Chapitre 22

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"-Nous ne pouvons rien faire de plus pour vous. Je suis navré."

   A la suite de ces mots, le médecin esquissa une grimace et referma son carnet.

"-Nous pourrons vous garder à l'hôpital en attendant. Nous avons des cellules spéciales pour...
-Non."

   Le médecin baissa la tête.

"-Dois-je prévenir vos proches ?
-Non. Je ne veux pas qu'ils sachent. Ils feraient leur possible pour me sauver et ça leur gâcherait la vie. Je ne veux pas de ça pour eux."

   Le médecin hocha la tête puis posa une main sur l'épaule de sa patiente.

"-Si vous avez le moindre problème, que vous ressentez la moindre douleur, je vous prendrai en priorité. Vous avez été très courageuse mademoiselle Kamino.
-Appelez moi Sasha."

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   Après la sortie du médecin, le bonten se précipita dans la chambre de Sasha. Ran fut le premier à prendre la parole.

"-Alors ? C'est réglé, tu vas mieux ? "

   La multicolore baissa la tête puis la releva. Être forte. C'est tout ce qui importait. Surtout devant eux.

"-Oui. Je suis sortie d'affaire."

   Le gang laissa échapper des exclamations de joie et tous se mirent à parler en même temps. Pourtant, une personne ne prit pas part à cette effusion de joie. Mikey. Il soupira et s'approcha lentement du lit. Le chef se baissa et approcha sa bouche de l'oreille de la jeune femme.

"-Je sais que tu mens."

   Ces cinq petits mots réussirent à pétrifier la jeune femme. Pourtant, Mikey ne fit aucune autre remarque et se contenta de s'écarter.

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    Le retour à la maison n'avait pas été simple. Affaiblie par ses blessures, la jeune femme était obligée de se déplacer en fauteuil roulant. Tandis que tous se posait la question de comment lui rendre la vie plus facile, Sanzu, lui, préféra rigoler.

"-On pourra faire des courses avec Rindo et Sasha maintenant ! C'est génial !"

   Et tandis que les deux concernés avaient éclatés de rire, les autres membres du gang rigolaient moins. Alors, pour détendre l'atmosphère, Sasha fit une blague.

"-Au moins, maintenant, je ne risque plus de partir en courant. "

   Un blanc général se fit dans la pièce, mais tous avaient du mal à cacher leur joie. Quand on les avaient appelé pour leur dire que leur princesse était dans un état grave à l'hôpital, personne n'avait su comment réagir. Ils s'étaient tous précipité à l'hôpital, paniqué. Alors, la voir rigoler avec eux était un cadeau qu'il ne pouvait pas refuser. Koko prit alors son téléphone et appela ses hommes.

"-Je veux que le couloir du bas soit dégagé. Aucun obstacle, rien qui ne pourrait gêner une course de fauteuil roulant."

   Abasourdis, les trois compères qui avaient rigolé à cette idée le regardèrent comme si une deuxième tête lui avait poussé. Alors, le blanc arqua un sourcil.

"-Quoi ? J'ai envie de savoir qui va gagner moi. "

   Il se retourna ensuite, d'un mouvement gracieux, et fit tourner son manteau autour de lui. Ran le siffla.

"-Quelle starlette dis donc."

   Koko se contenta de lui tendre son majeur et de continuer d'avancer, suivit de huit petits roues et d'une paire de pied. Ran s'engagea derrière eux, et se retourna vers Kakucho et Mikey.

"-Je vous préviens direct, je suis à fond pour mon frère."

   Kakucho s'élança ensuite.

"-Ah oui, moi aussi. Il a son fauteuil depuis plus longtemps. Il est mieux entraîné."

   Le concerné éclata de rire et tendit son majeur à la seule fille du groupe.

"-Bien fait. T'as personne dans ton équipe pauvre cruche."

   La jeune femme fit semblant de s'étrangler avant de rétorquer d'une voix sûre.

"-Je suis sûre que Sanzu, lui, est avec moi. N'est-ce pas ?"

   Le rosé lui jeta un coup d'œil avant d'éclater de rire.

"-Bien sûr que non princesse. Désolé, mais je pense comme Kakucho.
-Traitre. Koko ?"

   Le blanc réfléchit quelques instants.

"-Je suis neutre moi. Tu as autant de chance que Rindo, j'en suis persuadé."

   D'une voix désespérée, elle lui répondit.

"-Vote pour moi alors !
-Je ne trahirai pas mon frère.
-Alors personne n'est avec moi ?...
-Si, moi !"

   Personne n'avait remarqué que Mikey avait suivi le mouvement. Le visage de Sasha s'éclaira aussitôt.

"-Je t'ai déjà dis que tu étais mon préféré ?"

   Tous grognèrent, sauf le chef de gang qui passa un bras conquérant autour des épaules de la jeune femme.

"-L'équipe de celui qui perd paye le repas de ce soir aux autres."

   Koko se retourna, indigné.

"-Et moi alors ? "

   Sasha ricana.

"-Si je gagne, tu m'offres le repas. Si je perds, tu me l'offres aussi. T'avais cas voté pour moi.
-Quoi ? Ça se fait carrément pas ! "

   Sasha et Mikey lui lançèrent un regard noir.

"-Tant pis pour toi."

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Arrivés devant les ascenseurs afin de descendre, tous s'arrêtèrent. Ran prit la parole.

"-Euh... On rentrera jamais tous ensemble dans un ascenseur.
-Pas de problèmes. Je me mets avec Sasha."

   Personne n'osa rétorquer à l'entente de la voix froide du chef. Mikey n'admettrait aucune objection. La jeune femme sentit son cœur s'emballer. Il voudrait forcément lui parler de ce que le médecin lui avait dit à l'hôpital. Les autres garçons s'entassèrent alors dans une cabine tandis que Sasha et Mikey prirent celle d'à côté.

    Au milieu de la descente, Mikey appuya sur le bouton d'arrêt d'urgence. Il se contenta ensuite de fixer la jeune femme tout en s'appuyant contre le mur. Le silence autour des deux jeunes gens semblait peser une tonne. Le chef prit soudainement la parole, d'une voix grave.

"-A quel point c'est grave ?"

   La jeune femme serra ses poingts autour de la poignée de son fauteuil. Les larmes menaçaient de couler, et un noeud dans sa gorge s'était formé. Elle savait que si elle ouvrait la bouche, ce ne serait pas des mots qui en sortiraient. Pourtant, Mikey insista.

"-A quel point, Sasha ?"

   Sous l'urgence, la pression et le ton paniqué de Mikey, la jeune femme posa une main sur sa bouche. Elle s'était promis de ne pas leur en parler pour ne pas leur faire de mal.

"-Sasha !
-Moins de deux ans !"

   Désespérée, au bord du gouffre, ce sont ces quatre mots qui s'étaient échappé de sa bouche. Atterré, et interdit, Mikey se demandait si il avait bien interpreté la réponse de la jeune femme.

"-Quoi ?"

   Reprenant son calme, la jeune femme baissa la tête.

"-Pendant l'opération... Pour retirer la branche... De mon ventre. De minuscules morceaux de bois sont resté dans mon ventre. Selon le médecin, ils remontent progressivement vers mon cœur. A chaque respiration.
-Mais... Ils ne peuvent pas te les enlever ?
-Non... Ils sont trop petits. Je suis condamnée."

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