9. Let's party tonight.

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Le "Karl Max", Miami, 19h50.


Comme d'habitude, le bar est rempli. Mes parents et moi n'avons pas une minute pour nous, tandis que Nolan se dandine sur la piste. Son corps svelte bouge en rythme avec la musique alors que ses cheveux châtains luisent de transpiration. J'ai reçu énormément de compliments sur ma tenue, on m'a même demandé les références. J'ai bêtement souri parce que je n'ai aucune idée de ce que c'est.

J'aide pour le service à table ce soir. Je regrette d'avoir ses chaussures aux pieds, je ne suis pas à l'aise avec et perds un temps considérable. Les commandes s'enchaînent, nous sommes à la fin du rush et je peux enfin souffler. Karl et Max gèrent leurs derniers plateaux de cocktails, quand je m'assois sur le meuble à verre. 

Je lève les yeux vers la piste de danse en entendant Nolan se défouler bruyamment, mais mon regard est attiré par l'homme qui franchit le pas de la porte.

Ses épaules larges sont hautes et sa posture remplie de charisme. Je détaille les traits durs de son visage. Sa barbe brune rasée de près est reliée à ses cheveux coupés court sur les côtés, tandis que ceux sur le haut de son crâne sont plus volumineux et parfaitement coiffés en arrière.

Il s'installe sur un siège haut. Il semble toujours aussi fatigué que ce matin. Sa sœur vient de mourir et pourtant, il est là, en face de moi, dans le bar gay de mes parents. 

Ces derniers sont occupés par d'autres clients, alors je vais devoir le servir. Je prends une profonde inspiration avant de me coller un faux sourire au visage et d'avancer vers lui.

— Bonsoir, qu'est-ce que je vous sers ? 

Je n'ajoute rien de plus, rien de moins, il est un client comme les autres.

Il ne me répond pas. À la place, ses iris vertes glissent sur les détails de ma robe qui entourent mon décolleté.

— Avec ceci ? Je vous mets mon poing dans la gueule ?

Derrière moi, j'entends un hoquet de surprise. Je ne me démonte pas pour autant. Mon expression dédaigneuse lui arrache un rictus. Je saisis un verre d'eau, afin de le rafraichir, il ne le quitte plus des yeux. Je me prépare à lui lancer au visage, quand sa voix grave lance, d'un ton monotone :

— Si j'étais toi, je ne ferais pas ça, gamine.

— Si j'étais vous, l'imité-je. Je ne me regarderais pas comme ça.

— Pourquoi ? ricane-t-il cruellement. Tu as peur de te dégoûter aussi ?

Heureusement, il ne parle pas assez fort pour que mes parents puissent entendre. Sinon, je crois que Max aurait déjà envoyé son poing dans sa belle gueule d'ange.

— Votre regard était sacrément insistant pour quelqu'un qui était dégoûté par ce qu'il voyait.

— Qu'est-ce qu'une gamine de ton âge fait habillée comme ça ?

— Qu'est-ce qu'un connard comme vous fait dans un bar gay, alors qu'il est en plein deuil ? le provoqué-je, le menton fièrement redressé.

Son regard s'assombrit, il devient assassin. Ses phalanges décorées de sa chevalière se serrent, tandis que je hausse un sourcil arrogant. Je claque le verre devant lui, si fort qu'une goutte éclabousse le bois du bar.

— Monsieur Yard ? Ça ne va pas ? Un peu d'eau peut-être ?

Mon ton surjoué le fait grogner, il fulmine. Il me regarde avec une haine non dissimulée. Si j'ajoute le moindre mot, je crois qu'il me tuera sur place, alors je reste plantée là, sans me rabaisser. 

L'avocat Du Diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant