BOXING HEART

Chapitre 20 Eli

Je n'aime pas du tout les boîtes, alors pour faire plaisir à tout le monde, je fais l'effort. Mais quand je vois Lara arriver, je regrette immédiatement d'avoir accepté. Je me fige tout comme les autres. Sa longue robe bleu métallique épouse ses formes à faire bander un moine, ses talons la grandissent, mais pas au point de me dépasser, ses cheveux sont relevés en une espèce de chignon décoiffé dans lequel j'ai déjà envie de plonger ma main. On dirait une déesse. Merde. Je me demande comment je vais réussir à gérer tous les enculés qui vont l'approcher ce soir, à commencer par celui qui est parmi nous.

— Woaw la boxeuse, tu t'es transformée en vraie gonzesse ! Ça te va bien.

Lara sourit, ses joues rosissent, mais elle remercie Max. Puis, elle se tourne vers moi comme si elle attendait que j'approuve. Si elle savait... je n'ai même pas besoin de parler. D'un regard, elle comprend qu'il ne vaut mieux pas qu'elle me tente ce soir. Je suis patient et respectueux, mais il y a des limites. Je reste un homme, putain. Elle se pince les lèvres et des images viennent à moi. Des images pas cathos. Je ferme rapidement les yeux pour ne pas me laisser envahir par mes pulsions. Je sens que cette soirée va être compliquée. Surtout quand je vois Laetitia arriver juste après Lara. Tout le monde m'observe à la dérobée pour voir ma réaction. Laetitia aussi est ravissante. Mais pas aussi belle que Lara. Je soupire intérieurement quand je vois mon ex se diriger dans ma direction. J'ai essayé par tous les moyens de l'éviter le plus possible mais il semblerait que Dieu m'envoie me faire foutre ce soir.

— Il va peut-être être temps qu'on parle, tu ne crois pas ?

Du coin de l'œil, je vois Lara fixer le sol. Je passe la main sur mon visage.

— Laetitia... S'il te plaît...

— Je sais que ça n'a pas été facile entre nous... S'il te plait, bébé...

— J'hallucine... Je marmonne exaspéré. Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? On ne reviendra jamais ensemble. C'est fini ! Je m'emporte d'un ton sec. Et tu veux savoir pourquoi ? Pas parce que tu m'as trompé : parce que je me rends compte que je ne t'aimais pas. Tout simplement. Maintenant laisse-moi passer, j'aimerais faire comme si tout allait bien et que je n'étais pas encore en train de me casser le cul à essayer de te recaler.

Je passe devant elle et me retiens d'aller vers Lara et de l'embrasser. Je passe aussi devant Mike.

— Raisonne-la parce que je te jure que la prochaine fois, c'est moi qui vais m'en charger et elle ne va pas aimer. Ça suffit maintenant les conneries.

Il va la voir tandis qu'elle essaie de rester sur ses deux jambes. Les autres sont déjà dans les voitures. Personne ne parle de ce qui vient de se passer. Je ne sais pas qui nous a entendu, mais ce que je vois, c'est Lara aussi belle qu'elle semble satisfaite. J'aimerais voir son l'expression de son visage après qu'elle ait joui. Je serre les mains autour du volant et me concentre sur la route.

On arrive dans la boîte. L'enseigne néon violet est à moitié cassé, témoignant du piteux état de cet endroit. J'avais oublié cette ambiance. On commande à boire et je prends un whisky sans glaçon. J'ai besoin de me sortir cette scène de la tête. Je fixe Max qui n'arrête pas de mater Lara. Ça me monte à la tête.

— Un autre.

Le serveur acquiese sans un mot et me resserre.

— Salut.

Une blonde vient s'asseoir à côté de moi.

— Je t'offre un verre ?

Je fais un signe de menton au verre qui apparait devant moi et lui répond.

— C'est pas au mec de faire ça normalement ?

— Les temps change. Surtout quand on voit quelqu'un comme toi. Je fronce les sourcils.

— Quelqu'un comme moi ?

Elle passe son doigt le long de mon bras, mais je l'arrête.

— Je suis flatté, mais pas intéressé, désolé.

Elle me lance un regard ahuri. Elle ne doit pas être habituée aux refus, surtout aussi rapidement. Je jette un rapide coup d'œil à Lara en priant pour qu'elle n'assiste pas à ça, mais elle rit avec blanche neige.

— Ah.

La blonde suit mon regard.

— Elle a de la chance. Je ricane. J'en doute en toute honnêteté. La blonde sourit comme rassurée et retourne avec ses copines.

Les heures passent lentement. 54. Je bois une autre gorgée de mon verre. C'est le nombre de regards que j'ai compté venant de chiens qui ont dévoré des yeux les courbes de Lara. Blanche neige est sur la piste, mais mon dragon prend soin de rester en retrait et de la regarder plutôt que de se joindre à elle. Je fais exactement pareil. Plus je l'observe et plus j'ai du mal à maîtriser mon corps. Je ne sais pas ce que je rêve de toucher et de sentir en premier ?Les petits creux en bas de son dos ? La douceur de sa nuque ? La courbe sous ses seins ? La rondeur de son cul parfait ? La blonde me jette un dernier coup d'œil avec deux autres de ses amies, mais je n'y prête pas attention.

— Gros, t'as une touche et tu bouges pas ton cul ? Je bois mon verre, relativement ronchon. C'est quoi, le 4eme ? J'ai perdu le compte.

— Rien à foutre. Je réponds blasé à Chris.

— C'est vrai je suis con, après tout c'est vrai, c'est pas comme si la meuf que tu voulais n'était pas là, en train d'attendre que t'ailles la voir. Ha, tiens, je crois qu'elle a une touche d'ailleurs elle aussi.

Chris me tapote sur l'épaule, un air malicieux, et finit son verre. Je me tourne vers Lara et ma nuque se crispe. Un mec plutôt baraqué l'invite à danser. Elle cherche quelque chose du regard mais finit par hocher la tête, sans enthousiasme apparent. Je tapote nerveusement le bar. Ce n'est pas son genre. Et qu'est-ce que t'en sais connard ? Tu crois la connaitre à 100 pour cent peut être ? Je passe ma main sur mon visage et agrippe mes cheveux pour tenter de me calmer. Je me tourne et me force à regarder Lara danser avec ce trou du cul. Sauf que "danser" n'est pas le terme le plus approprié. Ma main se se serre autour de mon verre quand je le vois lui attraper les mains et se déhanche contre elle. Je bois mon verre cul sec sans le quitter des yeux et en redemande un, les dents serrées. Le serveur grimace mais me resserre quand je le fusille du regard. Puis au bout de quelques secondes, Lara tente de s'éloigner mais le gars la retient et la ramène contre son torse. Quelque chose en moi se rompt.

— Mec attend... Fais pas de conner...

Je me lève et en quelques secondes, je traverse la boite ou les corps se déhanchent et j'arrive à leur niveau. Je ne réfléchis pas et le dégage violemment de son emprise sur Lara.

— Elle a dit non.

— T'es qui ? Allez, casse-toi. Je baisse la tête, ricane dans ma barbe et sans lui laisser l'occasion de s'excuser, mon poing s'écrase contre son visage avec une telle violence que je sens son nez craquer. Je n'ai jamais frappé avec autant de rage. Le sang gicle mais ça ne suffit pas. Il hurle de douleur et s'effondre comme une merde, tandis que les gens s'écartent. Ma respiration devient chaotique et une rage bestiale m'envahis de la tête au pied. S'il l'avait touché plus que ça, je...

— Toi t'es mort.

À cet instant, ce ne sont pas des paroles en l'air. Je suis déjà sur le point de le fracasser contre le sol cimenté, mais je vois Lara me fixer, choquée de ce que je viens de faire ou de dire, ou peut être les deux. Mais ça me rappelle à l'ordre. Un éclair de lucidité me traverse et m'empêche d'aller plus loin tandis que le connard à terre ne se relève pas et gémis. Il faut que je sorte d'ici. Tout de suite. Je fixe cette sombre merde une dernière fois puis me dirige vers la sortie sous le regard choqués de la boite.