Chapitre 17 : Benson

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Je ne pouvais nier que cette femme sache s'amuser. Elle ne reculait devant rien. J'avouais avoir voulu la tester en l'amenant dans le temple de la fête, où les soirées pouvaient rapidement devenir salement dérangeantes. Elle n'avait pas cillé, une seule seconde. Elle n'avait pas été dégouter d'assister à des scènes qui aurait fait fuir n'importe quelle femme de bonne famille. Aussi, ses origines m'intéressaient de plus en plus. D'où venait-elle ?

Elle ressemblait tant aux jeunes filles de bonne famille qui cherchaient à s'émanciper des principes moraux de parents stricts, une fois à l'université. Ses longs cheveux blonds et son air candide m'avaient trompé. J'en étais persuadé, à présent.

Je la menais dans un bar miteux et, encore une fois, elle me surprit en ne faisant aucun commentaire sur l'endroit. Elle se laissa simplement diriger jusqu'à une table au fond de la salle. Alors qu'elle s'installait sur sa chaise, grinçante sous son poids plume, je doutais que la mienne ne tienne sous le mien. Je pris le risque et m'asseyais à mon tour. Lorsque je relevais le regard sur elle, ses sourcils étaient froncés.

- Qu'est-ce que tu as ?

- Tu n'as pas l'impression, parfois, d'avoir déjà vécu un moment de ta vie ?

Je la scrutais intensément en me demandant si je ne devrais pas freiner sa consommation d'alcool.

- Tu as l'impression d'avoir déjà vécu ce moment ? C'est un peu vexant que tu puisses me comparer à un autre, tu sais, poupée.

- Non, ce n'était pas avec un autre.... Laisse tomber, se reprit-elle en secouant légèrement la tête. Je voulais te remercier de m'avoir emmené ici. C'est la première fois que je découvre bourbon street. C'est un endroit particulièrement intéressant en fin de semaine, souriait-elle.

- Ils savent faire la fête par ici.

- Je ne te le fais pas dire, rigola-t-elle en levant une main.

Une serveuse, tout aussi bourrée que les fêtards, arriva à notre table.

- Je peux vous servir quelque chose ? demanda-t-elle d'une voix pâteuse.

- On voudrait deux pintes, s'il vous plaît.

- Tout de suite, partit la serveuse d'un pas mal assuré.

Leah me jeta un coup d'œil avant qu'un éclat de rire se répercute dans toute la salle, égayant un peu cet endroit respirant le désespoir.

- Tu tiens bien l'alcool, constatais-je admiratif.

- Ouais, j'ai eu mon compte de fête de lycée alcooliser au Texas. On est de bon buveur là-bas, ricana-t-elle.

- Tu montes à moto. Tu bois comme une pro. Qu'est-ce que je vais découvrir de toi d'autres pour me faire perdre la tête ?

Cela eut bon de la faire rire, d'un son cristallin malgré la quantité d'alcool ingérer.

- Je n'en sais rien. Continue à me côtoyer et peut-être que tu auras la chance d'en découvrir plus, s'amusa-t-elle d'un sourire en coin.

- La nuit n'est pas finie !

- J'aurais envie de dire la même chose mais je te rappelle que je suis une étudiante. J'ai cours dans cinq heures et je ne peux décemment pas m'y rendre transpirant l'alcool par tous les pores.

Fronçant les sourcils, je compris instantanément qu'il n'y aurait pas de suite à cette soirée. Elle ne comptait pas me laisser l'emmener à mon appartement pour finir la nuit. Ce ne fut pas ce constat qui me perturba le plus mais mon envie de l'emmener dans mon antre. Aucune femme n'entrait dans mon appartement. Je prenais les meufs dans une chambre quelconque du club, jamais chez moi. Pourtant, Leah aurait eu ce privilège mais refusait. J'en étais déçu. Cela ne me décourageait pas, néanmoins. Cette femme était trop exaltante pour que je passe à autre chose parce qu'elle possédait des principes qui m'emmerdaient.

- Ne sois pas déçu, Benson, dit-elle en attrapant ma main, au-dessus de la table. Je ne veux simplement pas être une autre fille de plus pour toi. Quelque chose m'attire à toi et j'aime ça. Profitons de ça pour nous découvrir. Je ne veux pas aller trop vite. Tu n'es pas comme les autres, affirma-t-elle.

- Je ne te le fais pas dire, maugréais-je dans ma barbe.

- Ce que je veux dire, c'est que notre rencontre est spéciale, je le sens, et je veux découvrir en quoi.

- Le meilleur coup de ta vie, peut-être ? ricanais-je.

Elle leva les yeux au ciel, exaspérée, gardant, tout de même, un petit sourire au coin des lèvres.

- Ne t'avance pas, Benson, me charia-t-elle.

- Laisse-moi te montrer pour mettre les choses au clair, me vexais-je dans un instinct purement masculin.

- La prochaine fois... peut-être...

- Tu veux que j'implose ? Je lutte déjà pour ne pas te renverser sur cette putain de table ! l'avertissais-je.

Cela la fit rire à gorge déployer. Elle était belle et possédait une personnalité intrigante. Elle savait captiver l'attention par sa présence. Cette femme avait quelque chose qui vous laissait une empreinte indélébile.

- Pourquoi le droit ?

Elle haussa les épaules.

- Obtenir justice peut-être ? J'ai toujours voulu le devenir afin de protéger les enfants. Je compte me spécialiser dans les droits de l'enfance.

- Tu as été victime de violences étant enfant, demandais-je en serrant mes poings.

Je ne comprenais pas pourquoi mes nerfs furent instinctivement en action à cette perspective mais sa réponse allait clairement dépendre de l'état de la suite de la soirée. Elle secoua la tête avec un petit sourire.

- Non, mon enfance a été plus qu'heureuse. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me bats si fort pour arriver à ce but mais ça me tient réellement à cœur. Chaque enfant devrait avoir droit au même type d'enfance dont j'ai bénéficié. Mon but est de faire en sorte que ça arrive. Je veux devenir le pire cauchemar de tous les parents maltraitants du pays, expliqua-t-elle avec ferveur.

Elle était incroyable en tout point. Mes poings restèrent serrer... pour d'autres raisons à présent. J'avais envie d'elle. J'avais vraiment envie d'elle. Elle en avait envie aussi mais je respecterais, pour la première fois de ma vie, cette femme. Elle n'était pas une meuf du club. Elle n'en avait pas la stature. Leah n'était pas interchangeable. Cela était si vrai. La première chose dont j'étais plus que sûr depuis ma prise de pouvoir du club. Elle méritait bien plus. C'était une femme intelligente, drôle, bienveillante, joyeuse, compétitive, responsable. Tout cela dans un corps de déesse.

Je ne voulais pas tout foirer avec elle. Je tenais là, entre mes mains, une pépite, un diamant.

On ne manipulait pas une pierre précieuse, comme on manipulait un zircon. Aussi, on irait au rythme qu'elle souhaitait, quitte à en devenir fou de désir. Hors de question de la traiter comme une meuf du club. Leah n'e avait pas la prestance. Elle avait la stature d'une régulière...

Deviation of the ritualOù les histoires vivent. Découvrez maintenant