22. Rechute.

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"Entreprise" des Anderson, Banlieue de Miami, 11h24.

— Est-ce qu'Amina est au courant de vos pratiques ? Je suis sûr qu'elle serait ravie d'apprendre comment vous me traitez, me provoque le blondinet.

— Je ne suis pas sûre que vous aurez encore l'occasion de lui en parler. Et qu'en est-il de Miranda ? Est-ce qu'elle est au courant des vôtres, Arnaud ?

Il écarquille les yeux, soudain inquiet pour sa famille. Après quelques recherches, nous avons découvert que cet enfoiré vivait bien au chaud, dans une grande maison à l'écart de la ville, avec sa femme, Miranda.

Il est assis sur une chaise en métal. Ses pieds sont liés entre eux et ses bras sont attachés dans son dos. Je me rappelle soudain que Dean m'a dit que je ne viendrai jamais dans cet endroit. Il s'est trompé, c'est plus fort que moi, je suis attirée par la douleur que je peux infliger aux autres. 

Arnaud ne s'en tirera pas aussi facilement, pour Amina et pour toutes les autres, je vais le faire payer. Mais aussi parce que je suis à bout et que je n'ai plus une seconde pour faire une séance de sport avec Amine. Je me suis changée pour l'occasion, je porte un pull over gris foncé, sous une salopette en jean noir.

— Laisse-la en dehors de tout ça, elle n'a rien demandé.

— Parce que tu crois qu'Amina a demandé ce que tu lui fais subir ?!

— On s'en fout ! Elle n'est pas Américaine, un coup de fil et hop ! Direction le bled !

Je reste stoïque, mais il est en train de sérieusement m'irriter et ce n'est pas bon pour ses affaires. Si les années de maltraitance que j'ai vécues m'ont appris quelque chose, c'est bien que c'est plus douloureux de voir quelqu'un qu'on aime souffrir à cause de nous. C'est pourquoi j'ai demandé aux gardes de kidnapper Miranda, c'est elle qui prendra pour lui. C'est très immoral, j'en suis bien consciente, mais elle ne l'a pas volé non plus.

Elle manifeste devant les centres d'avortement toute la journée pour faire culpabiliser les femmes qui ont recours à un IVG, parce qu'elle se fait chier à mourir avec son mari absent, mais que par croyance, elle reste avec lui.

— Je crois que tu n'as pas compris à quel point ta situation était sérieuse, Arnaud. 

Mon ton est calme malgré le fait que mon cœur bat à toute vitesse, impatient de le voir hurler, en me demandant d'arrêter. Il me rit mesquinement au nez.

— Qu'est-ce que tu vas faire du haut de tes quoi ? Même pas 20 ans ? 

Un rictus arrogant prône sur mes lèvres.

— Est-ce que tu veux que je te montre ? lui demandé-je d'un ton qui ne semble pas l'effrayer, alors qu'il devrait vraiment prendre en considération mes menaces.

Son hilarité non dissimulée me met hors de moi. Je donne un violent coup dans le dossier de sa chaise, afin de le faire basculer à la renverse. Son crâne heurte le bitume. Ce doux son résonne dans mes oreilles et réussit à me calmer. Il geint de douleur. 

Je m'approche de lui pour le surplomber de toute ma hauteur.

— C'est déjà fini ? se moque-t-il. 

Je suis observée, ma famille est là et me regarde sans savoir ce qu'il va subir. Quand je leur ai demandé si je pouvais m'occuper de lui, ils ont accepté parce qu'après tout, dans quelques années, je prendrai la place d'Edouard et je serai chargée de jouer le rôle du tyran, ce qui n'est pas pour me déplaire.

— Tu veux que je t'en montre plus ? 

Il acquiesce d'un vif mouvement de tête, insolent. Je relève brutalement sa chaise, avec un peu de difficulté, il pèse tout de même son poids.

L'avocat Du Diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant