30. C'est comme ça

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Julien. Par terre. Plein de sang. Défiguré. Laissé pour mort.
Je n'avais plus de souffle, je perdais ma respiration petit à petit, je ne savais plus comment respirer, voir un corps mort devant la porte de notre nouvelle maison. De mon ex. Les larmes ont monté avant même que je ne dise quelque chose.
Mathieu :
Tu pleures ?
Coline :
Ne me fais pas une scène. J'ai pas l'habitude de voir un homme mort à mon palier.
Mathieu :
Ma colère a pris le dessus.
Coline :
Ta colère prend le dessus comme toujours, je te connais t'avais pas besoin de le préciser.
Mathieu :
Je suis con je te mets dans la merde pour rien là
Coline :
Ta colère t'avais pas prévenu à ça hein

Il répond pas. J'avais peur, j'étais sûr qu'avec cette phrase il allait commencé à s'emporter. Sa colère avait pris le dessus sur pleins de choses depuis notre relation, il s'est énervé sur moi tellement de fois. Mais cette fois non, il est calme envers moi. Le Mathieu d'avant aurait fais une scène parce que je pleure face au cadavre de mon ex. Ça reste une situation grave je peux pas le pardonner.

Mathieu :
Va chez quelqu'un, va chez Melyssa.
Coline :
Et toi? Je te laisse là??

Soudain, je sens des remontés très acides, je devais me précipiter aux toilettes.
Mathieu :
Regarde, tu vomis t'es complètement choquée Coline
Coline :
Oui oui, t'as raison, mon corps réagi mal à ce que je vois là je pense
Mathieu :
Laisse moi faire, j'appelle Flo
Coline :
Appelle moi quand t'as fini, je veux rien savoir d'accord ?
Mathieu :
Je te promets que tout est fini, tout ira mieux pour toi tu vivras tranquillement, sans avoir peur, tu seras sereine et bien plus heureuse après ça. Tu me remercieras. Sûrement pas de suite mais tu le feras.
Coline :
À tout à l'heure

Je prend la voiture et décide d'aller chez Mel. J'étais sûr qu'elle était à son appart et j'avais bien raison.
J'entre et elle lisait sur mon visage que j'apportais pas de bonnes nouvelles. J'ai forcément tout raconté.
Mel :
Sérieusement Coline votre relation est trop spéciale pour moi sérieux.
Coline :
J'en peux plus, depuis que j'ai vu ça j'ai des nausées pas possibles, j'ai même vomis.
Mel :
Ah ouais tu dois vraiment être choquée alors parce que c'est pas ton genre de vomir au premier truc venu
Coline :
Ouais c'est ce que je me suis dis aussi mais bon on sait jamais comment mon corps va réagir, j'ai jamais vu quelqu'un en sang comme ca dans ma vie un jour

Je ne parle plus, et Mel pose sa tasse et me regarde droit dans les yeux.
Mel :
T'as pas pensé à UN BÉBÉ ?

On éclate de rire. Cette vanne est un peu trop récurrente mais nous fera toujours autant rire.
Coline :
Je suis pas sûr que la venue d'un bébé serait la bonne idée là
Mel :
Tu m'étonnes

Je bois une gorgée de mon café, et commence à avoir les mêmes remontées que tout à l'heure. Je me précipite aux toilettes. Mel me rejoint.
Mel :
C'est pas possible
Coline :
Le goût du café avait un goût différent c'est bizarre
Mel :
On a peut être rigolé trop vite pour le sujet du bébé
Coline :
Arrête
Mel :
Je rigole pas on devrait étudier le truc, vous vous protégez ?
Coline :
Non
Mel :
QUOI ??!
Coline :
Mais j'ai la pilule
Mel :
Ouais mais nan c'est chaud là c'est pas 100% fiable, j'ai un test de grossesse quelque part ici, ma famille m'avait fais la vanne de m'en acheter un mais forcément il me sert pas, essaye le je déconne pas

Je savais que j'avais pas le choix, elle allait pas me laisser m'en sortir comme ça. Je m'isole aux toilettes et commence à faire le test. On attend toutes les deux les résultats, moi en panique.
Mel :
T'es enceinte
Coline :
Vraiment ?
Mel :
Regarde, t'es enceinte
Coline :
C'est pas le moment du tout..
Mel :
Je sais bien
Coline :
Je le garderai pas pour moi, quand Mathieu rentre je lui en parle tout de suite je resterai pas comme ça
Mel :
Ça apaisera les tensions entre vous deux
Coline :
On voulait pas d'enfants maintenant mais oui je pense que tu as raison, ça va changer

Je passe l'après midi et même la soirée chez Mel. Alex et Maë nous ont rejoins et j'ai raconté ce qu'il s'était passé. Elles étaient tellement surprises. On a donc passé une très bonne soirée, si bien que j'avais oublié Mathieu. Je regarde mon téléphone et voit qu'il ne m'a toujours pas appelé. Je décide de l'appeler : aucune réponse je tombe sur son répondeur directement. Je commence à avoir peur.
Je me précipite à la maison pour voir si il était rentré, il a sûrement oublié de m'appeler et sort, tout ce carnage à du le fatiguer.
Je rentre, je l'appelle, aucune réponse. Je vérifie toutes les pièces de la maison : personne. J'avais de quoi avoir peur non? Je revérifie au moins trois fois, avant de remarquer un carnet bleu sur le lit. Je l'ouvre, et voit 3 pages. 3 pages dont je reconnais l'écriture. Celle de Mathieu. Je m'assoie sur le lit et commence à lire.
« Qui aurait cru, qu'on allait finir ensemble ? Je ne t'ai jamais fais de grande déclaration, j'ai jamais trouvé le bon moment, pourquoi ? Je ne sais pas. Du moins je sais que j'arrive pas à parler de ce que je ressens, j'ai pas appris ça. Tu le sais. Tu ne m'en as jamais voulu de pas t'en parler, tu comprends l'amour que j'ai pour toi. Il fallait qu'un meurtre m'aide à te dire que je t'aime ? C'est dingue je sais et sûrement horrible comme situation. Je t'écris ça après avoir caché le corps quelque part. Je te donne aucune autre info, tu sais bien que j'en avais pas l'intention de toute façon. Je suis content, content d'être avec toi, de m'être lancé dans le rap, que tu te sois lancé un soir en une petite vidéo. Regarde où ça nous a mené : un amour parfait. J'ai jamais aimé comme ça, je me demande même si j'ai déjà aimé une meuf tellement je ressens de choses pour toi. On peut dire ce qu'on veut mais tu es vraiment parfaite, sérieux tu méritais un mec posé, je t'ai fais la misère parfois. T'as toujours été de mon côté que ce soit dans le rap ou ma vie perso. Tu peux pas savoir comment je suis ravi de te voir lancé dans ce milieu qui te plaît tant.
Notre relation est belle elle me plaît, mais faut voir la vérité en face : je suis un fardeau pour toi. Je le vois, je te fais du mal, tu le sais bien mais tu me le pardonnes tout le temps tu penses que je suis comme ça et que tu dois l'accepter. C'est complètement faux, t'as pas à vivre un enfer de ma faute, certes tu m'aimes mais je peux pas continuer à gâcher ta vie comme je le fais. Je t'aime comme un ouf mais je suis pas stable, je suis pas assez adulte pour être en couple. Je t'aime tellement, que je te veux te laisser faire ta vie, toi, seule, réussir tout, t'as pas besoin de moi. Au lieu d'être égoïste, je te laisse parce que ça te fera le plus grand bien. Ne pleure pas, n'abandonne pas tout uniquement parce que je suis plus là, ne tentes pas de me retrouver ou même de me contacter s'il te plaît, dans tout les cas j'ai cassé ma puce, j'aurai plus de nouvelles de toi. Me déteste pas, je le fais pour toi, je t'aime.

J'ai lâché le carnet par terre. Il me laisse là. Seule. Ou du moins, avec son enfant. Il ne saura donc jamais qu'il est père. Il peut pas me laisser ici sans lui? Je n'ai plus aucune raison de vivre sans lui, le problème est là : je peux plus rien faire, il était indispensable j'avais trouvé ma moitié.
Vais-je devoir repartir d'ici pour tout recommencer ?

Partir d'ici pour tout recommencer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant