Chapitre 7

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Le bar était vide. Il était assis une fois de plus seul sur l'un des tabourets au cuir rouge en hauteur. Le regard pratiquement vide, une légère fatigue qui lui piquait la rétine. Le barman de tout à l'heure souriait, il lui resservit un whisky avec de la glace, puis, il expira toute l'air qu'il avait laissé monter dans ses poumons. Le bois était encore luisant, les lumières se reflétaient dessus, et derrière lui il reçut comme un frisson. Sa vue se brouilla lentement, peut-être que l'alcool faisait effet maintenant. Le dessin d'un dragon sombre dans son verre l'occupa un bref instant. Il le trouvait intriguant, préoccupant et presque trop fort pour n'être qu'un vulgaire dessin dans un faire. Seishu trouvait drôle que ce symbole s'agrandisse sous l'effet du liquide omniprésent dans le verre. Les initiales BD semblait faire partie intégrante de ce dragon qui hurlait sa force et sa puissance alors qu'il était envahit par de l'alcool. Finalement, absorbait par le liquide dans ce verre de cristal, le gout de ce jus marron semblait fruité et amer. Le Jack Daniel était un tant soit peu fort, mais il réchauffa son œsophage qui ne voulait pas parler, sa gorge se sera légèrement, et un picotement bavard se témoigna ou peut-être en avait-il besoin, pour se sentir vivre un peu plus afin de faire vivre ses souvenirs. Il laissa ses lèvres s'imbiber d'alcool. Ses organes en réclamèrent un peu plus, alors que son corps se contenta de cette chaleur qui lui manquait. Au loin, il remarqua Shinichiro jouait au poker avec Wakasa en se faisant du pied... il souffla. Plus loin, Takeomi flirtait avec Ran. Et il croisa le regard sombre de quelqu'un qu'il ignora non par peur, mais par protection. Seishu n'était pas prêts à le revoir, ou même à lui parler. Peu importe il gesticula sur ce siège, et attendait que quelqu'un ne le trouble. Autour de lui, tout le monde jouait encore, alors que d'autre se ruinait tout seul. Mais cette présence derrière lui le perturbait, il avait senti ce regard sur lui depuis qu'il avait gagné. Cette aura était persistante, lente et presque agaçante. Enfin, le casino grouillait de monde ; il ne manquait pas de vie, Inui soupira, avalant une gorgée de son verre. 

Inui regardait son verre. Ses clefs de chambre dans sa poche semblaient l'attendre. Il devrait rentrer dans sa suite. Il ne le faisait pas. Il attendait on ne saurait quoi. Mais il le faisait tout de même sans connaître la raison. Le blond attendait, se rappelant que... oui elle le trainait ici de temps à autre. Akane... sa joie, son intelligence, ses douces réflexions lui manquaient horriblement. Elle l'emmenait ici pour pouvoir tenter sa chance. C'est ici qu'il avait appris à jouer. Sa chance... il se questionna sur le sens éthique de ce mot. À quoi se rapportait-il quand on n'y croyait pas. Lui, il n'avait pas de chance. Elle n'en avait pas eu, et lui, l'avait perdu tel un lâche. Un vaste souvenir refit surface. Il secoua la tête. Seishu pensait trop. Sa sœur mourante, prise de flammes, puis son corps inerte dans l'hôpital. Brulée dans le désespoir. Non, en fait, il côtoyait la malchance. Sa défunte sœur hantait son esprit, et il prit une gorgée de son verre pour tenter de l'oublier. Aucun deuil ne lui avait suffi. Il s'en voulait. Elle lui manquait. Il l'aimait trop... mais il ne le montrait pas, et il ne lui avait pas assez dit... 

Le Black Dragon était vraiment un lieu de féerie ce soir. Mais son regard sans émotion le rendait froid. Presque sans vie... il ne se sentait pas mal, mais sans vie, comme si on avait aspiré cette joie en lui et qu'il ne pourrait jamais la retrouver. Un léger mal de tête le retira de sa rêverie cauchemardesque. Tout était là devant, organisé en des souvenirs douloureux, mais à la fois heureux. Pourquoi était-il là ? 

- « Salut... » fit une voix masculine derrière lui. Il l'avait déjà entendu quelque part, elle ne lui était pas inconnue. Il se fige se tournant lentement sur le tabouret. Il le reconnu... le garçon de la galerie d'art. Celui qui avait acheté cette magnifique toile. 

- « Salut... » dit-il d'une voix lente et presque tremblante. Il trouvait les prunelles noires de ce garçon tout simplement belles et intenses. Il pourrait y tomber pour s'y engouffrer. Son odeur était si masculine ; boisée et douce à la fois. Elle chatouillait ses narines qui appréciaient de plus en plus cette présence. Inui se sentait moins seul. Il était venu pour le retrouver ce soir ? Non. 

𝘊𝘢𝘭𝘤𝘶𝘭 𝘋𝘦 𝘊𝘩𝘢𝘯𝘤𝘦 | ᵏᵒᵏᵒⁱⁿᵘⁱ |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant