Chapitre 4

1.5K 75 4
                                    

1944

On avait convenu que le mariage aurait lieu lors de sa prochaine venue.

J'étais trépignante d'excitation. Mes doigts tremblaient sans cesse, ma coiffure n'était jamais assez jolie, mes yeux semblaient hyperactifs...

Rebecca- Cesse de bouger ainsi! Détends-toi un peu...

Laure- Plus facile à dire qu'à faire!

Elle place la dernière mèche de cheveux derrière mon oreille avec un sourire et me tourne face au miroir.

Ma robe retombe sur mon dos avec douceur, laisse les épaules nues et effleure le sol de sa dentelle blanche. Il y avait des fleurs brodées sur les bras et la poitrine.

Rebecca- Tu vois? Tu es magnifique.

Je souris à notre reflet. En effet, je suis magnifique.

Les minutes suivantes furent très indistinctes. Mon père prend doucement mon coude et il  m'accompagne dans l'allée. Son regard fier m'observe, brillant de larmes.

Lorsque mes yeux croisent ceux de Bucky, le temps semble se figer. Il est émerveillé devant mon allure, je contemple sa beauté naturelle.

Nous formulons nos voeux avec aisance. Je les ai récités tellement de fois, seule dans ma chambre, nerveuse à en mourir.

Puis, les alliances rejoignent nos doigts. Il me fixe avec des étoiles dans les yeux, son sourire éclairant ses traits. Mon coeur palpite dans ma poitrine et je murmure un "je le veux" nerveux.

Le bras de James se glisse autour de mes hanches et je courbe mon dos pour me retrouver comme dans les films. Vous savez, lorsque l'homme embrasse la mariée? La même.

Il dépose ses lèvres sur les miennes et mon sourire s'élargit. Les applaudissements disparaissent progressivement pour laisser place à notre moment présent.

Bucky- Je t'aime, Lau.

Laure- Je t'aime bien plus encore.

***

Je sentais un énorme poids sur mes poumons. Ça m'écrasait, me faisait mal. Si j'essayais de respirer, tout devenait plus noir encore.

Douleur. C'est le seul mot qui me vient en tête pour décrire cette sensation.

J'étais en chute libre dans l'eau glacée, gelée jusqu'aux os, les yeux perdus. Je ne me rappelle plus trop comment je suis tombée, à vrai dire.

Mon regard fatigué remarque une percée dans l'eau. Un bras se tend vers moi, je veux l'agripper, mais je n'en ait pas la force. Des doigts veulent retrouver les miens et me sortir de là, mais c'est impossible.

Je n'ai plus de souffle, plus de force, plus de volonté. Tout ce que je peux faire, c'est laisser le froid me mordre la peau et l'oxygène disparaître.

L'alliance à mon annulaire brille dans la noirceur de l'océan, démontrant qu'il reste un peu de lumière même si profondément.

Un éclair de lucidité me traverse l'esprit et je me retrouve à l'air libre. Je remplis mes poumons d'air, mais ce n'est pas de la satisfaction qui m'envahi.

Au contraire, je sens des couteaux transpercer ma poitrine et m'immobiliser pour de bon. Je comprends alors que je me suis fait duper par l'adrénaline.

2013

Couchée au fond de l'eau, la peau bleue, les lèvres gonflées, je fixe le vide.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis coincée là. J'ai commencé par compter les heures, puis les jours. Les semaines. Les mois. J'ai perdu le fil...

Je respire, étrangement. J'aurais préféré mourir. À chaque respiration, j'ai encore plus mal. Des brûlures parcourent ma gorge et rendent chaque inspiration difficile.

Au départ, je pensais à lui. À cet homme aux yeux bleus acier, aux cheveux bruns, au visage calme. Source de bonheur.

Puis, plus le temps passait, plus ma mémoire se dégradait. À fixer le vide et ressasser les souvenirs, ils s'effacent...

C'est d'abord son odeur qui a disparu. Puis, son contact. Sa voix. La douceur de sa peau. Ses baisers. Sa silhouette. Des moments passés ensemble. Ce qu'il était pour moi.

Il ne reste que ses yeux. Deux lunes bleutées qui illuminent mon esprit. Je ne sais pas ce qu'elles veulent dire, elles hantent mes jours et mes nuits.

À travers ma douleur et mon impatience, il y a ces deux lunes aux reflets argentés. Elles sont éclatantes, irréelles. Je me dis parfois que je suis folle et que je m'imagine des choses.

Mes membres sont enlisés dans le sol. Il n'y a rien que je puisse faire pour m'en sortir, j'ai essayé. Toute tentative s'est avérée inutile.

J'ai vu bien des choses, dans ma prison glacée. Tout d'abord, les dégradations du froid sur mon corps. Puis, des créatures horribles qui tentaient de me manger, croyant que j'étais morte.

La solitude était un fardeau, maintenant elle est mon quotidien. Je ne fais que regarder les poissons squelettiques passer près de moi et le noir m'engloutir un peu plus chaque minute.

Je n'ai pas de passé, pas de souvenirs, pas de vie. Je ne suis rien. Personne.

Une lumière m'aveugle. J'ouvre la bouche pour protester. Je ne veux pas avoir de la compagnie.

Une cage en acier m'entoure. Je tourne une tête rongée par l'eau froide vers la droite. Mes doigts décharnés frôlent le métal frais.

Je me fais hisser vers le haut. Lorsque l'air revient dans mes poumons, je n'y crois tout simplement pas. C'est un miracle.

Un visage se dresse devant le mien. Deux yeux sombres et un sourire arrogant se dessinent sous mon regard fatigué.

?- Dites à Rogers que j'ai quelque chose.

Il passe son doigt sur ma joue. Je frissonne. Il fronce les sourcils et replace son noeud de cravate en se relevant.

?- Il te faudra beaucoup de réparations, ma belle. Des tas et des tas de chirurgies...

À travers nos souvenirs || Bucky Fanfiction || 18+ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant