1. Bats-toi.

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Propriété des Anderson; Miami, 16h47.


Nos respirations sont saccadées, nos rythmes cardiaques désordonnés. Je me jette de nouveau sur lui.

— Doucement Alaë. Prends le temps de reprendre ton souffle. Faisons une petite pause, tu veux ? halète-t-il me voyant prête pour un nouveau round.

— C'est toi qui vois, dis-je, avec une pointe de déception dans la voix.

— Je suis fier de toi, m'encourage gentiment Amine. Tu es de plus en plus confiante, continue comme ça.

Je souris bêtement à mon beau professeur aux yeux clairs. Sa peau bronzée et ses cheveux foncés réchauffent l'ambiance maussade du salon de mon oncle. Ce qu'il vient de me dire ne vaut rien à ses yeux, c'est un compliment qu'il ne pense sûrement pas et pourtant, l'entendre me motive et me met du baume au cœur. J'ai l'impression que mes efforts paient, réellement.

— Merci Amine, m'essoufflé-je.

Nous restons là, immobiles et muets, avec pour seul fond sonore, le bruit de nos respirations. Il tend le bras vers une des bouteilles d'eau posées sur la table basse près de lui, puis me lance un regard interrogateur pour m'en proposer une. Je décline son offre par un simple mouvement de tête. Il ouvre la bouteille et avale quelques gorgées avant de frapper dans ses mains.

— Toujours partante ? lance-t-il plein d'entrain.

— Je n'attends que toi.

— Allons-y, mets toi en garde.

J'acquiesce d'un geste de la tête, avant de placer mes mains devant mon visage, prête à attaquer ou à... Son bras bouge en un crochet vers ma tête, coup que je pare aisément.

Fière d'avoir esquivé, une montée de confiance me pousse à attaquer à mon tour, sans lui laisser de répit. Je feinte un coup de genou afin d'attirer son attention sur mes jambes, alors que je pousse le haut de son corps aussi fort que possible dans l'optique de lui faire perdre l'équilibre. Ce geste le fait seulement vaciller. Il sourit, reprend sa garde ainsi que ses appuis.

— Joli coup, complimente-t-il.

— Je sais, ricané-je.

Nous restons concentrés, à l'affût du moindre mouvement de l'autre. Je bouge la première. J'essaye de le feinter ou de lui faire baisser sa garde, pour prendre l'ascendant. Petit à petit, j'y parviens. Il est obnubilé par la précision et la vitesse de mes coups, alors il perd sa concentration.

— Putain ! m'agacé-je. Arrête de me faciliter la tâche et bats-toi !

— Laisse-moi admirer tes progrès !

— Tu veux les voir de plus près peut-être ? le provoqué-je, en lui offrant un sourire espiègle. 5 ans que tu m'entraînes et tu vois encore des progrès ?

Il baisse légèrement son visage afin de lâcher un souffle du nez amusé. Cette fois-ci, pas question de me louper, il va tomber et je le maîtriserai. Je profite de l'ouverture pour attaquer, mais mon adversaire n'est pas dupe.

Il se rue vers moi en premier et bloque le mouvement de mes bras. Son geste me fait totalement paniquer. Je ne supporte pas ça et il le sait, mais c'est précisément pour cette raison qu'il est là. Il doit m'y entraîner, m'apprendre à gérer les émotions qui envahissent mon esprit en ce moment même. Mes sens se brouillent, tellement que j'en deviens incapable de réfléchir correctement. Je peine à lutter contre les larmes qui me montent aux yeux.

— Tu es en sécurité, murmure mon coach au creux de mon oreille. N'aies pas peur Alaë. Repousse-moi. Tu peux le faire, inspire et reprends le contrôle.

L'avocat Du Diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant