vie du biker. Il ne m'avait rien caché. Cela m'avait, bien évidemment, angoissé, ayant craint de commettre une énorme erreur en associant ma vie à la sienne. Cependant, à présent, je ne pouvais me contraindre à l'aveuglement. En un baiser, il m'avait transmis plus d'émotions, plus de sensations et de certitudes que j'aurais cru être capable d'absorber. Benson était un homme spécial, que je n'aurais jamais pensé à approcher, au premier abord mais je ne pouvais ignorer ce qui se construisait malgré nous, à chaque seconde que Dieu faisait. Il ne quittait jamais mes pensées depuis notre rencontre et cela était bien pire depuis le baiser de la veille. Cela avait été comme s'il m'avait envahi corps et âme. Mon cœur battait si fort lorsqu'il se trouvait à proximité. Mon être se tendait constamment vers lui, comme en recherche de sa chaleur. Mes pensées me hantaient par son image et le plaisir que j'avais connus de ses mains. À cet instant, rien, ni personne ne pourrait m'empêcher d'aller au bout de cette nouveauté. Je voulais savoir où cela allait me mener, quitte à me prendre un mur et à ne pas en ressortir indemne. Je ne pouvais faire autrement.

Brad avait toujours été excessivement protecteur envers moi, aussi je ne pouvais lui en vouloir de me fusiller du regard. J'avais l'impression qu'il venait remettre les pendules à l'heure à sa sœur prise sur le fait. Cela avait tout d'adorable mais il allait devoir se mettre en tête que j'étais assez grande pour faire mes propres choix et les assumer.

Arrivé devant nous, il ne me quittait pas du regard. J'en fis de même.

- Tu n'y vas pas. Je t'avais prévenu, Leah.

- Et moi, je t'avais dit que j'étais une adulte capable de prendre ses propres responsabilités. Arrête de me traiter comme une gamine. Tu es vraiment chiant quand tu t'y mets.

- Je ne te laisserais pas foutre en l'air tout ce que tu as construit, même si je dois te confronter.

La silhouette de Benson se dessina un peu plus devant moi. Il s'interposait. Je n'en avais pas besoin. Brad était seulement profondément protecteur et cela était compréhensible au vue de sa perte. En me protégeant à l'excès, il se protégeait, lui, d'une nouvelle perte. Ma relation avec Benson le terrifiait car il savait dans quel monde j'étais prête à entrer au nom d'une pseudo romance tout juste naît.

- Laisse-la à ses décisions, gamin.

Je grimaçais face à l'intervention de Benson. J'aurais préféré qu'il se mêle de ses affaires et cela serait une chose à revoir mais pour l'heure, je devais trouver un moyen pour que Brad ne pète pas un câble. Aussi, je repoussais Benson sur le côté et ne fis plus attention à lui. Je fis un pas en avant et attrapais la main de Brad entre les miennes. Seulement, cela n'eut pas l'air de plaire au biker, qui arracha la prise que j'avais sur mon ami pour m'éloigner de lui et se postais devant lui, prêt à en découdre. Brad ne se démonta pas et se redressa de toute sa hauteur. Je secouais la tête devant ce spectacle des plus affligeants et pathétiques. Deux coqs dans la basse-cour. Ils étaient ridicules. Je me glissais entre leurs deux corps, presque compresser par la tension qui régnait. Je posais une main sur le torse de Brad et l'autre sur celui de Benson et tentais de les repousser, tout en essayant de faire fi du seul et unique mot qui tonnait dans mon esprit venant des deux hommes.

« Protection ».

- Ça suffit ! Vous n'êtes pas possible ! Regardez-vous ! c'est absolument inacceptable !

- Il a cas nous foutre la paix, argumenta Benson en passant un bras autour de ma taille, me collant à lui à la manière d'un propriétaire.

Je me débattis un moment avant d'abandonner. Après tout, il avait plus de force et mesurer une bonne tête de plus que moi.

- Je t'interdis de t'en prendre à Brad, c'est bien clair ? Quant à toi, ne me dicte pas ma conduite. C'est ma vie et j'en fais ce que je veux, que ça te plaise ou non. je suis désolée que ça se passe comme ça, je peux te l'assurer. J'aurais aimé que tu sois heureux pour moi mais de toute évidence, c'est trop demander. Il ne s'agit que de toi, encore une fois, de tes peurs, de tes angoisses et tu ne penses pas à ce qui pourrait découler d'une relation avec Benson à mes yeux parce que tu es trop aux prises de tes propres peurs. Je t'aime, Brad, mais je ne peux accepter que tu interviennes cette fois-ci parce que cela me touche de plus près. Je ne suis pas prête à oublier ce qui est en train de naître entre Benson et moi.

Brad baissa le regard sur moi et celui-ci se fit triste, même s'il essayait de toutes ses forces de le masquer.

- Ce n'est pas pour moi que je m'inquiète.

- Pas complètement, non, je te l'accorde mais il y a une part de toi qui te pousse à agir ainsi pour te protéger, pas moi... Brad... je ne suis pas elle... je ne vais pas m'envoler...

Je venais de le meurtrir et la culpabilité était immense. Cela était la première fois que j'énonçais à voix haute cette pensée. Lorsqu'il estimait qu'une situation pouvait me mettre en danger, par le passé, je l'avais toujours laissé faire parce qu'il en avait le besoin profond. Je ne m'y étais jamais opposé. Je m'étais, en un sens, volontiers substituer à sa sœur. Tout était différent, à présent. Je ressentais l'oppressant besoin de me confronter à lui afin de préserver ce qui commençait tout juste entre le biker et moi. Cela le blessait. J'en étais désolée mais je ne pouvais fléchir.

Je fis un pas ers mon ami et celui-ci recula. J'étais vraisemblablement allé trop loin. Évoquer sa sœur avait été une erreur et je l'avais compris au moment même où les mots s'étaient échappés de ma bouche. Brad fit un nouveau pas en arrière avant de nous tourner le dos, définitivement et s'en aller en direction de son dortoir. Instinctivement, je m'élançais pour le rattraper mais une grande main calleuse m'arrêta. Je me tournais vers Benson pour lui faire comprendre qu'il devait me lâcher mais celui-ci resserra sa prise.

- Laisse-le réfléchir à tout ça.

- Je l'ai blessé.

- Raison de plus pour le laisser tranquille.

Je fronçais les sourcils devant sa réplique plus que discutable.

- Je pense que nous devrions reporter cette sortie. Je devrais aller le retrouver.

- Moi, je pense qu'il devrait prendre un moment pour réaliser que tu ne lui appartiens pas et que tu es libre de faire ce que tu veux.

- Il a ses raisons...

- Peu m'importe. Ces raisons ne sont pas les tiennes. Tu n'as pas à subir ses humeurs pour le tranquilliser. Tu as droit à ta vie aussi.

Je devais admettre qu'il n'avait pas tort. Cependant, il m'était compliqué de me resonner lorsqu'il s'agissait de mes amis les plus proches. Ils étaient importants à mes yeux. Brad avait ses propres problèmes à gérer, des fêlures dont il lui fallait guérir. Je souhaitais seulement l'épargner au maximum. Néanmoins, cela avait-il été la bonne méthode afin qu'il avance dans la vie et se remette de ce passage tragique qui le faisait encore souffrir ?

Je soupirais fortement, partagé entre ses deux hommes. Je jetais un dernier regard en direction du chemin pris par Brad et décidais qu'il était peut-être temps pour lui de faire face à ses angoisses tout seul, et pour moi, de faire confiance à cet avenir qui se dessinait pour moi...

Deviation of the ritualOù les histoires vivent. Découvrez maintenant