Chapitre 1

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- Est-ce que tout va bien ?

Asami grommela en guise de réponse sans chercher à savoir qui était la personne qui lui tendait gentiment la main. Elle, l'héritière de Sato industries, venait de se donner en spectacle et sa dignité venait d'en prendre un coup. Comment avait-elle fait pour rater une marche ? Mystère. Heureusement, le hall du sublime et gigantesque palais où elle avait été invitée ce soir était vide car tous les convives profitaient déjà de la soirée dans la salle de bal, se régalant des petits mets exquis préparés pour l'occasion. Asami était descendu pour se rafraîchir un peu, même si, elle devait l'avouer, elle s'était perdue en chemin car les couloirs se ressemblaient tous. Apparemment, elle n'était pas la seule à rater le bal car la mystérieuse personne qui lui tendait toujours la main, se trouvait là, au pire timing.

- Vous êtes sûre que tout va bien ? répéta la voix féminine.

- Oui oui.

Elle ne pouvait cacher son agacement, elle vérifia que l'entièreté de tissu de sa robe rouge était bien en place et ne présentait aucune déchirure avant de finalement se lever sans l'aide de l'inconnue. Leurs visages se trouvèrent face à face et il fallut quelques secondes pour que le cerveau d'Asami analyse ses yeux bleus, profonds, son visage un peu arrondi et une peau couleur caramel pour qu'enfin elle se rende compte de sa bévue. Elle venait d'offenser la princesse du royaume.

- Majesté !

Elle s'agenouilla dans la précipitation, ce qui cassa son talon. "Super, c'est bien ma veine" pensa-t-elle alors que sa bouche s'excusait auprès de la princesse.

- Pardonnez-moi, je... j'ai... j'ai fait une chute et je n'avais pas vu que vous étiez la personne qui m'accompagnai, je veux dire, qui voulait me secourir.

Décidément, ce n'était pas son jour, voilà qu'elle avait oublié comment parler. 

- Ce n'est rien, tant que vous n'êtes pas blessée.

La princesse ne semblait pas du tout offenser, elle riait un peu, les paupières fermées, le poing sous le menton. Est-ce qu'elle se moquait d'elle ? Elle n'en était pas sûre et, même si cela l'agaçait quelque peu, elle n'allait pas s'offusquer qu'un membre de la famille royale rit de sa situation . La princesse reprit son sérieux, le corps droit, avant de demander :

- Relevez-vous Mademoiselle Sato, vous n'êtes pas en présence du roi.

Asami s'exécuta. Elle qui avait été élevée dans la noblesse, s'exerçant chaque jour de son enfance à se comporter dignement et avec élégance, ne pouvait déroger à la règle : on devait s'incliner devant la présence d'un membre de la royauté et s'agenouiller pour demander pardon. C'est dans ce même état d'esprit que l'héritière n'osa bouger. La présence de la princesse, qui semblait maintenant la dévisager, ne lui permettait pas de retourner à la fête, en tout cas sans son accord elle préféra rester figée.

- Vous ne retournez pas au bal ? l'interrogea-t-elle comme si elle avait lu dans ses pensées.

- Et vous ?

Là il fallait vraiment que sa tête se remette en marche car elle ne comprit même pas elle-même d'où elle sortait une question aussi insolente. S'était-elle cogné en tombant ?

- Je m'y hâtais, répondit-elle innocemment comme un enfant que l'on aurait surpris en train de faire une bêtise. Je ne veux pas rater une fête en mon honneur, ce serait fort regrettable.

- Oh. Est-ce votre anniversaire ?

- Non, un mariage arrangé.

La princesse grimaça puis un léger silence s'installa. Asami avait de la chance de ce côté là, malgré son statut, bien que moins important que la princesse c'est sûr, son père ne l'avait jamais forcé dans une relation politique, économique ou toute autre relation factice.

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