32: ÉPILOGUE

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💫Deux semaines plus tard💫

C'est avec une envie extrême de retourner dans mon lit que j'enfile un jean rapidement, et un gros pull en laine. Je fais l'effort ultime de passer par la salle de bains pour arranger mes cheveux en une queue-de-cheval rapide.
Je soupire en voyant mon reflet dans le miroir. Mes yeux sont gonflés et cernés, ce qui traduit mon manque de sommeil depuis près de deux semaines. Et aussi les litres de larmes versées.
Je quitte cette pièce et me dirige à l'entrée de mon appartement pour enfiler une paire de bottines. Je me couvre, puis je pars, sans oublier mon sac à main, et de fermer à clé.
Je rejoins le parking sous-terrain, enfin, plutôt ma voiture. Je monte, m'attache, démarre. Je quitte mon immeuble m'engageant dans la circulation pour au moins vingt minutes.
Et, effectivement, vingt minutes plus tard, je me gare dans la cour de l'immeuble privé de Felicity. Je sors de mon véhicule et entre. J'emprunte l'ascenseur pour rejoindre l'avant-dernier étage. Les portes s'ouvrent, je sors.
Je m'arrête net en voyant des pétales sur le paillasson de ma meilleure amie. M'a-t-elle invité alors qu'elle est avec Bryan? Je ne sais pas si je dois vraiment y aller. Mais si elle m'a fait venir, c'est qu'elle est libre.
Je sonne, et rapidement la porte s'ouvre sur la brune. Elle me prend dans ses bras en voyant ma tête. C'est avec une douceur digne de notre amour qu'elle me caresse le dos.

"Ça va?
-Hormis mon envie de me laisser mourir, oui.
-Ne dis pas ça, je t'en prie.
-Tu veux vraiment que je me mette à pleurer sur ton palier? Tu pourrais au moins m'expliquer pourquoi il a des pétales de roses devant chez toi.
-J'ai oublié de nettoyer. Mais bon, passons. Viens, entre."

Elle me dégage le passage, et j'entre chez elle. J'entends la porte claquer. Je me retourne. Felicity n'est plus là. Quoi? Je sursaute lorsque j'entends un bruit. C'est quoi ce merdier?
Je recule d'un pas. Non, c'est débile. Felicity ne m'aurait pas laissé seule s'il y avait un danger. C'est stupide. J'avance vers le séjour d'un pas hésitant tout de même.
Et je le vois. Immédiatement, une bouffée de colère me tiraille la gorge. J'ai envie de lui hurler dessus. De lui dire de me laisser, de partir. De ne plus du tout m'approcher.
Mais s'il est là, c'est pour une bonne raison, non? Il a désobéi à mon dernier ordre. Il va contre ma volonté, connaissant les conséquences que cela peut avoir. Alors, il doit forcément y avoir une bonne raison.
En tout cas, j'espère. Parce que je ne veux pas être plus brisée que maintenant. Parce que je ne veux pas arriver à un point qui me fera le détester. Je ne veux pas que l'on en arrive là.
Je le dévisage. Il est impeccable. Parfait. Son jean met en valeur ses jambes musclées. Son pull par-dessus sa chemise blanche lui donne un air d'intellectuel tout à fait craquant.
Et puis, ce visage. Ses cheveux mi-longs et bruns, son regard marron, sa barbe taillée. J'ai tout aimé chez lui, dès le début. Je le revois encore s'arrêter sur le côté de la route et me fixer.

"Qu'est-ce que tu fiche ici, Nicoleau? Je t'avais dis de me laisser tranquille.
-Approche toi.
-Parce que tu crois qu'en forçant les choses, ça ira mieux?
-Non. C'est certain. Mais si tu continues à m'éviter, c'est sûr que ce sera définitivement finit. Viens, s'il te plaît.

Je soupire mais accepte. Je dépose mes affaires sur une chaise, et m'installe à la table. Il prend place face à moi.

-Je t'écoute, mais dépêche toi.

Il hoche la tête, et croise ses mains sur le revêtement en bois de la table de la salle à manger.

-La fille avec qui tu m'as vu s'appelle Venessa Ackerman. Elle a vingt-deux ans.
-Je m'en contrefous de l'identité de la fille avec qui tu m'as trompé, Nicoleau! Tu comprends?
-Laisse moi finir.
-Je t'en prie.

Je me laisse tomber contre le dossier de ma chaise en croisant les bras sous ma poitrine.

-C'est une des mes ex. Elle est étudiante comptable.
-Qui se ressemble s'assemblent.
-Je l'ai quitté il y a deux ans, quand elle m'a trompé. Elle n'a jamais réussi à m'oublier. Elle me suit, elle cherche toujours à reprendre le contact.
-Et toi, tu es trop faible et tu as succombé, c'est ça?
-Non. Elle est infidèle, jalouse et méchante. De plus, je ne l'aime plus depuis très longtemps.
-Tu te fous vraiment de ma gueule, Nicoleau.

Il se lève, et fait quelques pas vers moi. Je le fixe. Jusqu'à ce qu'il se mette à genoux sur ma droite. Je me tourne légèrement vers lui.

-Regarde moi, Sunny. Je suis à toi, à toi et rien qu'à toi. Je te suis soumis, et ça en sera toujours ainsi. Crois-tu vraiment que j'aurais été capable de te tromper? Je t'aime, merde! Je t'aime comme je n'ai jamais aimé une autre femme. Jamais je ne t'aurais manqué autant de respect.

Je le dévisage. Ma vue se brouille. Je ne sais plus. Je ne sais plus où j'en suis.

-Alors... pourquoi? Pourquoi Nicoleau? Parce que je ne te disais pas je t'aime? Je pensais que je n'avais pas besoin de te le dire. Je pensais que je te le montrais assez!
-Tu... m'aimes?
-Tu penses que j'aurais dépassé tout ça sans t'aimer? Bien sûr que je t'aime Nicoleau, merde! Est-ce que je t'aurais laissé me toucher si je ne t'aimais pas? Est-ce que je t'aurais raconté tout ce que tu sais de moi, si je ne t'aimais pas? Est-ce que j'aurais été jalouse, si je ne t'aimais pas? Non! J'ai fais tout ça parce que je t'aime, merde! Et toi tu retourne dans les bras de ton ex! Pourquoi, Nicoleau? Pourquoi? Qu'est-ce que j'ai fais de mal? Je ne comprends pas!

Il lève sa main pour essuyer du bout des doigts les larmes qui inondent mon visage. Je ferme les yeux quelques instants. Même si j'ai envie de partir loin de lui, j'aime son touché.
C'est ce qui me déchire le plus... C'est lui qui me fait pleurer, c'est lui qui me fait du mal, c'est à cause de lui que je souffre. Mais c'est le seul à être capable de guérir toutes ces blessures en un seul sourire.

-Pardonne moi, Sunny. Pardonne moi de ne pas avoir vu tout ça. Peut-être que j'ai confondu ton intérêt pour moi avec notre relation sexuelle. Je ne sais pas. Mais c'est vrai, j'ai été aveugle de ne pas voir tout.
-J'aurais peut-être dû être plus claire.

J'ouvre les yeux, et mes pupilles rencontrent directement les siennes. Je ne comprends pas pourquoi il a fallu que ce soit lui. Lui, et pas un autre.

-Je t'attendais, ce jour-là. Tu étais en retard, comme toujours lorsque tu vois Felicity, mais je savais que tu allais venir. J'ai attendu. Et puis, je ne sais comment, elle est arrivée. Peut-être qu'elle m'a suivit, ou que c'était un pure hasard. Mais le fait est que l'on s'est croisé.
-Ça n'explique pas pourquoi tu la touchais comme tu me touche, ni pourquoi il y a eu ce putain de baiser!

Je me dégage de sa prise, et me lève, furibonde. Il me dévisage en se redressant.

-Elle m'a dit qu'elle n'arrivait pas à m'oublier, qu'elle essayait, elle s'est mise à pleurer, j'ai paniqué quand elle m'a parlé de tentatives de suicide ou je ne sais quoi. J'ai mal compris entre ses sanglots. C'est elle qui m'a embrassé. Je l'ai repoussé. Je le lui ai reproché quand tu es partie.
-Tu vas me faire croire que tu as eu pitié d'elle après tout le mal qu'elle t'a fait?
-Oui. Parce que c'est vrai. Tout comme je cherche à te persuader de reprendre notre relation, de me pardonner pour ma naïveté, et de ne pas me rejeter alors que je t'aime.

J'essuie du revers de ma main mes joues humides. Je ne dois pas ressembler à grand chose. Mais je ne suis pas là pour le style. Un sourire étire mes lèvres.
Je m'avance jusqu'à lui, et je prends ses mains dans les miennes. Nous nous fixons, en silence. Je me sens apaisée. Et j'ai l'impression que cet instant pourrait durer des heures.

-On a tous les deux étaient stupides. J'aurais du t'écouter, j'aurais du rester. Alors, peut-être que je vais prendre une mauvaise décision, peut-être que je suis naïve, mais je m'en fiche. Parce que cette décision, je la prends pour moi.
-S'il te plaît, Sunny, ne me quitte pas...

Je pose un genou à terre, sans pour autant le lâcher du regard. C'est lui, qui a le contrôle sur moi. Parce que je l'aime, parce que j'ai besoin de lui autant au lit que dans la vie. Alors, je ferais cette erreur.

-Épouse moi, Nicoleau.

Un sourire illumine son visage après qu'une expression surprise y soit passée.

-Puisque c'est un ordre, et que cet ordre vient autant de toi que de mon cœur, je ne peux que te dire oui. Milles fois oui."

L'inconnu de la chambre 214Où les histoires vivent. Découvrez maintenant