L'avocat Du Diable.

46. Sacrifice.

Position inconnue.

Alaë.

— Aiiie !

Je relève le coton imbibé d'alcool que je tamponne contre sa cicatrice et sonde son expression. Derrière le miroir du placard qui surplombe l'évier, se trouve de quoi prendre soin de ses blessures, alors je m'y attarde pour ne pas qu'il risque une infection.

— Un peu de courage, chochotte, le provoqué-je. 

Il m'envoie un regard mauvais mais le mien, espiègle, le radoucit et lui arrache un rire. Je m'en veux, c'est encore à cause de moi qu'il a eu un accident, à cause de moi qu'il est enfermé jusqu'à la fin de ses jours ici. Les Anderson n'ont aucun moyen de nous retrouver, nous sommes foutus.

Dès qu'il dormira, je tenterai de trouver un moyen de le faire sortir, quitte à me sacrifier auprès des gens qui se trouvent sûrement derrière la porte. Tant pis, j'ai été naïve et ce qui nous arrive est de ma faute. Je ne peux pas le faire payer pour ça, il ne le mérite pas. Il mérite d'être heureux... Avec ma sœur peut-être.

Je ne sais pas s'il profite de ses derniers instants et que par conséquent, il jette son dévolu sur moi, sur ce qui lui reste sous la main, mais je ne veux pas y penser, le sentir contre moi, si proche, sa peau contre la mienne, ça me fait me sentir... bien. Lui... Cet enfoiré d'Adan Yard.

J'ai beau essayer de toutes mes forces, je n'arrive pas à le détester. Il a tué mon père alors qu'il me devait des explications et je ne lui en veux plus. Il m'a obligé à mentir à mes amis et à ma famille seulement parce que je lui ai cédé. Il m'a insultée, repoussée, abandonnée, blessée et pourtant, je continue à lui courir après. Il s'est fiancé à ma sœur que je déteste, mais je continue d'espérer qu'un jour, c'est moi qu'il aimera, qu'il choisira, qu'il chérira.

— À quoi tu penses ? s'inquiète-t-il en attrapant mon visage en coupe. 

Je l'enfouis contre son torse nu, trop honteuse à l'idée de le regarder dans les yeux pour avouer ce que je m'apprête à lui dire.

— Je suis tellement désolée Adan... m'excusé-je. 

Je sens son cœur accélérer dans sa poitrine, par colère peut-être. Je suis prête à l'encaisser, il a le droit de m'en vouloir, après tout, j'ai peut-être ruiné sa vie à tout jamais.

— Tu ne m'as pas fait si mal, ne t'en fais pas ! ironise-t-il. 

Mon cœur s'apaise légèrement même s'il est rongé par la culpabilité.

— Je suis désolée de t'avoir poussé à tromper ma sœur...

— N... 

Je ne lui laisse pas le temps de m'interrompre, je continue sans me démonter.

— Désolée que tu aies encore eu un accident par ma faute, désolée que tu aies eu à te battre pour moi.

— Ala...

— Désolée de t'avoir embarqué dans mes erreurs. 

Ma voix commence à trembler, je ne me retiens pas. Je craque devant lui sans pour autant pouvoir le regarder dans les yeux.

— Arrêt...

— Désolée de t'avoir blessé, poursuis-je sans m'arrêter malgré ses tentatives d'intervention. Désolée d'avoir ruiné ta v...

Il écrase brutalement ses lèvres contre les miennes afin de m'empêcher de terminer ma phrase, comme si ce qu'il allait entendre lui était insupportable.