L'avocat Du Diable.

6. Rencontres fortuites

Allison Academy, Miami, 8h47.

Au lycée, je ne suis pas étonnée de tomber sur quelques voitures de police. En attendant que mon cours commence, je passe devant le bureau d'un ami de Dean, le principal. Nous nous connaissons assez lui et moi pour que je puisse me permettre d'aller dans son bureau sans y avoir été conviée. La porte est ouverte et il semble seul. Je m'avance vers l'entrée avant de toquer faiblement. Il secoue la tête comme pour revenir à lui. Visiblement, je le sors de ses pensées.

— Alaë ! Comment ça va ma grande ? Je t'en prie, entre !

— C'est plutôt à moi de vous demander ça. Est-ce que tout va bien ?

— J'ai connu des jours meilleurs comme tu t'en doutes sûrement. 

Je fronce les sourcils, perplexe. Un rire faible franchit ses lèvres quand il détaille mon expression.

— On dirait que ta famille ne t'as pas parlé de cette histoire. Ce que je comprends.

— Mais vous n'êtes pas ma famille, vous pouvez peut-être m'éclairer ? réponds-je poliment.

— S'ils ont décidé de ne pas t'en parler, je n'irais pas à l'encontre de leur décision. Désolé ma grande.

J'acquiesce d'un mouvement de tête respectueux, puis, je me lève pour partir. Quand je me tourne vers la porte, mes paupières papillonnent de surprise. C'est une blague ?! Qu'est-ce qu'il fout ici ? Je vais vraiment finir par croire qu'il me suit.

Il a une sale mine, ses joues sont creusées et il parait exténué. Je l'ignore totalement et passe sous son nez, le nez fièrement redressé. Une fois à sa hauteur, je me décale simplement pour lui laisser l'accès au bureau de Nostrand, le principal. Les secondes passent, tandis que le silence règne dans la pièce. Il ne bouge pas le moindre petit doigt, alors que la voix est libre. 

J'ose alors un regard vers lui, le sien gorgé de sang est posé sur moi. Ses poings se serrent et laissent apparaître ses veines saillantes. Il me bloque le passage vers le couloir et ses yeux remplis de rage, me coupe totalement l'envie de le défier. Cette situation m'oppresse et le principal ne semble pas décidé à m'aider.

Soudain, je suis brutalement plaquée contre le mur. Qu'est-ce qui lui prend à ce malade ?! Ils lui ont pas donné ses cachets ?!

— Monsieur Yard ! Vous êtes dans une situation fâcheuse et vous m'en voyez désolé, mais... intervient enfin l'ami de Dean. 

Yard dévie enfin les pupilles pour le foudroyer du regard. Il me lance violemment derrière la porte. Je manque de m'écrouler, mais je parviens à me redresser sur mes jambes et à me rattraper au mur. 

Sans même m'assurer que le chef d'établissement n'est pas en danger de mort imminente, je pars en courant.

— UNE FÂCHEUSE SITUATION ?! s'élève la voix haineuse de Yard. 

Je suis trop loin pour entendre la suite. Je ne comprends pas ce qu'il fait ici, il est beaucoup trop jeune pour avoir des enfants et je ne pense pas que Dean travaille avec la police, donc il n'est clairement pas avec les forces de l'ordre.

Je me dirige vers la salle de répétition, quand au détour d'un couloir, je vois la seule personne qui attire l'attention. Tous les regards sont braqués sur elle, et pourtant, le sien ne me lâche pas. 

Elle porte une robe très moulante noir et des échasses en guise de chaussure. Beaucoup de mec la mate comme si elle était un vulgaire morceau de viande, mais ça lui plaît. Attirer les regards, être enviée et jalousée, c'est tout ce qu'elle cherche, et elle l'obtient. Toujours.