CHAPITRE 10 : MA TIGRESSE

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Louis

Deux heures qu'ils essayent d'élaborer un plan pour contrer son plan. Deux heures que je n'écoute rien. Deux heures que je suis en colère, non fou de rage par la tentative de fuite de la captive.

-Eh tu nous écoute Louis, m'interpelle Sophie.

-Non.

-Bon je crois que l'on a assez fait pour aujourd'hui. Je vais préparer le repas, je mange avec vous.

Sophie se lève et s'affaire avec hâte à la cuisine. Je soupire de fatigue et d'énervement. Tout serait si simple, si l'accident n'aurait jamais eu lieu.

-Il y a un truc qui cloche. Pourquoi il envoie des hommes en repérage ? Il est assez fort pour nous attaquer directement, interroge Gabriel.

-Parce qu'il veut nous faire tourner en bourrique. Il veut prendre son temps pour dépouiller Louis, interviens Sophie. Cet homme est dangereux mais il cachait bien son jeu auparavant.

-Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas nous avoir trahis plus tôt ?

-Je l'ignore. Je n'étais pas très proche de David. A vrai dire, je le trouvais vicieux et pervers. Il ne m'a jamais inspiré confiance. Alors, dès que je pouvais je l'évitais et lui il s'en foutait.

Je les écoute parler, de leur pseudo théorie. La seule théorie qui tienne c'est la mienne : il a tué mes parents, il doit mourir. Il joue à faire cache-cache dans la nature, je le trouverai, je le traquerai jusqu'à sa dernière cellule vivante.

Je me lève, je me sers un verre de whisky. Je m'accoude au balcon, face à l'étendue d'arbres. Il n'y a que des arbres qui entourent cette maison. Des arbres, grands, majestueux qui protègent ma baraque. Ils évitent que mes démons ne puissent s'échapper. Ces putain de démons qui restent dans mon esprit, qui l'abrite et le torture.

-Je ne sais pas si tes parents auraient voulu ça. A mon avis ta mère te giflerait pour ce que tu fais et je ne te parle même pas de la fille que tu tiens en otage ! Mais sache que je ne t'abandonnerai pas. Je ne vous abandonnerai pas, reprend Sophie. J'irai jusquau bout avec vous.

Je ne lui adresse aucun regard. Je continue de contempler les arbres devant moi, un en particulier : le chêne qui est au milieu du jardin. Là, où des années plus tôt une balançoire de gamin était installée, là où sa mère le balançait dans les airs en entendant que son mari rentre du boulot. Aujourd'hui, il y a une cible à côté de la balançoire. Cible qui est remplacé tout les deux jours, car le chargeur d'une arme à feu se décharge rapidement sous la colère.

-Je sais que tu ne vas pas me répondre. Mais sache que cette fille, aussi, a perdu ses parents et qu'à mon avis elle fera tout pour s'enfuir, comme la petite démonstration de toute à l'heure. Donc ne pense pas qu'avec ta colère. Ne soit pas aveuglé par la haine et la vengeance. C'est clair ?

Je ne bouge pas. Mes pensées les plus noires reviennent à la surface. L'envie de tout casser me prend soudainement. J'avale cul-sec le contenu de mon verre pour me calmer. Mais rien à faire, cette envie persiste au fond de moi depuis un an, il faut qu'elle sorte.

-Je vais donner une assiette à Elise. Tu me donnes la clé s'il te plaît ? me demande Sophie.

-Non, j'y vais.

Au moins, si elle m'énerve je pourrais me défouler. Je veux voir du sang couler. Je veux faire mal, autant que l'on m'a fait du mal. Je veux voir les traits du visage qui se déforment sous la torture. Sous ma torture que je fais subir.

Je saisis l'assiette que me tend Gabriel et pars vers la chambre de ma prisonnière. J'ouvre la porte. Elise est allongée sur le lit, menottée. Elle ne relève même pas la tête quand je m'approche du lit. Cette fille est beaucoup trop insolente. Dès que je passe tout le monde relève le regard et le baisse directement : preuve de soumission mais aussi que je suis beaucoup trop puissant par rapport à eux.

Rends moi ma liberté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant