8. Crêpe party.

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Chez Karl&Max, Miami, 17h26.


J'entre dans le salon. En face de moi, Max fait les cent pas en jouant nerveusement avec l'une de ses mèches rebelles. Il s'interrompt pour sonder mon visage, ses yeux bruns trouvent les miens. Je n'ai aucune expression particulière, en revanche, mon cerveau est en ébullition.

— Karl n'est pas là ? demandé-je afin de mettre un terme au malaise qui pèse autour de nous. 

Il secoue la tête pour revenir à lui-même, ses longs cheveux blonds bougent au rythme de ses mouvements. Il y a une ambiance bizarre, l'atmosphère est lourde, la maison est trop calme. En temps normal, il y a toujours un fond sonore, mais pas là et c'est atrocement déroutant.

— Heu... si, dans la cuisine, il fait des crêpes, bredouille-t-il, enfin de retour parmi nous. 

Je lève les yeux au ciel, un sourire aux lèvres. Karl cuisine des crêpes à chaque dispute. Ce n'est plus arrivé depuis un long moment maintenant et ça me manque d'en manger. 

— On va l'aider ? tenté-je d'envoyer, afin de mettre de l'eau dans notre vin. 

Il acquiesce doucement. Je laisse mes affaires en plan dans l'entrée avant d'enfiler mes pantoufles en forme d'avocat. Puis, je suis docilement Max jusqu'à la pièce d'en face. Dans la cuisine, c'est le chaos. Il ne fait pas simplement des crêpes, il compte nourrir tout le quartier avec. 

— Tu veux de l'aide ? lui proposé-je avec autant de douceur dans la voix que possible.

Il sursaute et s'arrête net de s'acharner sur cette pauvre pâte pleine de grumeaux.

— Alaë ! 

Son visage hagard s'illumine en nous voyant. Il accepte mon offre, les yeux pleins d'espoir. Nous commençons tout d'abord par ranger les plans de travail qu'il a saccagé, à jeter tout ce qui doit l'être, puis Max prend le relai pour mélanger. Je lui confie cette tâche afin de m'assurer qu'il ne la rate pas. Mon oncle est tellement nul en cuisine qu'il est capable d'empirer l'état déjà catastrophique de la pâte à crêpes de Karl. 

Ce dernier s'assied en soupirant.

— Pourquoi t'as pas utilisé le batteur électrique ? l'interrogé-je. 

Les muscles du bras de Max le lâchent et l'empêchent de continuer à touiller tellement la préparation est épaisse. Il se retourne vivement vers nous, dépité.

— On a un batteur ?!

J'éclate de rire, il est un très mauvais cuisinier. On a essayé de lui apprendre quelques recettes simples, cependant, je ne sais pas comment il fait, mais il les gâche à chaque fois. Même avec la meilleure volonté du monde. Pour notre santé, on a décidé de lui interdire l'accès à tout ce qui s'approche de près ou de loin au verbe "cuisiner".

— J... Je... ne sais pas, répond Karl, perturbé. J... Je n'ai pas réfléchi. 

J'ouvre le placard où se trouve notre sauveur et le tends à mon oncle.

—  Ça va aller ? Tu vas réussir à t'en servir ?

Mon ton moqueur le fait bougonner entre ses dents serrées. Son mari masse lentement ses tempes, en nous regardant avec de petits yeux épuisés.

— Pour qui tu me prends ? s'insurge le blond, un poil vexée par mon sarcasme. Je ne suis pas plus bête qu'un autre ! 

Il branche l'appareil, l'allume à pleine puissance avant de le plonger dans la pâte. J'essaye d'intervenir avant la catastrophe, mais quand je le débranche, il est déjà trop tard. Il a éclaboussé partout autour de lui en entrant le batteur après l'avoir allumé. 

L'avocat Du Diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant