Deviation of the ritual

Chapitre 47 : Benson

Enfoncer dans mon siège, derrière mon bureau, je repensais aux derniers évènements. J'avais ramené Leah au campus, le matin même, après avoir passé la nuit avec elle au lac. J'étais complètement ailleurs alors que j'essayais d'intégrer ses révélations.

J'avais un souvenir net de cette amie invisible aux yeux de tous. Je me souvenais de l'attachement que je ressentais pour Azalea. Étant petit, je ne faisais pas de distinction et m'étais mis en tête que j'avais le droit d'avoir deux mamans. J'avais aimé Azalea, jusqu'au jour où elle était partie. J'en avais été malade durant des semaines. J'avais passé des nuits à la réclamer. En grandissant, j'avais développé un esprit critique concernant ce moment de ma vie d'enfant, me qualifiant de petit con, complètement stupide, de croire qu'une femme avait été à mes côtés, sans que personne ne puisse la voir. Elle n'était devenue qu'une amie imaginaire, une période où mon imagination de petit garçon m'avait joué des tours.

Il y avait bien eu le jour où j'avais cru la revoir, encapuchonner, devant le garage mais je supposais que cela avait qu'une femme quelconque, étant donné qu'Azalea était Leah. Cela était encore fou de penser à elle comme étant la femme qui me bordait chaque soir. Je supposais qu'elle n'avait pas en tête cela non plus lorsqu'elle avait pris cette décision. J'avais eu beaucoup de mal à la croire, au début de ses explications. J'avais d'abord pensé qu'elle était en pleine crise de démence et je me demandais comment j'allais pouvoir l'aider à refaire surface. Pourtant, elle avait des informations très intimes sur ma famille. Des informations qu'elle n'aurait pas pu connaître sans avoir été présente, excepté si elle avait connu Marlon avant sa mort, ce qui était parfaitement impossible. Marlon ne s'approchait plus des femmes après la perte de sa régulière, si ce n'était pas pour soulager sa libido. Il ne leur parlait pas, n'engageait aucune démarche de communication. Il se contentait de pointer une meuf du club du doigt et la fille comprenait. Il ne quittait que rarement l'enceinte du QG, en dehors des missions. Aussi, il n'aurait jamais pu rencontrer une petite étudiante arrivée de Chicago et lui raconter son histoire. Marlon n'en parlait que très peu et seulement à ma mère.

Cela m'avait alors convaincu. Elle avait des détails de l'histoire qu'il me faudrait confirmer auprès de Maylis mais je ne doutais pas qu'ils étaient véridiques. Cependant, il me faudrait patienter pour cela, ne voulant pas appuyer dans la plaie qu'avait provoquée la mort de Marlon chez ma mère. J'attendrais qu'elle soit remise de cela. Après tout, elle venait de l'apprendre. Derrière ses sourires, se cachait sa peine. Je connaissais ma mère, elle était vu par tous, ici, comme une femme forte mais la perte de Marlon l'avait affaiblie. Elle avait besoin de temps.

Leah était Azalea. Azalea était Leah. La femme qui prenait soin de moi, par le passé, était la femme que je m'étais choisi pour l'avenir. J'avais l'impression d'être passé dans un autre monde. Cela confirmait, également, que toutes ces conneries de vie après la mort, existaient bel et bien. Quel merdier il me fallait intégrer !

Avant de laisser partir Leah, je l'avais informé que je viendrais la chercher après sa journée de cours. Il s'avérait que cette histoire avait tout changé entre nous. Si je l'avais dans la peau, avant cela, cela tournait à l'obsession, à présent. J'avais bizarrement hésité à lui exposer mes projets immédiatement, préférant la douceur afin de ne pas la braquer mais je comptais bien la faire emménager rapidement au QG. Leah était à moi, ce qui voulait dire qu'elle était devenue une parfaite cible pour nos ennemis. De plus, elle possédait une caractéristique qui, si découvert, l'exposer un peu plus au danger. Je voulais la protéger des connards qui pourraient s'en prendre à elle. Il lui faudrait accepter. Elle commençait à connaître suffisamment mon monde pour savoir qu'il n'était pas tranquille.

Je regardais les heures défiler avec impatience. Elle devait passer ses examens, la semaine suivante. Aussi, il lui faudrait du temps pour réviser comme il se devait. J'avais bien prévenu, ma famille et Keler, qu'il leur serait interdit de débarquer à leur guise dans mes appartements durant cette période-là. Je tenais à ce que Leah accomplisse son rêve de devenir avocate. Je ne pouvais que m'incliner face à sa détermination d'y parvenir. Elle n'aurait plus de cours, à ce moment-là, aussi, je comptais lui laisser tout l'espace dont elle aurait besoin en travaillant sur les affaires du club avant de la retrouver en fin de journée pour la détendre à ma manière. Pour cela, elle devait concéder à venir vivre chez moi. Je savais que cette idée allait lui demander réflexion, car elle avait des amis en dehors du club mais sa vie était ici, à présent. Elle avait fait le choix de m'avoir dans sa vie et cela impliquait, pour elle, pas mal de changement. Elle serait bien plus en sécurité entre nos murs. C'était ce que je voulais. Cela était égoïste mais je m'en foutais royalement. Tout ce qui comptait, à mes yeux, était le club et ma famille, dont elle faisait partie. Ses amis n'auraient qu'à ronger leur frein pour la revoir lorsque nous ne serions pas occupés. J'avais déjà mis à sa disposition les meilleurs prospects du moment à ses trousses afin de me tranquilliser mais il ne serait pas toujours possible de lui mettre à disposition des hommes. Travailler dans un monde comme le mien entraîner un ébranlement sans nom dans la vie de toutes personnes en lien avec moi. Ma famille en avait l'habitude, ayant toujours vécu ainsi mais il en serait autrement pour Leah. Elle avait toujours vécu libre comme l'air, allant et venant à sa guise. J'espérais qu'elle s'y adapterait.

Il me restait encore une demi-heure à attendre avant de débarquer, en avance, devant le bâtiment de son dernier cours de la journée. Je quittais alors mon fauteuil et descendis au bar pour prendre un verre ou deux. Je ne savais pas si elle se doutait de ce qui l'attendait à mon arrivée, étant donné qu'il était compliqué de lui cacher des choses, mais je ne comptais pas me torturer l'esprit bien longtemps et lui annoncer son déménagement dès que je la verrais. Je ne pouvais me permettre un refus. Elle pourrait argumenter autant qu'elle le voudrait tant qu'au final, elle venait vivre avec moi.

La pièce était envahie de monde mais je n'y prêtais pas attention. Je passais derrière le bar et choppais une bière. Je ne tenais pas à me rendre minable alors qu'elle serait certainement derrière moi pour le retour, à moins qu'elle ne décide de prendre sa propre moto pour la stationner définitivement au club. Je n'y voyais, personnellement, aucun inconvénient.

Je fus vite rejoint par Maylis, une fois installer. Ma mère était une putain de inspectrice, voulant toujours tout savoir sur ce qui pouvait se passer dans la vie de ses enfants. Cela aurait pu être justifiable lorsque nous étions petits mais elle aurait pu se calmer une fois que nous avions atteint l'âge adulte. Le fait était que j'avais une régulière et elle semblait en être heureuse.

- Où est Leah ?

Je levais les yeux au ciel en grognant d'agacement.

- En cours.

- Elle fait quelle étude ?

- Droit.

- Tu as tiré le gros lot avec celle-là, souriait-elle grandement. Ne fait pas le con avec elle, ajouta-t-elle en prévention, sourire oublier.

- Ce n'est pas dans mes intentions, je peux te l'assurer.

- Je sais. Tu es mon fils et je t'ai élevé à la perfection, se gratifia-t-elle, mais vaux mieux prévenir que guérir.

- Je vais lui dire qu'elle vient emménager ici, avec moi, l'informais-je pour la rassurer.

- C'est une bonne chose. Elle sera plus en sécurité avec nous tous, agréa-t-elle à ma décision.

Je hochais la tête avant de boire une goulée de ma bière.

- Elle est spéciale.

- Tu l'as trouvé toute seule celle-là ? ricanais-je.

- Petit con ! ce que je voulais dire et que personne ne doit savoir pour elle.

- Personne ne le sait à part nous.

- Bien. On la protégera. Tu crois que vos enfants auront le même don qu'elle, réfléchissait-elle tout haut.

Je savais que cela ne serait pas possible. Leah avait cette particularité parce qu'elle était un être bien différent avant cela. Elle n'avait rien d'humain. Un ange gardien. Je n'en revenais toujours pas, malgré le nombre incalculable de fois que je me le répétais intérieurement. Cependant, je ne pouvais pas en dire un mot, aussi je haussais les épaules.

- J'aimerais lui parler. Tu vas la chercher après ses cours ?

- Ouais, grognais-je, irriter qu'elle puisse déjà penser à me la voler avant même qu'elle ne soit arrivée.

- Bien, alors ne te l'accapare pas. Je veux faire la connaissance de ma nouvelle fille, gronda-t-elle en se levant pour aller retrouver la table de Sonny.

Je profitais de ma solitude pour finir ma bière, sans être interrompu et me levais, à mon tour, pour rejoindre l'extérieur, prêt à retrouver ma régulière.

Elle pouvait bien prendre le temps qu'elle voulait pour discuter avant Leah, tant que, pour ma part, j'avais une vie pour profiter de ma femme et cela allait commencer dès le soir même...