Chapitre 17

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La joie d'Asami fut de courte durée. Le surlendemain de la déclaration d'Amon, l'identité de l'Avatar et l'attaque du duché de Kaen firent la une des journaux. D'ailleurs, que le nom de la princesse fut mêlé à celui d'Amon, la soupçonnant pour certains éditeurs d'être carrément sa complice, faisait rager l'héritière ! Elle chiffonna le papier où un article mentionnait la prise rapide de la capitale de Kaen par les Égalitaristes, avec l'enlèvement du duc et la disparition de son fils Mako. Il était même indiqué que le mariage de Mako avec la princesse avait été probablement annulé car le futur prince avait découvert la véritable nature de sa fiancée. Que de spéculations. Asami jeta le journal dans le feu et tenta de tendre la main vers son verre. Opal le fit reculer avant qu'elle ne l'atteigne et la fixa d'un air sévère.

- Hors de question que tu replonges tes problèmes là-dedans, la menaça-t-elle.

Asami manifesta sa frustration en claquant des dents puis abdiqua. Opal avait raison, ce n'était pas le moment de flancher. Pas avec tout ce qu'il se passait dehors. Évidemment, le secret bien gardé de la royauté envers ses sujets avait déclenché des émeutes. Élémentaires ou non-Elementaires s'étaient rassemblés devant le palais pour crier au scandale. D'autres, malheureusement peu nombreux et dont on ne donnait quasiment pas la parole, soutenaient la princesse et trouvait son comportement, en tant qu'Avatar, encore plus héroïque. Avec son influence, Asami envisageait de mettre en avant ce soutien beaucoup trop invisible à son goût. Mais pour le moment elle était un peu déprimée et inquiète pour Korra qui n'avait pas redonné signe de vie. Elle savait que la princesse était en sécurité dans son château car certains journaux ne se privaient pas de la traiter de couard en l'indiquant mais cela ne lui suffisait pas. Elle voulait être sûre que son amie tenait le coup devant tant de colère. Opal, qui semblait lire en elle comme dans un livre, lui rappela :

- Bolin est partit aux nouvelles au palais. Lui, il n'est pas aussi connu que nous, ce sera plus facile de s'incruster dans la foule et d'infiltrer le jardin du palais grâce à la complicité de la reine.

- Je sais, marmonna Asami toujours aussi frustrée.

Bien que l'idée venait d'elle, y compris de solliciter l'aide de Senna, il avait été difficile pour Opal et Bolin de l'empêcher d'y aller elle-même. En tant qu'héritière de Sato industrie, proche de la famille royale, il était certain qu'elle se serait fait alpaguer par tous les journalistes et populace des alentours.

- Me revoilà ! cria Bolin en claquant la porte du bureau d'Asami et en soufflant.

Il tenait précieusement une enveloppe dans sa main. Asami sauta de sa chaise. Il lui tendit et elle décolla les mains tremblantes le bord adhérant. Elle lu à voix haute :

" Chère Asami,
Comme tu dois t'en douter mon père est vert de rage. Il dit, je cite, que j'ai apporté la guerre et une malédiction sur notre pays ainsi que sur notre famille. Ma mère a tenté de le calmer en vain. Au moins j'ai eu l'honneur d'exister pour lui le temps d'un bref instant. Ensuite le roi s'est enfermé dans la salle du trône avec ses plus proches conseillers. Les mauvaises nouvelles pleuvent. Après des heures d'attente, ils ont décidé de mon triste sort. Je serai quasi vendue au plus offrant, au plus influent... Père n'a toujours pas lâcher ses histoires de mariage arrangé...Il espère vraiment qu'il va regagner de la sympathie ainsi et surtout l'aide du duché de Kyu. 
Je suis désemparée mais ai accepté de répondre de mes actes. Grâce à toi je suis devenue plus forte et je compte bien rester la tête haute, autant que je le pourrais. Je suis, en revanche, remplie de chagrin que nous ne pouvons plus nous voir pour le moment (je suis gardée jour et nuit) et même dans le futur je le crains. Transmets mes amitiés à Opal et Bolin et à toi je souhaite le plus de bonheur possible et un franc succès avec tes inventions.
Ta chère amie, Korra."

Asami se retint de ne pas lire à voix haute, ni de pleurer, la phrase griffonnée à la va vite en bas de la lettre. "PS : tu me manques." Il fallut que Bolin la rattrape pour l'empêcher de tomber à genoux. Opal couru pour la prendre dans ses bras et lui caresser la tête.

- Ça va aller, ça va aller, la rassura-t-elle.

Mais Asami était inconsolable. Elle finit par pleurer à chaudes larmes sur l'épaule d'Opal pendant que Bolin lui massait le dos. Vingt minutes passèrent ainsi où Asami vidait sa tristesse, ne voyant plus le bout du tunnel, entourée d'autant d'amour que ses amis pouvaient lui donner. Quand ses yeux, rougis et bouffis, furent asséchés, elle se détacha d'Opal  et un silence continua de régner. Se fut Bolin, impatient, qui l'interrompit :

- Et maintenant, que dois faire la team Avatar ? Allons-nous laisser tomber le combat ?

Opal le fusilla du regard, comme d'habitude il n'avait pas beaucoup de tact. Il joignit les mains en guise de pardon.

- Bolin a raison, s'exprima d'une toute petite voix cassée, Asami. On ne doit pas abandonner. Plus vite on aura mis Amon hors d'état de nuire, plus vite on ramènera le calme et Korra..  sa voix s'étrangla.

- Du calme, suggèra Opal. Amon est quasiment hors d'atteinte au duché de Kaen et nous ne sommes que trois. Pour le moment, ne serait-ce pas d'aider Korra notre priorité ?

Asami releva quelque peu le menton. Aider... Korra... les mots s'enchaînèrent dans sa tête mais paraissaient incompatibles.

- Et je peux savoir comment tu comptes l'aider ? tenta de la raisonner Asami car son plan lui avait l'air moins suicidaire que le sien. Je te rappelle que Korra est sous-garde rapprochée ainsi que l'ensemble du palais et même les alentours. Bolin a récupéré la lettre uniquement grâce à la reine mais jamais on ne rentrera.

- Qui a dit qu'on allait rentrer par effraction ? Opal prit une voix grave et sérieuse en levant l'index. Non mademoiselle, nous allons nous faire inviter.

Sous leurs regards incrédules, elle déplia un journal qui traînait encore sur le bureau d'Asami et continua :

- Tu n'avais pas vu qu'il y avait une annonce. "Le palais vous invite, gentilshommes, à vous présenter au palais devant le roi et la reine pour les plaire et gagner la main de leur fille".

- Il n'y a donc que Bolin qui pourra se présenter, soupira Asami devant une telle évidence.

- Oh pour ça, laisses-moi faire.

Asami la fixa, de nouveau incrédule. Qu'importe ce qu'avait Opal en tête, elle pressentit que sa meilleure amie allait encore la mettre dans un pétrin pas possible.

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