L'avocat Du Diable.

25. Regrets.

Sur la route, Miami, 10h37.

Mon téléphone sonne de nouveau. Je suis surprise de recevoir un appel de mon ex petit-ami. J'hésite à décrocher devant Adan, mais au moins, si je pleure à force de fixer cette foutue robe, j'aurais une excuse. Je place mon smartphone à mon oreille, la voix de Conrad s'élève dans mon oreille.

— S...salut, commence-t-il.

— Salut.

J'essaye de ne rien laisser paraître, mais ma voix résonne fébrile.

— Je voulais savoir comment tu allais...

Je fronce les sourcils, je ne comprends pas pourquoi ça l'intéresse.

— Je vais bien, merci.

Un silence gênant s'installe. Il bredouille quelques mots inintelligibles. Enfin, il s'éclaircit la voix avant de reprendre, plus confiant :

— J'ai appris pour ta grand-mère, toutes mes condoléances, Alaë.

Je souris poliment, comme si il était réellement en face de moi.

— Merci Conrad, soufflé-je.

— Il serait peut-être temps qu'on se remette ensemble, tu as besoin de soutien dans une épreuve pareille, je peux te l'apporter, et tu le sais...

Je cligne plusieurs fois des yeux, interloquée par ses propos. Est-ce qu'il vient vraiment d'utiliser le décès de Nuna comme raison pour me demander de redevenir sa copine ?

— T'es pas en train de me demander d'être ta copine parce que ma grand-mère est morte, là ?

— Si, ça marchait bien toi et moi et...

Je serre les poings pour me retenir de l'envoyer se faire foutre.

— Tu sais que je suis en couple, Conrad. Pas vrai ?

Je l'entends remplir ses poumons d'air.

— Ne me parle pas de lui.

Je pose mon coude sur la vitre et ma tête contre mon poing toujours serré.

— Tu ne l'aimes pas, tu veux juste me rendre jaloux, affirme mon ex.

Un rictus se dessine sur mes lèvres, il a à moitié raison. Je n'aime pas Charles, mais je ne l'aime pas lui non plus. Je tourne la tête vers Yard, il alterne ses coups d'œil entre la route et moi.

— Tu ne sais pas ce que je ressens, al...

Un bruit sourd résonne de son côté, me coupant dans ma phrase. Je crois qu'il vient encore de frapper dans un mur, ou quelque chose du genre. Je lève les yeux au ciel. Mon agacement palpable fait glousser mon chauffeur.

— SI ! On s'aime Alaë ! Je ne t'ai jamais fait de mal, tu ne peux pas m'oublier aussi facilement !

— Ce n'est pas parce que tu n'arrives pas à passer à autre chose, qu'il en est de même pour moi, Conrad.

— Je n'y arrive pas, parce que je t'aime ! Et que je sais que nous deux ce n'est pas fini ! La police a arrêté ses recherches, on peut enfin se revoir ! m'implore-t-il.

Mes yeux se posent de nouveau sur Yard, j'ignore s'il sait que Conrad et quelqu'un d'autre, n'y sont pas pour rien dans le suicide de sa sœur.

— Non ! Je suis en couple, Conrad ! Toi et moi, c'est fini !

— Tu n'aimes même pas ce fils de pute !

Ma main claque contre ma cuisse, s'il était en face de moi, c'est dans sa figure qu'elle aurait fini.