—𝖇𝖆𝖌𝖌𝖞 𝖑𝖊 𝖈𝖑𝖔𝖜𝖓
𝚄𝙽𝙸𝚅𝙴𝚁𝚂 𝙰𝙻𝚃𝙴𝚁𝙽𝙰𝚃𝙸𝙵— CHERS TÉLÉSPECTATEURS, l'Amok a encore frappé, faisant durant cette dernière semaine un total de trois victimes supplémentaires ! Il- !
Baggy appuya sur le bouton de la télécommande pour éteindre sa télé. Des meurtres, il y en avait et par milliers chaque mois. L'insécurité et les règlements de compte étaient courant alors pourquoi tout le monde faisait une putain de fixette sur « l'Amok » ? Ouais, il tuait et alors ? Des meurtriers, c'était courant ! Pas que ça ne l'alertait pas non plus mais cette attention que la presse portait à ce gars était vraiment exagérée. Pas besoin d'en faire une caisse.
Il soupira avant de se lever pour aller jusqu'à sa cuisine. Un profond soupire lui échappa : ses placards étaient vides et son ventre aussi. Paresseusement, il se dirigea vers l'entrée de son appartement et chaussa rapidement des baskets pour aller à la supérette au coin de la rue. Il avait vraiment envie de nouilles instantanées.
Les rues étaient plutôt peuplées ce midi-là, la chaleur poussant les habitants à sortir de chez eux. La plupart des immeubles avaient été construits il y a des dizaines d'années, de ce fait, ils n'étaient pas aux dernières pointes de la technologie. Autrement dit, c'était une véritable fournaise et il n'y avait pas de clim. Quoi de mieux qu'aller bouffer une glace ?
Mais Baggy n'était pas de cette humeur-là. Il avait juste envie de bouffer et de rien foutre de la journée. C'était son jour de repos et comme le nom l'indiquait bien : il comptait se reposer. Devoir sortir dehors le faisait chier. Et le soleil qui lui tapait en pleine gueule n'arrangeait pas les choses.
Rageusement, il saisit sa paire de lunettes qu'il mit sur son nez. Ses yeux lui criaient merci. Il arriva bien rapidement face à la supérette dans laquelle il s'engouffra. Sans perdre de temps, il se dirigea vers le rayon des nouilles.
Son ventre gargouilla une énième fois, lui ordonnant de se dépêcher. Il saisit son paquet préféré et se dirigea à grand pas vers la caisse. Cette dernière était dans un bordel sans nom et le gars assit ne payait vraiment pas de mine. Vieux pour commencer avec un poids surdimensionné ainsi qu'un visage inexpressif. Il s'appelait Bill mais tout le monde le surnommait Billy. Il avait vraiment la même gueule qu'un cadavre mais à part ça, il était plutôt cool.
La boutique lui appartenait depuis des dizaines d'années et ce, sûrement bien avant que Baggy naisse et pourtant, il était à la moitié de sa vie, c'est pour dire !
D'un simple mouvement de tête, il le salua, puis paya avant d'être arrêté par une voix au fond du magasin. Une voix grave, enrouée qu'il reconnut sans mal. Le clodo de l'autre jour. Pourtant lorsqu'il se retourna, il le vit sous un autre angle.
Premièrement peut-être parce que la luminosité ne laissait plus aucun doute sur son visage. Comme il l'avait aperçu, une peau rêche ainsi qu'une légère barbe mal rasée. Pas très beau à voir. Deuxièmement, parce qu'il était bien mieux habillé que la dernière fois. Rien de bien extraordinaire mais au moins, il était propre.
Il détourna le regard pour se concentrer sur Billy. Qu'est-ce qu'il foutait ici ? Baggy eut presque envie de se gifler lorsqu'il le vit porter la tenue du magasin. Il travaillait donc ici. Pas sans-abri donc ?
Pourtant il avait vraiment une dégaine de clochard. Le bleu saisit le sac plastique pour se diriger vers la sortie du magasin. Il n'avait vraiment aucune envie de parler tout de suite.
Mais le destin aimait vraiment bien se foutre de lui. Alors avec toute la malchance qu'il avait, le roux le repéra de loin, s'exclamant de sa voix rauque :
— Eh mais ce serait pas toi le mec de l'autre jour ?!
Des pas résonnèrent derrière lui et une main forte se posa sur son épaule musclé. Baggy se retourna, lassé par une conversation sans queue ni tête qui l'attendait.
— Tu ne m'as pas répondu, continua l'homme.
Le bleu soupira.
— Oui c'est moi. Et alors ?
— Je voulais simplement savoir ton prénom, puisque tu m'as gentiment envoyé balader la dernière fois.
Malgré son air blasé, Baggy eut un léger sourire intérieur. Était-il bête ou simplement naïf ?
— Et qu'est-ce qui te fait dire que je voudrais bien te le donner cette fois-ci ?
Le roux eut un sourire candide.
— Tu sembles de meilleure humeur que la dernière fois tout simplement. Alors, tu veux bien me le donner ?
Baggy fronça légèrement des sourcils face au comportement du pseudo clochard. Ses yeux étaient différents de la dernière fois. Dans une ville comme la leur, il était rare que des gens aient cette étincelle dans les yeux. Cette étincelle de vie. Encore plus dans le regard des personnes ayant dépassé la trentaine. Les plus jeunes arrivaient encore à afficher un sourire dû à leur innocence mais dès qu'ils grandissaient, il disparaissait pour laisser place à l'insécurité. Ils habitaient dans une ville où les meurtres et les trafics étaient devenus une banalité. Comment pouvait-il en être autrement ?
- Depuis combien de temps t'habites ici au juste ?, demanda-t-il d'une voix monotone.
L'expression de l'homme devint légèrement pensive.
— J'ai toujours habité ici. Tout du moins aussi loin que je me souvienne. Et toi ?
Baggy ne répondit pas. Et il n'allait pas le faire.
— Ça te regarde pas. Bon, j'y vais. Au revoir...
Il observa le badge de son interlocuteur.
— Au revoir Shanks.
Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Profites encore de la vie Shanks. Cette dernière semble t'avoir épargnée pour le moment mais elle est comme ça. Vicieuse et manipulatrice. Elle vous promet monts et merveilles, vous dorlote durant un certain temps pour au final vous abandonner dans la fosse aux lions. Faisant disparaître votre sourire candide jusqu'à ce que vos yeux reflètent une peur si grande qu'elle en devient indescriptible. Et elle se moque de vous. De l'avoir cru. D'avoir pu espérer une bonne chose de sa part. La vie était une véritable connasse.
C'était une chose que Baggy avait compris dès son enfance. Il avait arrêté d'espérer. Avait-il même seulement espéré une meilleure vie ? Il n'en n'était pas sûr. En tout cas ce qui était sûr, c'était qu'il devait subvenir à ses besoins et faire un métier qui le répugnait, même si il ne le voulait pas.
La vie ne lui laissait pas le choix.
Il rentra finalement chez lui, mangea enfin puis alla s'effondrer dans son lit après s'être démaquillé. Et comme toujours depuis des années, un profond sentiment de solitude le gagna. Le froid s'empara de lui, pourtant il ne se couvrit pas, le regard seulement fixé sur le plafond immaculé.
À plusieurs reprises, Baggy se retourna inlassablement, essayant de trouver le sommeil. Ce dernier vint alors le cueillir, le plongeant dans un sommeil sans rêves ni cauchemars.
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AMOK
FanfictionUne ville dangereuse avec une population plongée dans la délinquance et la prostitution. Ajouté à cela une série de meurtres en série, inexplicables, qui finissent par plonger la ville dans le chaos et l'incompréhension. Baggy est un jeune homme rec...