2. Date.

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Chez Karl & Max, Miami, 18h36.


Je monte les escaliers de mon immeuble aussi vite que possible. Il est équipé de deux ascenseurs, mais j'en ai une peur bleue. Pas de ceux-là en particulier, c'est pareil pour les escalators. Je ne suis tellement pas à l'aise avec mon surpoids que j'ai toujours peur que la limite de celui-ci soit atteinte à cause de moi.

Enfin arrivée à mon étage, j'entre dans notre appartement. Dans la précipitation, je n'embrasse même pas mes parents. Évidemment je ne manque pas leur

— HMHMMM ! exagère

— Plus tard ! lancé-je sans vraiment lui prêter attention.

Ils comprendront quand j'aurai pris le temps de leur expliquer.

J'accours à la salle de bain pour m'y enfermer. Une fois à l'intérieur, je jette mes vêtements dans le panier à linge sale. J'évite un maximum mon reflet dans le miroir, je n'ai pas besoin d'avoir les yeux bouffis à cause des larmes, en plus d'être en retard. Je saute dans la douche quand on toque à la porte. La voix de Karl paraît inquiète.

— Alaë ? Est-ce que tout va bien ?

— Oui oui ! C'est juste que je vais être en retard ! Ton neveu et sa copine m'ont retardé. Si tu veux t'en prendre à quelqu'un pour mon manque de politesse, c'est à eux que tu dois en vouloir ! crié-je pour couvrir le bruit de l'écoulement d'eau.

— Ils se sont encore disputés ?! demande-t-il d'un ton outré, comme si c'était chose récurrente. Ce n'est pas faux, en ce moment, ils se disputent de plus en plus souvent pour des sujets de plus en plus futiles.

— Ouais...

— Comment s'est passé l'entraînement aujourd'hui ? s'intéresse Max, qui ne semble pas croire à mon histoire de retard. Il pense sûrement que je me suis cachée pour pleurer.

Sans perdre plus de temps, j'attaque mon shampoing à l'aloé vera et zappe l'étape de l'après-shampoing. Foutue pour foutue.

— Super ! J'ai réussi à repousser Amine quand il m'a immobilisé ! m'enthousiasmé-je fièrement, en omettant de préciser que j'étais au bord de la crise de panique.

— C'est très bien ma chérie !

— On est fier de toi ! enchérit Karl.

— Merci Papas ! dis-je en insistant sur le S.

J'attaque le rasage, je ne le fais que très rarement, mais là, ça me paraît essentiel, alors je m'y attarde en négligeant le maquillage et la coiffure. Je chantonne les chansons du groupe dont je suis membre au lycée, en tant que... Je n'ai pas de rôle défini en fait, je fais tout et rien, j'aide la régie, les musiciens, la chanteuse, alors que ces derniers ne connaissent même pas mon prénom. Je sors de la douche et ne prends même pas le temps de me sécher. Je suis en retard, pourtant, je prends le temps de jeter un coup d'œil à mon téléphone : 

Aucune notification. 

Mon regard dévie vers l'heure et mon cœur s'emballe. Note à moi même : s'épiler plus souvent ! J'ai perdu un temps monstre à m'occuper de mes poils ! Alors qu'il ne les verra même pas !

Il est déjà 19h07. J'essore mes cheveux, m'entoure d'une serviette large et sors en trombe de la salle de bain en direction de mon dressing. Avec le temps, je l'ai transformé en une bibliothèque plus qu'en une garde-robe. Mes pensées s'attardent sur ma tenue. J'aimerais être mieux apprêtée qu'au lycée, mais je préfère être à l'aise, alors j'attrape des sous-vêtements unis blanc et un col roulé de la même couleur, que j'enfile sous un sweat violet pastel trop grand.

L'avocat Du Diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant