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Je sens de légères caresses titiler le bas de mon dos. Elles sont à la fois douces et sensuelles. J'émets un petit grognement. Bien que délicieuses, ces caresses m'ont réveillé!
Je me tourne légèrement, ce qui fait partir cette main. J'ouvre un œil. La lumière m'éblouie quelques instants, mais c'est ensuite le ravissant visage de Nicoleau qui méblouie. Je souris telle une fillette le matin de Noël.
Attirée par son corps, je me retrouve sur son torse, une jambe sur la sienne, le visage près du sien. J'en profite pour me reposer un peu, sentant encore cette douleur me lancer dans mon crâne.
Un petit rire quitte la barrière de mes lèvres. Il faut dire que la soirée d'hier était plutôt... houleuse et atypique, dans son genre. Mais elle a aussi été bénéfique et libératrice pour moi.
Même si j'ai regretté ma confidence après coup, et que j'ai eu beaucoup de mal à l'avouer, je me sens ce matin libérée, heureuse de l'avoir fait. Parce que je sais que j'ai définitivement tiré un trait sur mon passé.

"Bien dormi, madame?

Je lève les yeux vers Nicoleau qui me fixe, un sourire niais sur le visage. Je lui asséne une petite tape sur le torse.

-Ne me regarde pas comme ça. Ça me donne envie de te croquer.
-Pourquoi pas?
-Je vous trouve bien matinal, monsieur Bizakov.
-Peut-être parce qu'il est plus de midi.

Je cligne plusieurs fois des yeux, ahurie par cette nouvelle. Nom d'un chien! Je me redresse, ce qui relance ma douleur. Je porte ma main à mon front. Je pose les yeux sur le radio réveil.

-Il est midi et demi... J'ai l'impression d'avoir d'avoir peu dormi. Tu n'as pas faim?
-J'ai pris mon petit déjeuner. Mais j'ai pensé qu'il était temps de te réveiller.
-C'est gentil. Tu t'es réveillé tôt?

Je me rallonge sur lui, embrassant passionnément ses lèvres au goût de café. En effet, il a prit un petit-déjeuner.

-Quand ma mère m'a appelé. Il y a deux heures.
-Ta mère? Je pensais qu'elle n'appelait presque jamais parce que tu les voyais une fois par semaine.
-Ça fait trois semaines que je n'y suis pas allé, pour passer du temps avec toi.

Je me redresse aussitôt.

-Non, Nicoleau! Tu ne dois pas négliger ta famille pour moi!
-Calme toi, ce n'est rien de grave. Je les ai appelé plusieurs fois.
-Je suis certaine qu'elle t'a appelé pour te sermonner.
-Entre autres. Mais elle m'a surtout proposé d'aller manger chez eux ce midi.
-Alors qu'est-ce que tu fais encore là, chéri?

Je place aussitôt ma main devant ma bouche. Qu'est-ce que je viens de dire? Mais quelle idiote! Je suis vraiment débile! Nicoleau se redresse, dévoilant le bas de son ventre par la même occasion. Mais je m'en fiche.

-Comment tu viens de m'appeler?
-Non. Rien d'important!
-Si, si, si. Tu m'as appelé chéri. Je n'ai pas rêvé.

Je me jette sur lui, posant ma main sur sa bouche pour le faire taire. Mais, sous mon poids, il tombe sur le dos, alors je me retrouve au-dessus de lui.

-Si, tu as rêvé.

Il se dégage de ma poigne et me sourit de ses belles dents blanches bien droites.

-Non. Tu m'as appelé chéri.
-D'accord. Peut-être. Et alors? Nous sommes un couple, non?
-Pour le grand public.
-Oh je t'en prie! Avec ce qui s'est passé hier, on peut bien se qualifier de couple, non?
-Mais c'est toi qui décide. Tu sais que je te suivrais toujours.
-Évidemment...
-Ma mère nous a invité à déjeuner.

Je me redresse, le libérant de ma présence étouffante. Il se redresse aussi.

-Nous? Avec moi?
-Bien sûr. Puisque tu m'as confié une part de toi hier, je veux te présenter mes parents. Ça représente beaucoup pour moi. Et puis, ma mère a insisté quand elle a su que j'étais avec toi. En fait, elle a apprit la nouvelle dans la presse, et depuis, elle ne fait que demander quand est-ce qu'elle te verra.
-Mais... je ne suis pas prête!
-Ce pourquoi je t'ai réveillé. On a encore une bonne heure face à nous.
-Qu'est-ce que l'on fait encore au lit alors?
-C'est oui? Tu veux bien rencontrer mes parents? C'est aussi simple que cela?
-Si c'est important pour toi, oui. Allez, viens te laver, tu ne peux pas arriver chez tes parents ainsi!"

Je me lève, le tirant par la main pour l'emmener jusqu'à la salle de bains, où un programme rapide nous attend, ainsi qu'une petite douceur intime. En espérant être dans les temps... Mais ce n'est pas garanti.

🥀🥀🥀

Dix minutes. C'est notre temps de retard. C'est acceptable. Il faut dire qu'on s'est laissé trop aller, dans cette douche charnelle.
Nicoleau appuie sur la sonnette de la petite maison de banlieue, avec des bacs à fleurs mortes sur les fenêtres et sur le perron. Elles doivent fleurir en été, avec les grandes chaleurs. Mais pour une fin novembre, elles semblent plutôt monotones.
Je sursaute légèrement lorsque la porte d'entrée s'ouvre. Une femme brune, aux cheveux mi-longs, nous dévisage, un large sourire aux lèvres. La première chose qui me frappe sont ses yeux. Bleus. Deux perles d'océan. Les mêmes que Felicity.
Mon compagnon embrasse la femme avec une extrême tendresse sur la joue. Elle lui rend ce baiser avec douceur. Puis, elle pose son regard sur moi. Elle m'analyse. Je le comprends facilement. Elle semble jeune. Même si je sais qu'elle a presque soixante ans.

"Maman, je te présente Sunny. Sunny, ma mère.
-Enchantée, madame Bizakov.

Je m'avance pour lui serrer la main. Elle regarde ma main tendue, puis mon visage. Quoi? J'ai fait quelque chose de mal? Tout à coup, elle m'attrape par les épaules et m'entoure de ses bras.

-Pas de formalités entre nous, appellez moi Jenny. Je suis ravie d'enfin faire votre connaissance, mon enfant. Il faut dire que mon garçon est très discret. Je n'ai même pas appris par lui votre relation! C'est pour dire.
-Je suis navrée, mais c'est un souhait de ma part de garder le secret. Mais des soucis au travail nous ont obligé à révéler l'information.
-Rien de grave, j'espère.
-Rien que je ne puisse pas gérer. Notre patronne a fait du bon travail.
-Jenny! Qui est-ce? C'est Nick'? demande une voix grave et rocailleuse.
-Entrons.

Jenny entre, Nicoleau me laisse passer devant lui. Une fois dans l'entrée, il m'aide à retirer mon manteau, mon bonnet, mon écharpe, et il me débarrasse de mon sac.

-Qu'est-ce qu'il vous est arrivée?

Je lève les yeux vers mon pansement que j'entrevois.

-Une chute idiote. Je n'ai pas regardé où j'allais. Rien de grave."

Sa mère hoche la tête et ne s'attarde pas sur l'événement, puisqu'elle m'emmène déjà avec elle, me tirant légèrement par l'avant-bras. Je ne rechigne pas à la suivre. J'arrive dans un séjour spacieux et décoré avec goût, bien qu'un peu dépassé. Mais c'est ce qui fait son charme.
Mes yeux se posent sur un homme charismatique. Brun, cheveux très courts, yeux marrons. Il semble grand même en étant assis. En bref, il en impose. Et sa musculature encore bien dessinée n'aide en rien.

"Sunny, je vous présente mon mari, Viktor. Le père de Nicoleau.

L'homme se lève et me tend sa main. Je la serre, sans ciller.

-Je suis ravie de faire votre connaissance, Nicoleau m'a beaucoup parlé de vous.
-En bien, évidemment.

Je lâche cette main puissante pour me retourner. L'objet constant de mes pensées vient d'entrer dans la salle à manger.

-J'espère.

Nicoleau se place derrière moi, glissant un bras autour de mes hanches.

-Mon père est un ancien militaire, mais ne sois pas impressionnée. Ma mère est prof' de yoga.
-Et vous, Sunny? J'ai eu du mal à cerner exactement votre travail dans les articles. J'ai seulement retenu que vous étiez une des étoiles montante de la mode et du management. C'est comme ça que l'on dit, non?
-Oui, c'est ça. En fait, je suis cheffe de projet pour une entreprise de mode très en vogue depuis presque dix ans. Je suis une amie proche de la patronne.
-Quel mérite! Passons à table, que vous me racontiez en détail tout ceci. Pour ne pas vous mentir, je suis une amatrice de mode depuis mon adolescence."

Je suis d'un pas volontier la mère de Nicoleau qui m'entraîne vers une table dressée à la perfection. Elle n'était pas obligé de mettre les petits plats sans les grands et de sortir l'argenterie, mais cela me fait plaisir, car je me sens intégrée.

L'inconnu de la chambre 214Où les histoires vivent. Découvrez maintenant